La panne est l’angoisse numéro un du conducteur de voiture électrique. Que faire dans ce cas ? Solliciter tous ceux qui peuvent avoir une prise de courant : les commerçants, les commissariats, les mairies etc. Nous nous sommes amusés à ce petit jeu dans Paris. Histoire de tester la volonté de la population à soutenir un automobiliste écolo privé de sa monture faute d’énergie.
Des commerçants presque toujours sympathiques
La "panne" est l’angoisse numéro un du conducteur de voiture électrique débutant. Cette angoisse est d’autant plus forte que, contrairement à un vélo ou à un scooter, on ne peut espérer pousser soi-même la voiture pour rentrer chez soi ou se recharger tranquillement. C’est que la "bête" est lourde (une tonne pour notre Peugeot 106 de test, ça pèse !). Le pire c’est que l’autonomie d’une voiture électrique permet d’aller à Roissy ou à Orly… mais qu’une fois sur place, aucune borne de recharge n’est disponible.
Pas de bornes à Orly !
Bref, aller à l’aéroport signifie prendre un aller simple ! Quel dommage que les Aéroports de Paris n’aient pas pensé à équiper leurs sites de bornes de recharge normale et rapide pour dépanner les automobilistes "électrifiés". Pour notre part, courageux mais pas téméraires, nous avons testé l’hospitalité des commerçants pour voir s’ils acceptaient d’aider un automobiliste à court de courant dans sa voiture électrique.
Premier commerçant : c’est non !
Notre premier candidat est un marchand de primeurs de la rue Lepic. "Bonjour, je suis en panne de courant pour ma voiture électrique. Puis-je me brancher chez vous le temps de faire mes courses ?" Le jeune vendeur commence par nous lancer un regard mauvais avant de nous dire : "Non, je n’ai pas de prise. Et puis je ne vois pas pourquoi je le ferais pour vous." Cela a au moins le mérite d’être clair.
Une cliente : "C’est malin. Ils vendent des autos électriques sans mettre de bornes de recharge."
Désespérés, nous libérons au frein à main la voiture pour nous rapprocher d’une confiserie. La dame, d’un certain âge, écoute notre doléance. Une cliente amusée dit aussitôt : "C’est malin. Ils vendent des autos électriques sans mettre de bornes de recharge."
En effet, dans le XVIIIème arrondissement, une seule station "officielle" est déclarée près du square de Clignancourt…
Une boulangère est OK
Notre commerçante propose donc de déplacer sa machine à barbes à papa pour que nous puissions nous brancher. Première victoire ! Victoire des chocolats contre les fruits et légumes : un à zéro !
Nous poursuivons en tentant de nous brancher auprès d’un petit magasin général également situé rue Lepic. Notre homme est franchement surpris par notre demande et finit par nous dire que : "Non, ce n’est pas possible". Zut, le "score" baisse. Nous changeons de rue, toujours dans le même secteur.
Branché le poissonnier
Nous nous trouvons face à un poissonnier, mais la vendeuse nous a bien vus arriver par nos propre moyens. Inutile d’insister.
Par contre, nous sollicitons le charcutier situé juste à côté. Là encore, grande surprise du commerçant. Devant son incrédulité, il faut lui montrer les câbles et la voiture située juste à côté pour qu’il comprenne que ce n’est pas une blague. Il finit par sortir de son magasin, nous présente une prise près de son meuble réfrigéré et accepte d’assez bonne grâce de brancher notre auto. Bingo !
Du courant chez le cafetier
Cinquante mètres plus loin, nous stationnons devant un café. Nous entrons pour trouver une serveuse qui appelle sa patronne. Nous lui expliquons notre problème : "Pourrions-nous nous brancher sur une prise chez vous, nous sommes en panne avec notre voiture électrique. Juste le temps de prendre un café chez vous… "Elle acquiesce et nous envoie sa serveuse pour brancher notre véhicule. Finalement, grâce à cette gérante nos a priori sur les cafetiers sont balayés ! Victoire !
A Montmartre, ça ne marche pas
Grisés par ces succès, nous nous arrêtons encore quelques mètres plus loin, près de la place des Abbesses : un haut lieu du tourisme. Nous trouvons un magasin de bibelots et accessoires fantaisie. Nous entrons dans l’établissement et expliquons notre problème à la commerçante.
" - Ben, ça va me coûter du courant .
- Je peux vous dédommager, je suis en panne !
- Ben oui, mais non… Enfin, comment je vais savoir combien vous aller consommer sur le courant du magasin ?
- En regardant le compteur."
Finalement, se sentant "coincée" elle décide : "Non, et puis je n’ai pas l’accord de la patronne."
Enfin les choses sont claires… Pourquoi diable les gens doivent-ils trouver de faux prétextes à chaque fois ? Hein, on se le demande !
Juste à côté, un restaurant. Ça tombe bien, c’est l’heure de déjeuner.
"Bonjour, on peut se recharger le temps d’être servis pour le déjeuner ?"
Là, le patron n’en croit pas ses oreilles.
"Heu… vous rechargez pour un téléphone portable ?"
"Non, pour une voiture électrique, je suis à court de batteries."
Rebelote, nous voilà partis pour dix minutes de palabres, jusqu’à ce que la serveuse glisse aux oreilles de son patron : "D’ici à ce que ça te consomme en électricité ce que tu fais en marge…" L’argument qui tue… et qui provoque une réponse un peu gênée : "C’est non".
Dans les secteurs touristiques, il ne fait pas bon solliciter les commerçants pour un service à titre gratuit !
Un dernier essai, boulevard de Rochechouart, dans le secteur de la place Pigalle, va nous convaincre que l’on ne peut pas tirer de généralités à propos des commerçants. Nous nous arrêtons donc devant… un sex-shop !
On se branche dans un sex-shop
Vu les rideaux et les affiches de la devanture, le gérant ne peut pas nous voir arriver. Nous entrons résolument dans l’établissement. Un jeune caissier nous accueille. Nous lui expliquons le problème :
"Je suis en panne avec une voiture électrique, est-ce que je peux me brancher chez vous ?"
"Je suis à vous dans une minute", répond-il. Devant la voiture, il s’inquiète : "Heu dites, ça suce combien votre truc ?".
Certains trouveront la formule amusante... Mais le vendeur accède à notre demande sans problème. Merci bien !
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