Vis ma vie de spotter - dans le regard d'Eddy - par Michel Holtz
Eddy Clio, ça fait plus de 20 ans que vous le connaissez. Aujourd’hui réalisateur vidéo, vous souvenez-vous qu’il a animé la rubrique "La photo du jour ", il y a près de deux décennies ? Caradisiac revient cet été sur cet incroyable et exceptionnel album qu’ont feuilleté nos journalistes avec la mission de choisir lls images qui les a le plus touchés. Michel Holtz, qui n'a pas pu choisir, revient avec lui sur quelques moments forts de sa vie de spotter.

Ce sont de drôles de types que l’on croise parfois, le soir, devant un palace parisien, un appareil photo à la main. Ce ne sont pas des paparazzis traqueurs de stars, mais des cars spotters, des traqueurs d’autos exceptionnelles.
Ces drôles de types, Eddy Clio les connaît bien. Il est des leurs, ou plutôt, il l’était, jusqu’au jour ou cette passion d’amateur s’est transformée en ce métier qu’il exerce depuis des années à Caradisiac, d’abord en tant que photographe, mais aussi, aujourd’hui, en qualité de vidéaste.
Palaces parisiens et supercars
S’il est difficile de sélectionner une image parmi les milliers qu’il a réalisé et qui ont été publiées, il y en a quelques-unes, néanmoins, qui ont une histoire particulière et qui, justement, replongent Eddy dans ses années de spotting. Comme cette Mc Laren F1, ou encore cette Porsche Carrera GT.

Mais comment le spotter dénichait-il ces merveilles ? En rôdant, parfois, du côté du Ritz, du Georges V ou du Plaza-Athénée, l’un de ces grands palaces parisiens ou descendent les propriétaires de ces supercars. Mais aussi grâce au réseau qu’il a tissé avec ses collègues spotters.
C’est ainsi qu’il a été alerté par l’un d’entre eux qui découvre plusieurs Mac Laren F1 du côté de la place Vendôme, un samedi après-midi. « J’étais tranquillement en train de pousser mon chariot au supermarché. Du coup, j’ai fini mes courses vite fait et j’ai sauté dans ma voiture». Le temps d’arriver, il ne restait plus qu’une F1. C’était celle de Gordon Murray, le créateur de l'auto, qu'Eddy a croisé une fois les images en boîte.
De palace en palace et d’un concierge de grand hôtel à l’autre, « qui étaient souvent nos copains, et dont certains nous appelaient même, lorsqu’une belle auto se garait devant chez eux », Eddy photographie un jour une Porsche Carrera Gt. Le conducteur, qui l’observe, demande à voir ses images. « Il me dit simplement, it’s nice ».
Sauf que l’histoire ne s’arrête pas à un gros pourboire. Sept ans plus tard, Eddy reçoit un mystérieux coup de téléphone, digne d’un roman d’espionnage. Au bout du fil, la personne lui demande simplement s’il a envie de photographier la plus belle voiture du monde. Impossible de répondre « non ». « Très bien, nous vous recontacterons dans quelque temps ». Qui est l’interlocuteur anonyme ? Mystère.

Les semaines se passent, sans aucune nouvelle de l’énigmatique téléphoniste. Jusqu’au second coup de fil ou tout s’éclaire. L’homme le rappelle et lui explique tout. Il est le bras droit du propriétaire de la Carrera GT « qui n’a sorti la Porsche que deux fois de son garage et qui a fini sa vie sur une flaque d’huile fatale », se souvient le roi du spotting.
Son patron a eu un nouveau coup de cœur et va prendre livraison de l’une des premières Bugatti Chiron, dans le fief de la marque, à Molsheim. Surtout, il souhaite que ce soit Eddy en personne qui assiste au rendez-vous et photographie la voiture au château St Jean, siège de la marque. Un billet de TGV lui sera adressé.
Dans le bureau du patron
La proposition ne se refuse pas, et voilà Eddy à Molsheim, face à la Chiron. Les prises de vues s’enchaînent, mais le photographe cherche un angle particulier et souhaite faire une photo depuis l’intérieur du château. En montant l’escalier qui mène à l’entrée de la demeure, il tombe sur un type avec un gros accent allemand. C’est le PDG de la marque. « il m’a invité à m’installer dans son bureau en m’expliquant qu’il avait la meilleure vue de tout le château ».


De telles histoires, Eddy en a plein son sac de photographe, comme cette La Ferrari, traquée dans Paris et qu’il n’a jamais pu photographier, comme toutes ces autres autos, ces Pagani, Gemballa ou Lamborghini, débusquées dans les rues des quartiers chics ou dans des concours d’élégance, toutes appartenant à des happy few avec lesquels le photographe vidéaste a souvent tissé des liens. Car l’auto, version Eddy Clio est aussi, si ce n’est avant tout, une histoire de relations humaines.
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