4. Les débuts en 250cc, le titre en 86 et l'accident
Le Dakar terminé, j'ai pu me consacrer aux Grand-Prix qui étaient mon objectif principal avec le plus beau souvenir de ma carrière, je pense, avec cette victoire en première manche à St Jean d'Angély au premier Grand-Prix 250 en 84.
En seconde manche, le piston de ma moto a fondu, j'ai fait une chute, reparti, je finis onzième. Après l'arrivée, la moto n'a jamais voulu redémarrer.
Ensuite, il y a eu du bon et du moins bon avec une manche gagnée, une manche rien. Ca a été l'expérience et la découverte des Grand-Prix à haut niveau. C'était beaucoup du 50 % qui m'a un peu collé à la peau et je finis deuxième du championnat derrière Kinigadner.
L'année suivante en 85, c'est la première année où j'ai pu me préparer sans problème. Je suis allé faire ma préparation aux Etats-Unis. Je suis arrivé gonflé en début d'année.
J'avais fait un bon entraînement l'hiver peut-être un peu trop tôt. J'ai gagné le premier Grand-Prix aux Pays-bas.
Mais arrivé au mois de juillet, j'ai commencé à sentir les pilotes me rattraper et je sais que là j'ai eu beaucoup plus de difficultés, comme contrer les assauts de Kinigadner, je me sentais impuissant, j'avais l'impression de rouler aussi vite mais les autres s'étaient beaucoup rapprochés et j'avais beaucoup de difficultés à les contenir.
Je sentais une baisse et mentalement je supportais mal de voir les autres me rattraper et mon capital point diminuer.
Avant la finale, j'ai décidé de m'isoler pour m'entraîner un peu plus, j'ai fait un entraînement à la « Rocky » et je suis arrivé à la finale très encadré, avec des personnes que je n'avais pas vu de l'année, j'avais un osthéo, la télévision, les médias qui étaient là, j'avais un entourage autour de moi que je n'avais pas l'habitude d'avoir.
Je me sentais fort quand je suis arrivé à cette finale, après les premiers essais, j'ai commencé à subir un peu, je n'avais pas les temps que je pouvais avoir auparavant, c'est à dire de très bons temps chronos.
Ca commençait à me mettre le doute et les courses se sont enchaînées.
Un premier départ un peu moins bien que d'habitude, l'intérieur qui pousse l'extérieur, et je me retrouve dans le public sans chuter mais attardé et je suis bloqué, donc je rate mon départ et je me vois remonter avec dans la tête « mais merde, je suis entrain de tout perdre » et je me retrouve derrière des pilotes comme Kervella qui était toujours mon second et qui avait là l'occasion de me tenir tête.
Il y avait des pilotes que je passais d'habitude facilement et là j'avais des difficultés.
Je me suis retrouvé au départ de la deuxième manche avec un point d'écart avec Kinigadner. J'ai encore raté mon départ, tout m'est passé par la tête et je me suis dit « maintenant tu te jettes, tu peux pas rester là », et j'ai remonté pour échouer dans la roue de Kinigadner, pour deux points.
Grosse, grosse déception, déception pour le public qui était venu en grand nombre, il y avait beaucoup de Français. Ca a été un moment très difficile parce que j'étais lâché des miens, je me suis retrouvé très seul, on était tous très déçu. Je suis resté fair-play, je suis allé à la réception de mon adversaire, c'était moi qui avais perdu, il ne faut pas être mauvais perdant. Le père de Kinigadner qui était pâtissier avait fait un gâteau avec mon nom dessus parce que pour eux le titre mondial ne pouvait pas m'échapper.
Là, je me suis dit « plus jamais ça » et là tout s'est dessiné très vite dans ma tête, au moment où tout le monde me croyait fini et perdu, au retour de ce Grand-Prix d'Allemagne, j'ai tout de suite organisé ma saison 86, avec toutes les analyses de cette saison, le pourquoi des choses, qu'est-ce qui n'avait pas été, qu'est-ce qu'il fallait changer pour l'année d'après.
Je crois que pour certains, il aurait fallu quelques jours pour analyser, pour moi, il m'a suffit d'une nuit pour comprendre tout ce qui n'avait pas été.
Une fois rentré j'ai dû voir la presse, je ne sais plus laquelle où j'étais dans tous mes états, la déception, mais deux jours après j'avais rendez-vous avec Jean-Claude Olivier où je lui ai dit pour l'année
prochaine je veux ça comme-ci et comme-ça, JCO a dit oui à tout, et l'année d'après j'étais titré deux Grand-Prix avant la fin, début juillet.
Voilà ma carrière parce que elle se situe en deux volets, cette première partie qui a été toute la construction et la finalisation et puis ensuite l'accident qui aurait pu être fatal mais qui n'était pas mon jour, il y avait déjà eu la péritonite et l'embolie pulmonaire où on m'a sauvé de justesse à l'hôpital de Bayeux.
[Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire de l'accident de Jacky, pour fêter le titre devant 300 invités au Paradis Latin, Jacky devait être descendu sur sa moto suspendu à deux câbles de 9 mètres de hauteur. Le câble avant n'était pas attaché et Jacky a basculé par dessus le guidon.
Au Paradis Latin, le bilan était lourd, trauma crânien, fracture de la colonne vertébrale, fracture L1, L2, rupture des ligaments jaunes, le bassin, un genou, les côtes, apophyse et pilier centrale de l'omoplate.]
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