P34, en cette année 1975, cette dénomination intrigue. L'écurie Tyrrell avait pris l'habitude d'appeler ces Formules 1 plus simplement. Tyrrell 001, 002, 003... on en est à la 007. Lors de la présentation de la nouvelle monoplace tout s'éclaire. Il s'agit du 34ème projet de l'ingénieur Gardner. Mais celui-ci va faire date,sa dernière création aligne en effet six roues.
Les journalistes se frottent les yeux. la Tyrrell P34 ne risque pas de passer inaperçue. A l'avant, toutes les Formule 1 disposent normalement de deux roues de dimensions respectables. La nouvelle Tyrrell, en possède quatre petites. La surprise passée, certains se demandent si le grand Ken, ne serait pas atteint de sénilité précoce (il a 52 ans). Lancer une telle voiture dans le grand bain de la compétition, c'est prendre un risque important.
Pourtant, la P34, n'est pas qu'une vitrine publicitaire. Elle a été conçue pour vaincre. Son concepteur, Derek Gardner n'est pas un débutant. Il est le maître d'oeuvre de toutes les Tyrrell de Formule 1 depuis 1970. Grâce à ses qualités de concepteur, la marque Tyrrell peut s'enorgueillir d'un titre de champion du monde des constructeurs en 1971 et de deux titres mondiaux avec Jackie Stewart.
Quatre roues dans la tête
Ce projet de voiture à six roues, Derek Gardner y songe depuis 1969. Pour lui, le choix des quatre roues directrices n'est pas une lubie. En 1976, la majorité des constructeurs (sauf Ferrari et Ligier-Matra), utilisent le moteur Cosworth et disposent de la même puissance. Alors, pour augmenter les performances de la monoplace, les techniciens priviligient l'aérodynamique et la vitesse en virage. Pour diminuer la trainée, ils construisent des monoplaces les plus fines possible, mais la présence des roues est pénalisante. Elles augmentent la surface frontale et agissent comme un frein dans la pénétration dans l'air de la monoplace.
Moins hautes et moins larges que des roues traditionnelles, les quatre roues de la P34 peuvent prendre place derrière un nez bouclier, qui autorise un meilleur coefficient de pénétration dans l'air.
En ce qui concerne la vitesse de passage en courbe, elle est conditionnée encore par la surface de contact des pneus avec le sol et par les appuis aérodynamiques. Les Wind-cars n'existent pas (Lotus 78 en 1977), et les monoplaces ne disposent que de quelques apendices pour maintenir la voiture sur la route (ailerons à l'avant et à l'arrière).
L'augmentation de la surface de contact des pneus avec le sol (20 % de plus), devrait permettre une meilleure accroche en virage au niveau du train avant.
Mais, ils sont nombreux les sceptiques qui pensent que le poids sur le train avant (suspensions et éléments de direction doublés) et la différence d'adhérence entre les voies avant et arrière, peuvent compromettre l'équilibre de la monoplace.
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