Peugeot 405 Mi16 (1987-1995) : la berline sportive du lion à acheter maintenant, dès 5 000 €
Légère et forte de 160 ch, la 405 Mi16 a beaucoup fait parler d’elle pour son dynamisme et son moteur, le premier 16 soupapes produit en série en France. Sa cote monte, alors il faut en profiter sans plus attendre !
Elle a l’air bien ringard aujourd’hui. Pourtant, la 405 est, selon moi, l’une des berlines les mieux dessinées qui soient. Son style extérieur est l’œuvre de Pininfarina, plus précisément ses designers Diego Ottina et Enrico Fumia, ce dernier ayant aussi dessiné l’Alfa Romeo GTV 916. Pour sa part, l’habitacle a été élaboré en interne, par Paul Bracq, qui a largement œuvré sur les Mercedes Pagode et BMW Série 5 E12 notamment. Apparemment, Gérard Welter, qui dirigeait alors le style Peugeot, n’aimait pas la 405, lui reprochant son manque de dynamisme. Et pourtant ! À sa sortie au printemps 1987, la sochalienne séduit totalement par sa ligne ultramoderne et classique, élégante et élancée, équilibrée et fonctionnelle. Car en plus de flatter la rétine, la 405 se révèle très aérodynamique (Cx de 0.29) et accueillante pour ses passagers, auxquels elle offre une belle habitabilité.
Elle remplace une 305 hors d’âge esthétiquement bien que toujours dans le coup dynamiquement. Mais sur ce dernier point, sa descendante met tout le monde d’accord. Nantie d’une tenue de route remarquable, elle sait aussi se montrer joueuse et parvient dans le même temps à prodiguer un estimable confort de suspension. Celle-ci recourt pourtant à des principes simples, jambes McPherson à l’avant et bras tirés à l’arrière, le tout sur des ressorts hélicoïdaux. On est loin de la BX, dotée d’un système hydropneumatique. Enfin… Pas tant que ça, puisque la coque de la Peugeot dérive de celle de la Citroën.
D’emblée, une version sportive est annoncée, mais, alors que le constructeur au lion s’est signalé en utilisant à tort et à travers l’appellation GTI, appliquée par exemple sur la 604, il ne la retient pas pour la 405. Comme il vient de mettre au point le premier bloc de série français à 16 soupapes (technologie qu’il a utilisée avant 1914 en course), il trouve une dénomination qui la met en valeur : Mi16. D’une cylindrée de 1 905 cm3, il développe la jolie puissance de 160 ch, et comme le poids se limite à 1,1 tonne, la voiture est très rapide : 220 km/h. Le prix s’établit à 142 000 F, soit 37 000 € actuels. Une Peugeot capable de défier une BMW 325i pour 20 000 F de moins ! Surtout que la direction assistée, l’ABS et les antibrouillards, de série sur la française, restent en option sur l’allemande. Mais, face au chrono, la R21 Turbo, sortie simultanément, vole tout de même la vedette à la 405 Mi16.
En série, celle-ci s’équipe d’un antibloqueur de frein dit ABR Teves, qui causera bien des soucis. Pas au point lors du lancement, il retarde la commercialisation des premiers exemplaires. De sorte que la BX GTI 16 Soupapes, commercialisée plus tard avec le même moteur, sera livrée avant ! D’ailleurs, d’une manière générale, la qualité n’est pas de référence pour la 405, peu contrôlée en usine, mal finie et révélant des jeux de carrosserie importants.
Malgré tout, les ventes connaissent un excellent départ, et la 405 s’engage dans une belle carrière. En 1989, la transmission intégrale s’invite dans la gamme sous l’appellation X4, la Mi16 en bénéficiant, en même temps que d’une nouvelle boîte de vitesses. En 1990, la 405 bénéficie d’une petite mise à niveau, la finition s’améliorant et des détails évoluant, comme le volant quand il ne dispose que de deux branches. Pour sa part, la Mi16 reçoit de nouvelles jantes de 15 pouces.
Mais c’est en 1992 que la familiale de Sochaux change profondément. La face arrière arbore de nouveaux feux ainsi que d’une découpe de coffre descendant plus bas, afin de faciliter le chargement. À l’intérieur, le tableau de bord est entièrement redessiné tandis que la finition effectue un grand bond en avant. Sous le capot, les moteurs sont largement remaniés, en prévision du passage au catalyseur prévu pour 1993. Ainsi, la Mi16 passe-t-elle d’un 1,9 l à 2,0 l mais la puissance chute à 155 ch, puis 153 ch en 1993. La super-sportive T16 compense en 1993, avec un turbo portant la cavalerie à 220 ch, mais c’est une autre histoire.
Cette année-là, la 405 gagne un antidémarrage codé puis se décline en série limitée Le Mans en 1994 (150 unités). Elle quitte la scène en 1995, remplacée par la 406.
Combien ça coûte ?
Progressivement, la 405 sort de l’ombre et sa cote grimpe. Une Mi16 160 ch convenable se déniche dès 6 000 €, un exemplaire impeccable réclamant plutôt 8 000 €. En phase 2, les prix semblent légèrement inférieurs, l’auto étant moins performante, elle est donc moins demandée, ce qui annule l’effet positif que peut avoir sa rareté.
Les Mi16x4 demandent aisément 2 000 € supplémentaires, tout comme la très rare Le Mans. Ne vous précipitez pas sur les autos affichant le kilométrage le plus bas, ce qui compte, c’est l’état.
Quelle version choisir ?
Les 160 ch, moins bien finies que les 155 ch mais plus rageuses, ont la préférence des passionnés. Les versions fabriquées à partir de 1990 sont plus attractives en raison de leur finition et de leur insonorisation améliorées. La X4 motrice mieux mais, plus lourde, perd en performances.
Les versions collector
Là, ce seront les plus rares : les Mi16 X4 et les Le Mans. Ensuite, toute Mi16 en parfait état sera aussi un collector, surtout à faible kilométrage. Si un exemplaire combine ces deux éléments, n’hésitez pas à le payer plus cher.
Que surveiller ?
On l’a dit, la qualité de fabrication n’est pas le point fort des premières 405. Ainsi, vérifiez bien l’état de l’habitacle, des accessoires électriques et de la sellerie. La connectique des feux arrière a posé beaucoup de soucis avant le restylage, engendrant un éclairage erratique. La peinture pouvait se ternir au bout de quelques années, le train arrière, maladie connue chez bien des productions PSA, a tendance à adopter un carrossage positif avec l’usure des roulements des bras. L’auto étant ancienne, on traquera également la corrosion.
Pour sa part, l’ABR a toujours été une source de problèmes, et nombre de propriétaires ont pris leur parti de ne pas le réparer.
C’est mieux côté moteur/boîte, l’ensemble passant aisément les 200 000 km sans avarie majeure.
Au volant
J’ai pu conduire la très belle Mi16 de David, membre du très actif club 405 dirigé par Amine Bonilla, que je tiens à remercier. Cet exemplaire de 1991 présente fort bien même s’il dépasse les 200 000 km, y compris à l’intérieur, où les plastiques ainsi que la sellerie ne font pas leur âge. L’excellente habitabilité étonne, surtout à l’arrière, alors qu’à l’avant, on apprécie la bonne position de conduite, facilitée par les réglages en hauteur du siège et du volant. Je ne suis pas fan du dessin du tableau de bord mais au moins se révèle-t-il pratique.
Le moteur sonne très agréablement, et contrairement à ce qu’on a lu dans les magazines de l’époque, il présente une jolie souplesse. Néanmoins, c’est à partir de 4 500 tr/mn qu’il se réveille vraiment, administrant alors une poussée fort plaisante, qui ne se termine qu’à 7 000 tr/mn. Il est parfaitement secondé dans ses efforts par une boîte à la commande rapide et l’étagement resserré comme il faut. En fait, il se comporte comme dans une BX 16 Soupapes, fort logiquement. Évidemment, les performances n’ont rien à voir avec celle d’une R21 Turbo, mais l’agrément de conduite est palpable, surtout que le châssis correspond à sa réputation.
Précis, agile et communicatif, il profite aussi d’une excellente motricité, rendant l’intérêt de la MiX4 à 4 roues motrices peu évident. La direction offre une jolie consistance qui permet de bien ressentir la voiture. Enfin, l’amortissement réalise un très heureux compromis entre confort et maintien de caisse. Je note aussi que cette 405 ne pâtit que de très peu de bruits de mobilier, Peugeot ayant su faire progresser la fabrication avant le restylage. Enfin, sur autoroute, la consommation ne dépasse pas 9 l/100 km. En somme, un youngtimer des plus réussis, combinant charme ancien, agrément et sécurité active. À condition de bien l’acheter.
L’alternative newtimer*
Peugeot 406 V6 (1995-2004)
Dessinée en interne par l’équipe de Gérard Welter et non plus par Pininfarina, la 406 succède avec brio à la 405. Remarquablement suspendue comme cette dernière, elle profite de trains roulants plus évolués ainsi que d’une qualité de fabrication et surtout de finition nettement supérieure. Un peu moins dynamique à cause de son poids plus élevé, la 406 bénéficie toutefois d’un puissant V6, l’ES9 de 194 ch. Si l’auto se veut surtout luxueuse et confortable, son excellent comportement routier et ses performances la rendent très efficace, même en conduite sportive.
Déclinée en break puis en coupé en 1996, elle bénéficie en 1999 d’un restylage touchant surtout à la face avant, plus agressive, cependant que le V6 passe à 210 ch. Recevant un circuit électrique multiplexé en 2001, apportant de nouvelles fonctions comme les essuie-glaces automatiques, la 406 V6 termine sa carrière en 2004. À partir de 3 000 € en bon état.
Peugeot 405 Mi16 (1987), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 905 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras tirés, barres de torsion (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 160 ch à 6 500 tr/mn
- Couple : 181 Nm à 5 000 tr/mn
- Poids : 1 110 kg
- Vitesse maxi : 220 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,6 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Peugeot 405, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques. Les BMW Z3 à 6 cylindres, Porsche Boxster 986 et autre Renault Clio V6 représentent bien cette nouvelle tendance.
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