Les voitures envoyées à la casse ont vingt ans, en moyenne
Selon une étude récente, la moyenne d'âge des VHU (véhicules hors d'usage) a atteint deux décennies l'an passé. Un âge plus que respectable qui témoignerait de la fiabilité de nos autos, ou plutôt, du manque de moyens de Français au moment de changer de monture.
Cela pourrait une bonne, ou une très mauvaise nouvelle, selon que l’on déguste le verre d’eau à moitié plein ou à moitié vide. Car l’étude menée par le cabinet AAA DATA, et relayée par nos confrères d’Auto Infos, peut nous rendre confiants ou désespérés. Car cette entreprise, spécialisée dans les études automobiles, s’est penchée pour la première fois sur une partie de l’industrie généralement laissée dans l’ombre : les VHU, ces Véhicules Hors d’Usage dont on sait peu de choses, sauf qu’ils finissent à la casse.
La grande majorité des voitures mises à la casse ont plus de 12 ans
Pendant un an, du 1er mai 2022 au 30 avril 2023, le cabinet s’en est allé sonder des milliers de casses françaises pour en tirer quelques statistiques fort éclairantes, non sur l’état économique de ces casseurs, mais sur la santé du secteur automobile en général, et du pouvoir d’achat des Français en particulier. Car selon AAAData, l’ultra grande majorité des autos mises au rebut a plus de 12 ans. Jusque-là, rien de très alarmant, mais c’est l’âge moyen des autos qui partent à la casse qui est à même de nous interpeller, car il s’établit à 20 ans.
En partant de ce constat, on peut se la jouer optimiste, et se dire que les constructeurs ont fait de sacrés progrès en termes de fiabilité au cours des trois dernières décennies. Ou alors, en versant dans le pessimisme, on peut se dire que les Français subissent tellement la baisse du pouvoir d’achat, et ce depuis des années, qu’ils traînent leur auto jusqu’au bout du bout de la vie de ces dernières.
Une seconde hypothèse qui n’aurait rien d’extravagante. L’âge moyen des autos en France s’est envolé, passant de 10 ans avant le covid à 11 ans en 2022. Les motifs du vieillissement sont simples : selon l’organisme Que Choisir, les prix des produits de consommation sont en hausse de 16 % depuis un an. En y ajoutant le prix des voitures neuves, passé en moyenne, de 19 800 à 26 800 euros entre 2010 et 2020, et continuant à s’envoler de plus de 20 % depuis, le constat d’AAAdata n’a rien d’étonnant.
La "havanisation" du parc automobile
Ce vieillissement du parc automobile a un nom : la "havanisation". Si le terme, exotique, se rapporte bien à la capitale de Cuba, il n’a pas grand-chose d’enchanteur. Il a été « inventé » par un eurodéputé conservateur allemand et membre du parti populaire européen qui l’a employé pour la première fois lors du vote de Bruxelles l’an passé, faisant basculer l’automobile dans l’ère électrique en 2035. Selon les termes de Jens Gieseke, c’est son nom, « après 2035, nos rues pourraient se remplir de voitures anciennes, parce que les voitures neuves ne sont pas disponibles ou pas abordables. » Une image qui nous renvoie aux clichés habituels des rues de La Havane et de ses vieilles américaines des années cinquante, rénovées pendant les décennies du blocus.
Mais cette « havanisation » évoquée par les anti voitures électriques de tout bord, pourrait bien être en train de se produire sans attendre l’instauration de la règle édictée par Bruxelles et qui n’entrera en vigueur que dans douze ans. Elle pourrait toucher les autos thermiques et hybrides aussi, à cause des prix qui s’envolent et du pouvoir d’achat qui dégringole.
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