2. Essai Yamaha FJR 1300 AE : une moto plurielle
Généralement, les essais de cette fin de saison se déroulent en Espagne afin d'y trouver de belles routes, mais surtout du beau temps. Et lorsque l'on choisit l'Andalousie, Malaga et les routes alentours, on ne prend généralement qu'un seul risque : celui de prendre énormément de plaisir. Sauf que le ciel a décidé de faire des caprices lors de notre essai de la FJR 1300 AE, obligeant l'organisation à revoir ses plans. Plus d'autoroute, moins de route. Ce qui sied tout de même bien à la FJR.
Bulle en position haute afin de luter autant contre la pression de l'air que contre les gouttes, nous profitons de l'espace offert par la « piste » pour pousser les nouveaux rapports. Si la boîte accroche un peu eu égard à la petite centaine de kilomètres affichés par le totalisateur, la "une" pousse jusqu'à 100 km/h, la "deux" 150 km/h, la "trois" un peu moins de 200 km/h, tandis que la "4" propulse allègrement au-delà de 230 km/h… le tout dans une belle progressivité. Doux à bas régime, le moteur pousse fort entre 5 500 et 7000 tr/min, régime auquel le couple est maximal. Il affiche alors 138 Nm et une ampleur sonore renforcée, tandis que la puissance optimale intervient 1 000 tours plus tard et la rupture -toujours douce- eu après 9000 tr/min. En résulte un moteur parfait à exploiter et permettant au dernier rapport de relancer dès 50 km/h. Quant à ne pas dépasser les limitations de vitesse ou a s'épargner le poignet droit sur longue distance, la FJR 1300 propose d'origine un utile régulateur de vitesse. Il s'actionne au commodo gauche, tandis qu'on l'active et fixe son niveau (Set/Res et +/-) au moyen du commutateur dédié sur le même commodo. Rapide, efficace et précis. Même à vitesse raisonnable.
La transmission par cardan se fait aussi discrète qu'agréable et exempte d'inertie, y compris lors d'un rétogradage de plusieurs rapports, le tout sur route humide… point de décrochage à la descente, ni à la montée, le contrôle de traction y veille. Seule source de glissade possible, au final : les BT 023 d'origine, lesquels sont peu compatibles avec les bandes blanches, la route fraîchement humide ou encore les températures presque négatives… Là encore, le contrôle de traction interviendra en douceur, et seul le témoin lumineux du tableau de bord permettra de se rendre compte de son action.
On appréciera par contre, la chaleur apportée d'une part par les poignées chauffantes, d'autre part par le moteur au travers des évents du carénage. Les jambes profitent d'une certaine douceur bien agréable dans ce contexte pluvieux, tout comme la protection des tibias et pieds. La FJR prend soin de son équipage, reste à voir si en été et en agglomération, le cheminement de l'air et sa température ne deviendront pas gênants.
La pluie et le beau temps
La pluie incitant à une conduite coulée et précise, inutile de brusquer la FJR 1300, pourtant bien posée sur ses suspensions. Si trois niveaux sont disponibles : Soft, Standard et Hard, la position la plus indiquée nous est apparue être la plus ferme. La fourche devient un peu plus précise, tandis que l'arrière se relève et se raffermit. Évidemment, un réglage plus fin est accessible, permettant de choisir entre ± 3 niveaux en sus du neutre sélectionné par défaut. Ces réglages de suspension, tout comme celui de la bulle, sont conservés une fois que l'on coupe le contact. La ligne imaginaire visant la crête de chaque virage, le point de corde de chaque courbe se trouve avec aisance, tandis que le poids pourtant conséquent de la moto participe à la grande stabilité ressentie. Le confort, quant à lui, apparaît excellent sur les distances parcourue d'une traite, souvent inférieures à 100 km.
Lorsque sèchent les routes, le plaisir de la belle trajectoire rejoint celui du pilotage.Comme revendiqué par Yamaha, le sport peut devenir plus présent lorsque l'on opte pour un pare brise en position basse, le mode moteur Sport bien plus réactif et légèrement plus agressif, une belle prise d'angle ou mieux encore, un déhancher auquel elle se prête volontiers, la FJR 1300 AE se montre équilibrée, instinctive et trace sa route. Nul doute que les BT023 participent à la stabilité générale de la moto et à son confort. Ils peuvent par contre gréver la plongée à la corde et la maniabilité générale en alourdissant légèrement l'avant, un phénomène déjà constaté sur d'autres motos.
Le poids d'aisance
La FJR, quoi que « lourde » et donc encline à être chaussée de pneumatiques GT, ne rechignera pas à exploiter sa puissance et son potentiel sportif en changeant de comportement, grandement induit par ses gommes. A vous de voir quel visage vous souhaitez lui voir arborer. Pour autant, n'attendez pas d'elle qu'elle soit aussi agressive qu'une R1 de 200 chevaux, son caractère est bien plus docile, onctueux et agréable. La consommation, par ailleurs, est souvent maintenue aux alentours de 6,4 l/100 km avec ce rythme mixte route/autoroute/ville.
Lorsque vient le moment de freiner - ce qui arrive régulièrement, avouons-le -, l'ensemble se montre aussi rassurant que progressif et performant. Le frein à la pédale droite offre un couplage bien réparti ne relevant pas plus la moto que le seul freinage au levier droit. Sur les routes pratiquées et pourtant rendues glissantes, nous n'avons jamais déclenché l'ABS, lequel n'est d'ailleurs pas dé-connectable, à l'inverse du contrôle de traction.
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