2. Aston Martin DBX (2022) - Sur route: folie douce
On ne descend pas à bord d’une Aston Martin DBX707. On s’y élève d’un léger coup de jarret, avant de lancer le bras droit vers le bouton Start trônant dans la partie haute de la console centrale. Le V8 s’éveille dans un jappement, que suivent les borborygmes propres à ce type de motorisation.
Au ralenti, il s’élève des quatre sorties d’échappement un grondement d’autant plus délicieux qu’on en sait la disparition inéluctable. Ces mélopées pétrolées sont en effet condamnées à moyen terme, et même si la musicalité d’un moteur turbocompressé n’a rien à voir avec celle, raffinée, d’un V12 atmosphérique, on regrette que celle-ci appartienne bientôt au passé.
Sans plus attendre, appuyons maintenant sur le bouton D, situé à l’extrémité droite du sommet de la planche de bord. Un choix moyennement ergonomique, dicté par des considérations d’ordre britannique. Au passage, on prendra aussi soin d’actionner le bouton libérant la sonorité du système d’échappement, implanté au bas de la console centrale, ce qui a pour vertu d’égayer le moindre déplacement.
La position de conduite est naturelle, réglable électriquement en tous sens et, bonne visibilité périphérique aidant, le conducteur trouve rapidement ses marques malgré le gabarit d’ensemble particulièrement imposant.
En ville, l’auto évolue en souplesse et dans un relatif silence sur un filet de gaz. De fait, mais peut-être en raison de la discrétion de la sombre livrée de notre modèle d’essai, le DBX707 n’attire guère l’attention des passants, qui n’y voient probablement qu’un gros SUV parmi des milliers d’autres malgré la calandre béante, typiquement Aston Martin, les roues optionnelles de 23 pouces (contre 22 en série) ou les prises d’air implantées sur le capot et les ailes.
Pour autant, on ne saurait limiter une telle machine à des circonvolutions urbaines. Souverain dans le trafic, où les autres automobilistes s’apparentent avant tout à de simples sujets avec lesquels il faut bien partager la route, le DBX707 impose le respect. Sa seule apparition dans le rétroviseur invite à dégager le passage, et les dépassements s’opèrent en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
On regrettera juste le caractère un peu creux du V8 dans la première moitié du compte-tours. Sans en attendre la souplesse et la puissance instantanée que peut délivrer un moteur électrique, le fait est que celui-ci réclame d’être un peu cravaché pour donner le meilleur de lui-même.
Cela ne favorise ni le bilan carbone, si tant est que cette considération ait une grande importance aux yeux des heureux propriétaires de l’auto, ni la préservation des points de permis, ce qui est plus problématique à court terme.
Muscle-car
Mais si l’on se projette dans un monde parallèle où ni l’une ni l’autre de ces questions ne se pose, le DBX707 se présente comme l’un des plus admirables vaisseaux qui soient, avec des accélérations et des relances qui vous enfoncent les yeux au fond des orbites. Le V8 fait preuve d’un souffle inépuisable, et ses variations de rythme sont orchestrées par une boîte à 9 rapports d’une parfaite réactivité.
La consistance et la précision de la direction participent grandement du plaisir de conduite ressenti, et l’ensemble se voit servi par un châssis de toute première catégorie, aussi confortable en conduite tranquille qu’affûté quand le rythme augmente, par la grâce de la suspension pneumatique et de trains roulants affûtés. L’équilibre est assuré par une répartition des masses quasi-optimale (52% à l’avant), tandis que le train arrière peut recevoir 100% du couple moteur si le besoin s’en fait sentir.
Quant aux freins carbone céramique (420 mm à l’avant, 390 mm à l’arrière), ils remplissent leur office avec une constance impossible à prendre en défaut sur la route. Il en irait probablement autrement sur circuit, mais un tel exercice tiendrait malgré tout du non-sens.
Sans parvenir à faire oublier ses plus de 2,2 tonnes, le DBX 707, aussi rageur, efficace et généreux dans l’effort qu’un tel mastodonte puisse se montrer, constitue donc une formidable et implacable démonstration de savoir-faire.
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