En commençant ce reportage, notre volonté était simplement d'informer les automobilistes de la conduite à tenir, en cas d'attaques chimique ou biologique. Aucun esprit polémique ne nous animait. Et c'est au fur et à mesure de notre enquête que nous nous sommes mis à douter de l'existence de plans d'évacuation des villes…
Tant au ministère de l'Intérieur qu'à celui de la Défense, nous avons trouvé porte close. On refusait toute communication. Nous avons alors tenté d'obtenir satisfaction par des chemins détournés, en contactant certains services directement concernés par la sûreté de l'État. Nous avons interrogé, dans ces ministères, à la fois des responsables et des fonctionnaires occupant des postes moins importants. Mais rien n'y a fait.
Seconde étape de notre enquête : l'immersion dans les régions, avec pour objectif de questionner les préfectures, les Protection Civiles, les DDASS (Directions départementales de l'action sanitaire et sociale), des policiers, des gendarmes ou tout autre militaire.
Notre première demande de renseignements a été faite à Lyon. Mais le service de communication de la préfecture n'a pas souhaité nous informer : "Désolé, nous ne pouvons pas vous donner de renseignements car ce plan concerne la Sécurité nationale !"
Devant ce nouvel échec, nous avons contacté la Direction départementale de la sécurité civile, qui nous a renvoyés, pour notre plus grand malheur… sur le service de communication de la préfecture.
Autre tentative du côté de Bordeaux, où l'on nous a tout simplement indiqué : "Le plan Biotox vient juste d'arriver dans le département. Pour l'instant, nous ne savons pas vraiment ce qu'il contient."
Tant au niveau national qu'au niveau départemental, aucun organisme d'État n'a voulu nous répondre. Faut-il en conclure que les plans d'urgence n'ont pas été couplés à d'autres plans d'évacuation des villes ? Certains réponses maladroites ou gênées nous permettent de le penser, mais ce sont surtout d'autres témoignages qui accréditent cette thèse.
Alerte bactériologique : présentation du plan Biotox
Des mesures médicales concrètes
Le 5 octobre, le Premier ministre, Lionel Jospin, et le ministre délégué à la Santé ont présenté le plan Biotox, destiné à faire face à d'éventuelles menaces biologiques et bactériologiques. Même si les autorités réfléchissaient à ces mesures depuis la fin 1999, les attentats du 11 septembre ont joué incontestablement un rôle d'accélérateur.
Ce plan s'articule autour de quatre axes : prévention, surveillance, alerte et intervention, et a pour but de regrouper les moyens nécessaires, en vue d'une efficacité maximale.
La prévention doit s'effectuer notamment à travers un renforcement de la sécurité des sites sensibles. La détention et la circulation de certains virus, comme la peste, le charbon, la brucellose, la variole, la diphtérie, le botulisme ou de certaines fièvres hémorragiques, sont également très contrôlées.
Le stockage et la distribution de l'eau potable sont aussi surveillés. Enfin, toute maladie infectieuse nécessitant une intervention sanitaire à l'échelon national ou local doit désormais être obligatoirement signalée.
Au niveau des moyens mis en place, des laboratoires civils et militaires peuvent être mobilisés 24 heures sur 24 et il en est de même des hôpitaux. Les capacités de réanimation, les équipements et le matériel de première urgence ont été augmentés.
Au total, le plan Biotox représente un budget d'environ 400 millions de francs.
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