2016: le début de la fin pour le moteur thermique
La fin de l’année approche, et avec elle l’heure des bilans. Sur le front automobile, 2016 aura tout bonnement marqué le début de la fin pour le bon vieux moteur thermique.
On se sera (plus ou moins) gentiment moqué d’elle, on aura critiqué sa faible autonomie et son temps de charge démesuré, mais il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence : la voiture électrique s’installe peu à peu dans le paysage, ainsi qu’en atteste la présence de 500 000 voitures électriques et hybrides rechargeables sur les routes d’Europe.
De fait, 2016 restera comme l’année du basculement, tant du côté industriel que de celui des mentalités des automobilistes. Et par un savoureux paradoxe, c’est Volkswagen, hier champion du diesel, qui anime avec le plus de vigueur ce changement de paradigme.
Empêtré dans un calamiteux dieselgate, le groupe a en effet choisi de changer son fusil d’épaule : en présentant son concept-car I.D. au dernier Mondial de l’Automobile, VW annonçait ses nouveaux objectifs, en l’occurrence plus de 30 véhicules purement électriques (BEV) lancés au cours des dix prochaines années, lesquels devraient représenter 25% de ses ventes à l’horizon 2025.
De quoi faire jubiler le patron de l’Alliance Renault Nissan Carlos Ghosn, dont beaucoup jugeaient démesuré l’investissement de 4 milliards d’euros consenti à partir de 2009 pour la mobilité électrique. Aujourd’hui, l’Alliance fabrique la moitié des véhicules « zéro émission » vendus dans le monde, tandis que la Renault Zoé est numéro 1 des ventes en Europe. Et Renault attend beaucoup de la Zoe ZE 40, dont l'autonomie réelle dépasse 300 km. Or, le dernier Baromètre de la Mobilité électrique réalisé par Ipsos pour l’Avere montre qu’une autonomie de 300 km est un facteur pouvant déclencher l’acte d’achat pour 72% des personnes interrogées.
On relève que le segment des véhicules particuliers électriques aura progressé de 30% en France sur les dix premiers mois de l’année, pour atteindre 17 634 unités. Les chiffres sont certes encore dérisoires par rapport aux ventes de moteurs thermiques, mais la tendance est là. Elle s'inscrit d’ailleurs dans un climat fortement anti-diesel, comme on en a eu l’illustration en début de mois avec la déclaration des maires de Paris, Madrid, Athènes et Mexico, qui ont signé une déclaration commune sur la qualité de l’air dans laquelle ils s’engagent notamment à bannir les véhicules à moteur diesel de leurs rues à l’horizon 2025: « Selon l’organisation Mondiale de la Santé, 3 millions de décès par an sont directement liés à la pollution de l’air extérieure, dont une majorité dans les villes ».
Quelques jours plus tard, c’est une étude de la banque UBS qui rajoutait un clou au cercueil du diesel : celle-ci estime que du fait de l’attractivité croissante des véhicules hybrides et électriques et de la sévérisation des normes antipollution, la part de marché du diesel pourrait tomber en Europe de 50% à 10%, soit une quasi-disparition. Dans le même temps, Chine et Europe tireraient la croissance des véhicules propres (400 000 véhicules électriques devraient ainsi être vendus en Chine en 2016, en hausse de 150% par rapport à 2015).
Et pour achever de se convaincre, il n’est qu’à observer les annonces des constructeurs, avec par exemple un Tesla qui fait part de 400 000 précommandes pour sa future Model 3, ou Porsche qui table sur 20 000 ventes par an pour la berline électrique à hautes performances (600 ch et 500 km d’autonomie) qu’il lancera en 2019, ce qui représentera environ 10% de ses ventes. Le même Porsche fait partie d’une coentreprise avec Audi, Volkswagen, BMW et Ford qui vise au déploiement d’un réseau de recharge ultra-rapide sur le réseau européen, avec de premières bornes déployées dès 2017. Le futur de l’automobile de masse est électrique, c’est désormais une évidence.
Chez Porsche, l'électrique devrait représenter 10% des ventes dès 2019. Si les moteurs "zéro émission" convainquent la clientèle de haut de gamme, cela augmentera leur potentiel de séduction auprès du grand public.
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