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Voitures de fonction – Électrique/hybride : les flottes virent au vert, volontairement ou contraintes

Alors que le Plan Climat prévoit la fin de la vente des voitures essence et diesels en 2040, les motorisations alternatives creusent lentement leur sillon au sein des parcs d’entreprises français. Entre élargissement de l’offre, incitations fiscales et obligations légales, les flottes s’engagent dans cette nouvelle ère plus ou moins à marche forcée.

Voitures de fonction – Électrique/hybride : les flottes virent au vert, volontairement ou contraintes

Dans un rapport publié fin août par le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), on apprend que la part des véhicules dieselS, bien qu’en forte baisse depuis 2012 (-13 % environ), demeure prépondérante. Elle représente à ce jour plus ou moins 79 % du parc des entreprises et des administrations. Dans le même temps, les motorisations alternatives comptent quant à elles pour 4 % environ des immatriculations.

Cette faible proportion de véhicules dits « propres » ne reflète en réalité pas la tendance, puisque les motorisations alternatives connaissent un engouement croissant sur le marché hexagonal. Depuis le début de l’année, le marché du véhicule électrique en France enregistre une hausse de + 43 % par rapport à 2018. Plus de 31 680 immatriculations recensées depuis janvier sur le territoire, dont plus de la moitié au service des sociétés. Illustration de cette accélération à travers les 18 % de croissance enregistrés sur le seul segment des utilitaires électriques.

Beaucoup d’entreprises attendent une offre crédible

Le rapport du CGDD souligne cependant que « les mobilités alternatives sont essentiellement présentes dans les secteurs de l’administration et des services. Elles sont utilisées avant tout en zone urbaine, là où la distance maximale journalière est la plus faible (médiane entre 100 et 150 km) ». Si ce potentiel d’autonomie kilométrique est suffisant pour combler les besoins en déplacements quotidiens de certaines structures, il est à l’inverse l’un des principaux écueils soulevés par une majorité d’entreprises, en particulier par celles qui doivent sillonner les grands axes routiers, et qui enregistrent bien au-delà des 20 000 km par an et par véhicule.

La réticence vis-à-vis des énergies nouvelles ne serait donc pas liée à un simple problème de volonté. Les entreprises, d’ailleurs, se disent dans l’ensemble partantes pour les motorisations alternatives. Simplement, la plupart considèrent que franchir ce pas reste encore trop hasardeux. Beaucoup de gestionnaires sont en fait en attente d’une offre crédible. Crédible notamment en termes de choix de modèles, en termes de prix ainsi qu’en termes d’autonomie et d’implantation de bornes de recharge.

Autonomie en hausse et davantage de modèles

L'autonomie, sur la plupart des modèles 100 % électriques lancés depuis 2018, atteint entre 300 et 450 km en moyenne.
L'autonomie, sur la plupart des modèles 100 % électriques lancés depuis 2018, atteint entre 300 et 450 km en moyenne.

Une inquiétude qui semble entendue à l’autre bout de la filière. Notamment sur le champ de l’autonomie. « Les véhicules qui sont apparus sur le marché depuis 2018 disposent en moyenne de 300 à 450 km d’autonomie », assure Cécile Goubet, Secrétaire générale de l’Avere-France (l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), consciente que le manque d’autonomie constituait jusqu’alors un véritable obstacle pour la plupart des chefs d’entreprise.

Cécile Goubet, Secrétaire générale de l'Avere-France
Cécile Goubet, Secrétaire générale de l'Avere-France

Sur la question des bornes de recharge, l’Avere note également une évolution positive. Elle quantifie le nombre actuel de bornes de recharges publiques en France à 28 000, tandis qu’elle estime le nombre de points de recharge au sein des entreprises à quelque 120 000. Ces derniers, il faut le préciser, trouvent pour l’heure principalement leur place au sein de grands groupes ou d’administrations publiques. L’Avere remarque d’autre part que l’offre de modèles s’élargit, ce que de nombreuses entreprises espéraient. « On a des annonces de plus en plus régulières depuis deux ans. Les constructeurs proposent désormais des modèles électriques pour tous les usages, et pas seulement sur le segment premium », indique Cécile Goubet. Le nombre de concept-cars et de modèles de série innovants présentés ces derniers mois démontre, objectivement, cette volonté des motoristes de diffuser leurs nouvelles technologies à plus grande échelle.

Coût et fiscalité : des avancées et des incitations

Enfin, il ne faut pas se le cacher, le coût des véhicules électriques reste lui aussi un facteur bloquant pour les acheteurs. De nombreuses études tentent néanmoins de rassurer, à l’image de celle publiée cet été par LeasePlan. Le loueur spécialisé dans la location longue durée révèle que les véhicules électriques en location au service des entreprises deviennent de plus en plus compétitifs par rapport au thermique. Le coût mensuel moyen de détention est estimé à 806 euros (c’était 836 euros en 2018) pour un modèle électrique, contre 643 euros pour un diesel et 520 euros pour un essence. Certes, l’équilibre est encore loin, mais il faut reconnaître qu'il y a du changement dans l’air… LeasePlan explique que son étude Car Cost Index intègre « tous les coûts auxquels doivent faire face les automobilistes », parmi lesquels le carburant ou l’électricité, l'amortissement, les taxes, l'assurance et l'entretien.

Parmi les autres freins qui subsistent, il y a la question du traitement des avantages en nature. Un élément qui jusqu’à présent n’était pas tendre avec l’électrique en termes d’imposition. À partir du 1er janvier 2020, les choses vont être assouplies. Notamment pour la recharge électrique offerte aux salariés. « S’il est mis à disposition des salariés une borne de recharge électrique sur la période 1er janvier 2019 – 31 décembre 2022, l’avantage en nature pour un usage privé en résultant n’est pas soumis aux cotisations », annonce le Ministère de l’Économie et des Finances.

Bercy qui prévoit parallèlement, dans son projet de loi de Finances 2020, de maintenir le bonus de 6 000 euros pour l'acquisition d'un véhicule 100 % électrique en 2020, y compris pour les entreprises. Reste à savoir si ces mesures fiscales (inédites ou renouvelées), couplées à un TCO (Total Cost of Ownership, coût global de possession) plus favorable et aux avancées technologiques, inciteront les gestionnaires de parcs automobiles à s’équiper plus significativement de motorisations « propres » dans les années à venir. Une chose est certaine : la nouvelle législation en matière de mobilité pourrait les y contraindre plus rapidement que prévu.

Le ministère de l'Économie et des Finances prévoit de maintenir un bonus pour l'achat d'un véhicule électrique en 2020.
Le ministère de l'Économie et des Finances prévoit de maintenir un bonus pour l'achat d'un véhicule électrique en 2020.

LES GRANDES FLOTTES CONTRAINTES PAR LA LOI DES 2022

Il y a les progrès technologiques et les incitations fiscales d’un côté. Et de l’autre, la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), qui va quant à elle veiller scrupuleusement au « verdissement » effectif. En effet, le projet de loi adopté en nouvelle lecture par l’Assemblée Nationale le 17 septembre dernier stipule entre autres d’accélérer coûte que coûte l’intégration de véhicules propres au sein des flottes privées les plus importantes, comme c’est le cas pour les parcs d’administrations publiques.

Les grandes flottes seront contraintes par la loi d’orientation des mobilités.
Les grandes flottes seront contraintes par la loi d’orientation des mobilités.

La LOM cible uniquement les parcs de plus de 100 véhicules légers qui, dans le cadre de leurs renouvellements, seront dorénavant contraints d’accueillir une part minimale de véhicules à faibles émissions. Il pourra s’agir de modèles 100 % électriques, de modèles hybrides rechargeables ou de véhicules carburant à l’hydrogène. Les entreprises concernées devront se doter de tels modèles à hauteur de 10 % dès 2022, à hauteur de 20 % d’ici 2024, et à hauteur de 50 % en 2030.

 

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