Renault Clio 5 : premières impressions au volant
Stéphane Lémeret , mis à jour
La Clio est le best-seller de Renault depuis 1990. Mais nous sommes en 2019, et le monde de l'automobile a bien changé. Renault a donc décidé de revoir toute sa stratégie de lancement, en ne distillant les informations qu’au compte-gouttes pour nous tenir en haleine. Dernier événement en date : des essais de prototypes organisés à Mortefontaine, où Caradisiac était.
On se serait cru à Fort Knox en arrivant au circuit de Mortefontaine, rarement aussi sécurisé qu’en ce jour ! Quelques privilégiés étaient invités à découvrir la future Clio de plus près. D'abord sous forme de véhicules de présérie, lors d'une présentation statique qui nous a permis de confirmer la première impression ressentie lorsque furent publiées les premières images : elle ressemble quand même furieusement à l'ancienne Clio, cette nouvelle Clio ! Le Boss du design de la marque, le hollandais Laurens Van Den Acker, dit que la nouvelle génération est une "évolution", comme l'était déjà la précédente Clio en 2012. Il n'empêche que dans nos souvenirs, et même en comparant de simples images d'archive, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de confondre les Clio 3 et Clio 4. Alors qu'entre les 4 et 5…
Et pourtant, ce sont bien 100% de pièces nouvelles qui composent la carrosserie de la Clio. Et, mètre ruban en main, c'est clair, toutes les dimensions ont changé. Et oui, il est vrai que le dynamisme qui se dégage de ce look reste séduisant. On pourra aussi dire que la Golf, pour parler d'une autre référence de catégorie, n'évolue guère plus de génération en génération. Mais nous ne sommes pas sûrs que la clientèle du segment des citadines soit aussi sensible à cette consensualité, pour ne pas dire ce conservatisme, que celle des segments supérieurs. Le verdict tombera vite, puisque la Clio affrontera sur le marché une nouvelle Peugeot 208 qui, elle, est littéralement métamorphosée.
La bonne nouvelle est que dans l'habitacle, Renault a au contraire lâché les chevaux. Premièrement, la Clio 4 avait été souvent critiquée pour la qualité de ses plastiques intérieurs, et la critique a manifestement été entendue, puisque les plastiques moussés plus gratifiants sont omniprésents. Mais au-delà de cet aspect qualitatif, Renault a voulu créer dans la Clio une ambiance plutôt technologique. Cette nouvelle vision baptisée "Smart Cockpit" est un mélange de tendances observées chez d'autres constructeurs, comme le remplacement, à partir d'un certain niveau de finition, des compteurs analogiques par un combiné 100% digital. Comme la réduction du diamètre du volant, comme la position surélevée du levier de vitesses, ou comme des touches typiquement Renault à l’image de ce vaste écran tactile (au choix, 7 ou 9,3'') trônant fièrement au centre de la planche de bord, en position verticale bien sûr.
Sous ses airs de ne pas avoir changé, la nouvelle Clio affiche aussi une habitabilité en progrès, notamment aux places arrière, aidées par l'adoption de dossiers de sièges plus fins. Le coffre progresse également, passant à 391 litres soit une progression de 91 litres (!), mais on regrettera que le seuil de chargement soit plus élevé qu'avant, "pour des raisons d'exigences en matière de sécurité", dit-on chez Renault.
Enfin la gamme comptera cinq niveaux de finition, dont on citera le nouveau R.S. Line, remplaçant la finition GT Line.
Là où la Clio fait sa (petite) révolution, c'est sur le plan technique. Primo, contrairement à ce que laisse penser la timide évolution esthétique, la voiture repose sur une toute nouvelle plateforme de l'Alliance. Cette CMF-B a été conçue pour pouvoir s'adapter aux préférences de tous les marchés mais surtout, elle est prête pour l'électrification et pour les systèmes de conduite semi-autonome de stade 1. Plus légère de 50 kg que l'ancienne plateforme, elle est aussi plus aérodynamique grâce à de nouvelles protections de bas de caisse. Et c'est par la force de cette nouvelle plateforme que Renault entend faire monter la Clio en gamme, puisqu'elle pourra par exemple disposer d'équipements comme le freinage automatique d’urgence (en série sur toute la gamme), la caméra donnant une vue périphérique à 360° des abords de la voiture, la détection des angles morts et le régulateur de vitesse intelligent qui, en combinaison avec la boîte automatique, gère tout seul la progression de la voiture dans les bouchons.
Sous le capot, tout commence par le 3 cylindres essence 1 litre, décliné en 65 et 70 chevaux dans sa version atmosphérique, et en 100ch dans sa version suralimentée. Jusqu'à nouvel ordre (comprenez l'arrivée d'une R.S.), la gamme essence sera coiffée par un 1,3 litre 130ch. On note ensuite que même dans ce segment, Renault ne tourne pas encore le dos au diesel, puisque le 1.5 dCi est au programme, dans des versions 85 et 115 chevaux. Et voici enfin la grande nouveauté mécanique de la Clio : une version hybride, développée en collaboration avec le département électrique Z.E. du constructeur. Ce système hybride associe un bloc essence 1,6 litre d'origine Nissan à un moteur électrique alimenté par une batterie de 1,2 kWh. La puissance totale est de 130 chevaux et l'autonomie électrique annoncée est de 3 à 4 km. On a donc affaire à un système façon Toyota, si ce n'est que la Clio disposera d'une vraie boîte automatique plutôt que d'une (pseudo)CVT. Une boîte unique en son genre tout de même, car dépourvue de synchros et même d'embrayage, mais pourvue de crabots, comme dans une voiture de rallye. Renault justifie ce choix par le faible coût de cette boîte, et par le fait qu'elle évitera les à-coups et le fameux effet "moulin à café" des hybrides Toyota. C'est plutôt une bonne nouvelle. La mauvaise ? La Clio hybride n'arrivera qu'en 2020.
Après toute cette théorie, est enfin venu le temps de la pratique. Le temps de quelques tours du circuit de Mortefontaine, nous avons essayé deux prototypes soigneusement camouflés, en l'occurrence les versions 1.0 TCe 100ch et 1.5 dCi 115ch, qui seront d'après le constructeur les plus populaires. Il ne faut que quelques mètres pour percevoir les progrès apportés par la nouvelle plateforme. La direction nous a semblé plus directe, les suspensions sont plus fermes (mais tout n'est pas encore gravé dans le marbre à ce stade) et globalement, l'agrément de conduite est en hausse. De ces brèves séances se dégagent aussi une impression d'aisance de la Clio, et une efficacité indiscutable du comportement.
Enfin les moteurs : le 3 cylindres essence affiche un bel équilibre et une agréable touche de punch, tandis que le diesel est égal à lui-même, souple et disponible. Et dans un cas comme dans l'autre, l'insonorisation est déjà très soignée.
Difficile d'en dire plus après ces quelques kilomètres, mais une chose est sûre : là où les premières images avaient échoué à éveiller notre curiosité, ce petit essai a réussi. Nous avons maintenant hâte d'essayer la très prometteuse Clio 5 dans des conditions réelles !
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