Pourquoi Renault est le bon élève de l'industrie automobile européenne ?
L'INFO DU JOUR - Dans un environnement économique morne pour l'automobile, les chiffres dévoilés par Renault sauvent la mise et son chiffre d'affaires malgré une baisse de ses ventes. Son objectif de fin d'année est maintenu à 7,5 % de marge opérationnelle et fait mieux que Stellantis. Quel est le secret de cette bonne santé ? Explications.
Luca de Meo a présenté la future Twingo électrique au Mondial de l'auto. Crédit photo : IP3 PRESS/MAXPPP.
Quand le marché se rétrécit, Renault sourit. Les ventes de voitures toutes marques confondues sont en baisse de 5,6 % au troisième trimestre de cette année à travers l’Europe. Mais au sein du groupe Renault, le chiffre d’affaires est stable au niveau mondial et a atteint 10,7 milliards d’euros sur cette période, même si ses ventes sont en repli de 5,6%.
Mais que se passe-t-il au sein du losange pour expliquer cette nage à contre-courant, dans un secteur dont les mastodontes Volkswagen et Stellantis dépriment et évoquent des fermetures d’usines et des réductions d’effectifs ? Certes, Renault subit lui aussi la déflagration française et allemande d’un marché européen en baisse de 6,1 % ces six derniers mois. Sauf que cette chute est largement compensée en Grande Bretagne (+11,4 %) et en Espagne (+11,9 %). En Italie, c’est plus qu’une embellie, puisque le score est de +16,6%.
10 nouveaux modèles
Évidemment, on cherche des explications à cette remontada d’un groupe en pleine tourmente post-affaire Ghosn lors de la prise de fonction de Luca de Meo en 2020. On a pu se moquer de sa « Renaulution » qui devait renverser la table des dettes du groupe, mais 4 ans plus tard, les chiffres ont parlé. À leur publication, Thierry Piéton, le directeur financier de la maison livre son sentiment. « Notre chiffre d'affaires du 3e trimestre commence à bénéficier de notre offensive produits sans précédent, avec 10 lancements de nouveaux véhicules cette année, représentant 18 % des facturations du trimestre. » Rafale, Captur restylé, Symbioz, Scenic e-tech (voiture de l’année) et autres nouvelles autos auraient donc trouvé immédiatement leur public ?
L’automobile a ses cycles, ses modes, ses « séquences » comme on dit en politique. Et la marque Renault est tendance en ce moment. Il est loin le temps ou le Peugeot 3008, ce SUV compact chouchou des familles, ne laissait qu’une part de marché congrue au Renault Kadjar. Le crossover Peugeot a été renouvelé, et le Kadjar n’est plus, remplacé par un Austral qui a dépassé le score de l’auto du Lion, même s’il est trop tôt pour livrer le vainqueur final de cette bataille des familiales après le renouvellement du 3008.
Quant au Captur qui détient à lui seul 25 % du segment, semble bien reparti pour une deuxième vie, toujours au coude à coude face au Peugeot 2008. Des modèles qui sont, tous, thermiques, mêmes s’ils sont soutenus, pour certains, par une béquille électrique hybride.
L’un des secrets de la réussite du Losange tient évidemment dans ce double jeu, entre thermique et électrique. Mais si du côté des moteurs à explosion, y compris équipés d’une béquille hybride, la réussite est totale, du côté 100 % électrique, elle est plus problématique et surtout plus risquée pour l’avenir.
Le groupe a enregistré, dans ce domaine, au premier semestre, une part de marché de 7,6 %. Mais elle est en baisse, comme chez tous les constructeurs. Ce qui n’empêche pas une impressionnante offensive électrique à venir avec pas moins de trois modèles très vite disponibles, les R5, l’Alpine A290, la R4 et un quatrième à venir : la Twingo e-tech, dont le concept car a été présenté au Mondial.
Une Twingo en retard ?
Sauf que la version définitive de la petite Renault ne pointera pas le bout de son sympathique museau avant 2026. Or, la bataille de l’électrique abordable, à laquelle la citadine du losange se destine, c’est maintenant. Stellantis est déjà dans la course avec sa Citroën e-C3 et le groupe Volkswagen s’apprête à entrer en lice avec l’ID2 VW et sa réplique chez Skoda dès 2025. Une arrivée tardive qui pourrait bien nuire à Renault. D’autant que la Dacia Spring, non éligible au leasing social (s’il perdure) est à la peine.
Reste que ce futur ne semble pas effrayer Luca de Meo. Il sait que les bons chiffres du groupe qu’il dirige ne sont pas liés à la seule offensive produits. Ils sont aussi le fruit de sa division financière Mobilize Financial Service qui a bondi de plus de 21% ces derniers mois. La bourse non plus ne s’y est pas trompée et dès la publication des résultats, elle a fait une haie d’honneur au titre qui a enregistré une hausse de 4 %.
De quoi conforter le patron de Renault qui annonce d’ores et déjà une perspective financière pour l’année avec une marge opérationnelle supérieure à 7,5 %. Un objectif bien meilleur que celui de son éternel rival Carlos Tavares, qui a réduit la sienne de moitié et espère atteindre entre 5 et 7%.
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