Une nouvelle crise des semi-conducteurs menace la production automobile européenne
Depuis le 10 octobre, le fabricant de puces électroniques Nexperia, a stoppé ses approvisionnements aux constructeurs européens. Avec elle, plane une nouvelle crise des semi-conducteurs et menace la production automobile en Europe.

Depuis début octobre, Nexperia, fabricant de puces électroniques néerlandais détenu par le chinois Wingtech, a informé ses partenaires qu’il ne pouvait plus garantir ses livraisons de semi-conducteurs.
Une annonce qui fait craindre un nouveau choc à l’industrie automobile européenne, déjà fragilisée par les pénuries survenues pendant la pandémie.
Les constructeurs sur le qui-vive
BMW a indiqué dès le 16 octobre que certains de ses fournisseurs étaient touchés. « Nous sommes en contact étroit avec nos fournisseurs et évaluons en permanence la situation afin d’identifier rapidement les risques d’approvisionnement », a déclaré un porte-parole de la marque à Reuters. La production se poursuit, mais l’inquiétude est palpable.
Mercedes-Benz assure être en lien avec les « parties concernées », sans en dire davantage. Volkswagen, de son côté, a activé une cellule de crise : « Certaines puces de Nexperia se retrouvent dans des pièces utilisées dans nos véhicules, même si nous ne travaillons pas directement avec l’entreprise. »
Stellantis et Renault vigilants
Stellantis confirme à Caradisiac « collaborer avec Nexperia et d’autres fournisseurs pour évaluer les impacts potentiels et élaborer des mesures d’atténuation ». Renault, plus mesuré, nous affirme qu’« à ce stade, il n’y a aucun impact sur la production », tout en précisant que Nexperia « n’est pas un fournisseur de rang un » pour le groupe. La marque suit néanmoins de près l’évolution du dossier.
Encore quelques semaines de stocks
L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a exprimé hier sa « profonde préoccupation face aux perturbations significatives potentielles pour la production automobile européenne si l’interruption de l’approvisionnement ne peut être résolue immédiatement ».
Ces composants, présents en plusieurs centaines d’exemplaires dans chaque véhicule, assurent des fonctions clés comme les interrupteurs, le contrôle du volant ou d’autres systèmes électroniques critiques. L’ACEA estime que les stocks actuels de puces tiendront « quelques semaines » tout au plus. De quoi mettre la chaîne d’approvisionnement sous tension.
À l’origine, une crise géopolitique
Le blocage chinois prend racine dans une escalade géopolitique. En septembre, les Pays-Bas ont placé Nexperia sous surveillance, en s’appuyant sur une loi de la guerre froide. L’objectif : éviter qu’un acteur étranger – en l’occurrence Wingtech – compromette l’approvisionnement européen.
Pékin a vivement réagi, accusant les États-Unis d’avoir poussé à cette décision. Washington aurait, selon les autorités chinoises, exigé le remplacement du directeur général chinois de Nexperia et une révision de sa gouvernance. En riposte, la Chine a interdit à Nexperia d’exporter ses puces depuis ses usines locales.
La flagrante dépendance européenne
Ce bras de fer technologique s’inscrit dans un affrontement plus large entre la Chine et les États-Unis, marqué par des mesures de rétorsion et des restrictions croisées sur les technologies. Pour Pékin, l’Europe se range désormais du côté américain dans une stratégie de « containment technologique. »
Cette affaire met en lumière la dépendance critique de l’Europe aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Sans résolution rapide, le secteur automobile pourrait être durement frappé, alors même qu’il fait face à d’autres défis majeurs, de la transition électrique aux incertitudes géopolitiques.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Les données que vous renseignez dans ce formulaire sont traitées par GROUPE LA CENTRALE en qualité de responsable de traitement.
Les données obligatoires sont celles signalées par un astérisque dans ce formulaire.
Ces données sont utilisées à des fins de :
Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement de ces données, d’un droit de limitation du traitement, d’un droit d’opposition, du droit à la portabilité de vos données et du droit d’introduite une réclamation auprès d’une autorité de contrôle (en France, la CNIL).
Pour en savoir plus sur le traitement de vos données : Politique de confidentialité
Alerte de modération