Les airbags Takata défectueux mettraient en danger les garages qui les stockent
Débordé par le nombre d'airbags à changer, le réseau Stellantis est obligé de les conserver sans protection, les containers fournis par le groupe étant insuffisants. Un stockage sauvage qui pourrait faire courir un grave danger, selon un expert judiciaire.
Un mécanicien est en train de changer un airbag Takata défetueux. Crédit photo : PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/MAXPPP
Au cours des grandes interviews que les patrons de l’automobile nous ont accordé au cours du Mondial de l’auto la semaine passé, Thierry Koskas s’est voulu rassurant. « La crise est derrière nous » disait le directeur général de Citroën. Le rappel des airbags Takata suit son cours, et la feuille de route tracée par Carlos Tavares il y a quelques semaines, expliquant que tout serait réglé à Noël, semble donc respectée.
Sauf que le gigantisme du rappel (500 000 voitures sont concernées) pose un autre problème : le stockage des anciens airbags toujours potentiellement explosifs. Un danger soulevé par un expert. Bruno Guibeaud, lanceur d’alerte pour l’occasion, s’est confié à nos confrères du Parisien. Il visite régulièrement les ateliers des agences et concessions de la marque, « et ce que j’observe m’inquiète vivement » affirme-t-il.
Le même gaz dans les airbags qu'à l'usine AZF de Toulouse
Quelle est la nature du souci qui fait peur à cet expert judiciaire près la cour d’appel de Lyon ? Une logistique qui ne suit pas et un réel danger pour les mécaniciens et les clients des garages. « Un airbag qui exploserait dans une pile de cartons pourrait provoquer l’explosion de tous. Je vous rappelle qu’on parle de plusieurs types de produits chimiques, dont le même gaz qui a fait exploser l’usine AZF de Toulouse et le port de Beyrouth. À l’arrivée ? Plus de garage, plus de bâtiment, plus rien. »
Les airbags défectueux, une fois démontés des voitures, présenteraient donc toujours des risques d’explosion au contact de l’humidité et de la chaleur. Conscient du problème, le constructeur a fourni des conteneurs spéciaux à son réseau permettant de les stocker. Sauf que les distributeurs sont débordés par le nombre de coussins à changer et les malles spéciales ne sont conçues que pour stocker entre 40 et 50 airbags, ce qui serait largement insuffisant. « À plusieurs endroits où je me suis rendu, les airbags Takata avaient tout simplement été remis dans les boîtes en carton des airbags neufs, puis empilés là où il y avait de la place » affirme Bruno Guibeaud.
"300 airbags, c'est 25 kg d'explosif"
Ce stockage sauvage pourrait avoir de graves conséquences. « Mesurez bien que 300 de ces airbags les uns sur les autres, c’est 25 kg de matière très explosive, à côté des mécaniciens en atelier et, de l’autre côté, des salariés et des clients en concession. » Le danger serait donc réel. D’autant que, toujours selon l’expert, la loi préconise qu’en magasin, les airbags neufs doivent être stockés par paquets de 10 et que les colis doivent être distants de 30 m. Un process loin d’être respecté dans les garages, faute de place.
Stellantis affirme de son côté avoir mandaté une entreprise extérieure, spécialisée dans la gestion des déchets, pour ramasser les coussins une fois démontés. Le groupe affirme également « qu’un airbag Takata retiré ne présente aucun danger. Tant qu’il n’y a pas d’étincelle, rien à craindre. Ils encombrent, mais c’est tout. » Une version que l’expert ne semble pas vraiment partager.
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