Le TUB, le fourgon Citroën révolutionnaire qu’on a tous oublié
Traction, plancher surbaissé, porte coulissante, cet utilitaire étrennait dès 1939 les éléments qui ont façonné les fourgons modernes. Mais si la guerre de 39-45 a mis fin prématurément à sa carrière, elle n’est pas seule responsable de son échec…

Censée sauver Citroën de la faillite, la Traction, comme on a surnommé la 7 sortie en 1934, a, en réalité précipité la marque dans l’abîme. Temporairement, car ce coup de poker tenté par André Citroën connaîtra un immense succès. Révolutionnaire à bien des aspects, la Traction servira de base à un utilitaire qui ne le sera pas moins. En tout cas, sur le papier.
En 1935, chez le double chevron, on a l’idée d’un remplaçant aux variantes laborieuses de la Rosalie, techniquement datées et pas si pratiques. La base est toute trouvée, c’est celle de Traction, car elle présente bien des avantages. Outre le fait de rentabiliser une architecture mécanique qui a coûté très cher, elle permet d’abaisser considérablement le plancher, grâce à l’absence de différentiel, ce qui facilite le chargement. Le dos des artisans appréciera !

Les études débutent en 1936, et le véhicule sort, hélas pour lui, en juin 1939. Dénommé TUB, pour Traction Utilitaire de type B (ou Basse selon les sources), il récupère le 4-cylindres 1,6 l de 35 ch ainsi que la transmission et la suspension avant à barres de torsion de la berline 7, tout en bénéficiant d’un freinage à commande entièrement hydraulique : aucun rival ne peut rivaliser avec une telle modernité. Avec sa cabine avancée lui conférant une silhouette monovolume qui fera école, le TUB s’en tient à 4,04 m de long. De plus, il a été conçu avec beaucoup de pragmatisme, les ingénieurs ayant bien pris en compte les désidératas des clients potentiels.

Ainsi, il arbore une porte latérale coulissante donnant sur un fourgon très cubique, où l’on peut se tenir debout grâce à une hauteur d’1,75 m, pour un volume de 6m3 et une charge de 850 kg. Quant au seuil de 42 cm, il est, effectivement, très bas : voici posées les bases de toutes les camionnettes modernes ! Roulant à 70-80 km/h, le TUB apparaît certes juste avant le début de la drôle de guerre, mais là n’est pas son seul défaut. Déjà, il apparaît bien cher, à 36 000 F (sachant qu’une Traction 7 cv s’en tient à 24 700 F, à titre indicatif), surtout que sa charge utile somme toute limitée, ensuite, son aspect, certes avant-gardiste en France, est jugé rebutant, enfin, son comportement routier se révèle assez instable à vide, le train arrière étant rigide et suspendu par des lames.

Conséquence, c’est un échec commercial : la guerre n'explique pas tout. En février 1941, après l’invasion allemande, une variante 11 CV du TUB est dévoilée, qui se code TUC. Même si une adaptation en ambulance est créée (le TAMH), la carrière des TUB et TUC s’arrête dès décembre 1941, le premier ayant été produit à 1 748 unités, le second à 313… Le spécialiste des engins de levage Fenwick en dérivera une variante électrique, adaptée aux pénuries de carburant sévissant durant l’occupation, le Cittub renommé Urbel, suite à des récriminations de Citroën : encore plus avant-gardiste…

Le constructeur au double chevron reverra sa copie durant les hostilités, ce qui débouchera en 1947 sur le Type H qui, bien plus logeable et abouti, connaîtra un immense succès. C’est lui que la vaste majorité des gens surnommera « Tube », peut-être à cause sa carrosserie ondulée, comme composée de tubes superposés. Toutefois, on ne saurait parler de fourgon monovolume à roues avant motrices, sans évoquer le Chenard et Walcker CHV de 1946, reprenant ces caractéristiques qu’il associe à une structure monocoque et une charge utile de 1 000 kg. Il deviendra le Peugeot D3, qui durera jusqu’en 1965, remplacé alors par un certain J7. Mais ceci est une autre histoire…

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