Le vélo-cargo biporteur peut-il remplacer l’automobile ?
Tout est parti d’un essai du biporteur Trek Fetch +4. Il s’agit d’un vélo-cargo pouvant transporter 250 kg et, d’après la réputation de ces engins, capables de remplacer totalement la voiture. Vraiment ?
Alors nous avons décidé de changer quelque peu l’approche de cet essai. Un vélo-cargo peut-il remplacer le véhicule principal ? Non. Du moins, de manière assez difficile (il faut énormément de conditions). En revanche, peut-il supplanter l’automobile sur la majorité des usages fastidieux et faire office de second véhicule familial ? Possible. Mais est-ce vraiment mieux qu’une auto ? C’est justement ce que nous avons voulu découvrir.
Le concept du biporteur : top sur le papier
Il y a deux roues, un énorme empattement, une caisse dans lesquels se trouvent des sièges avec ceintures et une canopy ou bâche pour protéger le contenu, marchandise ou enfant. La promesse est grande : cet engin tue l’automobile.
Imaginez promener des enfants, en toute sécurité, à l’abri du froid, du vent, de la pluie. Imaginez ajouter jusqu’à 100 kg de courses, soit 110 kg de moins que la contenance maximum d’un caddie de supermarché (et accessoirement 300 kg de moins d’un Caddie Volkswagen, mais ce n’est pas le sujet). Tout ceci en consommant 1,510 kWh /100 km (10 fois moins qu’une Tesla Model 3 dans ses meilleurs jours) et pour la modique somme de 7 000 euros, soit la moitié du prix d’une Dacia Sandero 2024.
Avant de hurler à propos des longs trajets, évidemment, ces cas sont mis à part. L’idée est de remplacer la voiture dans tout ce qui tient dans un périmètre de 50 km. Enfin, dans notre cas, 25 km maximum. Car la batterie ne vous permettra pas plus que 50 km aller-retour (mais d’autres modèles le permettent).
Modèle utilisé : Trek Fetch +4 (6 999 euros)
Nous n’avons pas pris le « meilleur biporteur » mais nous n’avons pas misé sur le plus mauvais. Au programme, ce Trek embarque la motorisation pédalier Bosch Performance Line Cargo et ses 85 Nm de puissance.
Il est équipé d’une batterie de 780 Wh, des pneus tubeless Schwalbe Pick-Up résistants, d’une transmission par courroie Enviolo (qui permet d’augmenter ou diminuer la résistance à l’arrêt).
Le tout avec un système Bosch Smart System connecté dont l’assistance est personnalisable. Il y a même le support Bosch embarquant la charge à induction. Quant aux freins, ça ne plaisante pas avec de l’hydraulique aux étriers à 4 pistons (des Tektro HD-T737 pour les fans de références).
Le modèle était en plus équipé d’une bâche en plastique sur structure et de petits sièges pour 2 enfants.
Prêt à en découdre avec n’importe quel véhicule embarquant 2 enfants, sur 48 km exactement, autonomie moyenne observée en hiver durant des jours assez froids.
Les courses
La voiture pour aller au supermarché n’est pas vraiment la panacée. Au-delà du problème de stationnement qui implique les risques de coups de portes, des 4 bornes électriques jamais disponibles, des rayures, des impacts, il y a le chargement. Sortir les courses, les mettre dans le coffre, les sortir du coffre et les apporter chez soi.
Le biporteur souffre du même syndrome. Trop volumineux pour les arceaux à vélo, il est difficile à attacher quelque part. Il n’a donc pas vraiment de place allouée sur le parking. Le risque de vol est bien réel.
Le coffre moyen fait 400 litres, ce qui est vaste comparé aux 230 litres du bac du biporteur.
Mais dans les deux cas, la solution est discutable. Car mettre des éléments à l’intérieur est une chose, les ressortir pour les monter chez soi en est une autre. Cela dit, l’accès à un bac à vélo reste plus aisé.
Il reste le retour. En voiture, il faut se garer, souvent dans un parking et récupérer les courses. Le Biporteur peut vous accompagner au pied de votre immeuble. C’est toujours ça de gagné.
Enfin, le poids à l’avant est vite pénalisant pour le vélo. Dans notre modèle d’essai, l’avant avait bien du mal à supporter tout un chariot. Mais l’idée est d’aller faire des courses moins volumineuses plus souvent.
Verdict : AUCUN. Il n’est pas mal loti le vélo-cargo. Sous réserve de savoir où l’attacher, il reste plus rapide de s’en servir que l’automobile. Mais la voiture contient plus et ne souffre pas du poids.
Ndlr : il existe de petits chariots qui se fixent aux tiges de selle des vélos, détachables, qui peuvent être tirés jusqu’à l’intérieur de chez vous. Associé à n’importe quel vélo doté de sacoches, c’est probablement la meilleure solution.
Le rendez-vous chez le pédiatre
Si vous avez un biporteur pour autre chose que le transport de marchandises, c’est que vous avez des enfants. Donc ils tombent forcément malades. Il faut alors prendre un rendez-vous chez le pédiatre, soit le lendemain pour celui à 80 euros la séance, soit pour leurs 18 ans pour celui conventionné. Mais surtout, les enfants sont rarement en état de rouler dans un bac de biporteur. Ils ont tendance à préférer le confort tempéré d’un habitacle. Et là, l’argument de « louer le véhicule quand on en a besoin » ne fonctionne pas.
Niveau temps de trajet, ça se vaut. Si le cabinet n’est pas trop loin, le biporteur gérera bien l’aller-retour et il sera facile à garer. Pour la voiture, c’est plus complexe, sauf si votre pédiatre possède un parking. Néanmoins, c’est encore à relativiser, en fonction du lieu où se trouve le cabinet et des chances de voir son Trek Fetch+4 000 à 7 000 euros disparaître.
Verdict : la voiture. Un enfant avec 40 °C de fièvre n’a rien à faire dans un bac à vélo. Ces situations sont normalement ponctuelles.
La pluie en hiver, chaleur en été pour les trajets en ville
L’argument phare (sans mauvais jeu de mots) des anti-vélos. S’il pleut, s’il fait froid, s’il fait nuit, comment faire ? C’est là que ce comparatif va vous surprendre : non seulement le biporteur réussit à garder et contenir la chaleur, mais en plus, il est plus rapide. La raison est simple : en ville, quand il fait nuit et qu’il pleut, les gens ne savent plus conduire. Ça bouchonne.
Le vélo-cargo, pour sa part, emprunte les voies cyclables et n’est pas coincé dans le trafic. Certes, le confort des 20,5 °C d’un habitacle est plus agréable, mais quadrupler son temps de trajet l’est beaucoup moins. Le bac est couvert. Il suffit d’un petit manteau et le tour est joué.
En été, en cas de canicule, le bac est à l’ombre. Certes, ça ne vaut pas une climatisation, mais les filets permettent au vent de s’introduire dans le bac, et le vent certes chaud, mais présent, permet de se rafraîchir. C’est plutôt le cycliste qui brûle.
Verdict : le biporteur qui est plus rapide et, hors cas spécifique de grosse canicule, plus agréable.
Maison-école-bureau
Le verdict est sans appel : même les enfants qui « adorent les voitures » se régalent à rouler dans un biporteur. C’est amusant, ils peuvent voir la route, voir le décor, prendre l’air.
C’est d’autant plus important avec les choix de design discutables des véhicules modernes, dont les ceintures de caisses sont très hautes. Les enfants dans les sièges auto admirent au mieux des poignées de porte et un morceau de ciel.
Verdict : le biporteur, les gamins l’adorent (mais ils aiment également les accélérations et les bruits de moteurs).
Avis du rédacteur : difficile de voir la plus-value par rapport au vélo longtail
Comme souvent mentionné sur les différents articles, les solutions de mobilités permettent de développer un panel d’outils permettant de se déplacer avec l’engin le plus adapté aux différentes situations.
Le vélo-cargo longtail est probablement la meilleure idée de transport urbain avec la trottinette électrique, tant il est bien calibré pour l’aspect utilitaire. Les enfants sont heureux à l’arrière. On peut d’ailleurs en embarquer deux, des bambins et Tern par exemple propose un système de bâche pour les couvrir. Le Longtail est plus compact, facile à placer dans un local vélo ou même sur son lieu de travail. Le poids à l’arrière n’est pas exercé sur la roue directionnelle. C’est le parfait remplaçant de la seconde voiture.
Or besoin professionnel, le vélo-cargo biporteur n’a rien, mais alors rien pour lui, sauf peut-être le plaisir de rouler avec le camping-car du cycle.
Entre le prix, l’enfer du stationnement lié à l’encombrement, le poids porté sur la roue directionnelle et qui rend la conduite exécrable, le poids total à traîner, l’autonomie et le prix à l’achat, difficile de vous dire de vous jeter dessus.
Puis ce volume à déplacer quotidiennement pourquoi ? Les enfants ? Ne sont-ils pas aussi bien à l’arrière d’un longtail ? Ne serait-il pas mieux dans un triporteur dans ce cas, qui offre la stabilité de deux roues à l’avant ?
Car le bi-porteur n’est pas la panacée de l’intefile. Il est lourd à rouler, lourd à traîner, compliqué à faire tourner, avec un rayon de braquage digne d’une Tesla.
Finalement, il symbolise tout ce qui est reproché à l’automobiliste qui roule en familiale pour aller travailler : c’est très gros, pour les (rares) cas où c’est utile, mais c’est utilisé à vide quotidiennement, là où un vélo plus simple, plus léger (sans forcément être moins cher) fait mieux.
Il reste finalement l’élément fondamental, celui qui certes met en exergue l’égoïsme, l’individualisme à savoir : le plaisir.
Notre expérience n’aura pas été fructueuse, peu aidée par un modèle discutable c’est vrai. Mais ne boudons pas une solution supplémentaire de se déplacer.
Toutefois, il reste plus intéressant qu’une seconde voiture, dès lors que le périmètre d’utilisation est restreint. Mais à tarif équivalent, le longtail semble une solution plus pratique sans rogner l’aspect ludique et plus facile à rouler.
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