Le covoiturage fait marche arrière partout en France, sauf exception...
Le covoiturage est l'un des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en partageant à plusieurs les trajets en voiture. Las, Vinci Autoroutes, via son observatoire de l'autosolisme, remarque que les conducteurs sont plus seuls que jamais dans leur auto. Respecter les objectifs de la stratégie nationale bas carbone de 2030 semble compliqué.
La société Vinci Autoroutes publie régulièrement des baromètres et études sur des sujets ayant trait à l'automobile. Le dernier en date, le 6e observatoire de l'autosolisme (fait d'être seul dans sa voiture pour un trajet), rend des conclusions peu encourageantes sur le covoiturage.
Pour établir leurs statistiques, les analystes de ce géant des routes payantes ont observé du 3 au 14 juin 700 000 voitures circulant sur leur réseau, en dehors ou à proximité de 13 grandes agglomérations, comme Bordeaux, Toulouse, Paris, Tours, Lyon, Biarritz, Angers, et bien sûr en Île-de-France.
À noter toutefois que pour eux, le covoiturage s'entend au sens large. C'est-à-dire qu'il tient seulement compte du fait que le conducteur est seul au volant, ou s'il y a d'autres personnes dans l'auto. On ne parle donc pas ici seulement des automobilistes qui sont inscrits sur des plateformes dédiées et proposent de partager un trajet, on parle d'un pur comptage. Donc dès qu'il y a un enfant dans la voiture, le conjoint, la mamie ou des amis qui partent ensemble, c'est défini comme du covoiturage. Par opposition donc, à "l'autosolisme".
L'autosolisme progresse de 1,9 point, donc le covoiturage régresse...
Le résultat de leurs observations démontre un vrai coup de frein sur le covoiturage. En effet, en 2024, sur les comptages effectués, ce sont 85,7 % des automobilistes qui sont seuls dans leur véhicule en moyenne. Contre 83,8 % en 2023. Une progression de 1,9 point et de + 2,26 %.
Et une tendance inédite, puisque depuis le premier observatoire de l'autosolisme, les chiffres n'avaient fait que diminuer (les deux dernières années étaient sous les 84 %), prouvant en creux une progression du covoiturage. Faut-il y voir là un retour en arrière durable ? Après des années pendant lesquelles les Français auraient "fait l'effort" de covoiturer, pour polluer moins, serait-ce un retour de l'individualisme automobile ?
Dans les faits, le taux d'occupation moyen d'une voiture est de 1,22 personne en 2024, et si vous comptez bien, 14,3 % des conducteurs covoiturent en moyenne, contre 16,2 % en 2023. Mais pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, fixés pour 2030, il faudrait que le taux d'occupation moyen soit de 1,75 personne ! Il faudrait pour l'atteindre, selon Vinci Autoroutes, que les "covoitureurs" soient trois fois plus nombreux, ce qui semble clairement compliqué à atteindre.
Seules deux villes progressent niveau covoiturage
Et c'est aux heures de pointe, soit lors des trajets domicile/travail, que le covoiturage est le plus faible, avec seulement 12,5 % en moyenne. Alors que c'est justement ce type de covoiturage que les pouvoirs publics veulent encourager ! Il augmente ensuite progressivement, pour atteindre un pic de 20,5 % à 9h45. Toujours en moyenne. Car il y a aussi des villes plus adeptes du covoiturage que les autres.
Ainsi, Poitiers compte 26,6 % de covoitureurs, et la région parisienne 20 %. À l'autre bout de l'échelle, l'agglomération d'Angers n'en compte que 2,2 % ! Et entre 2023 et 2024, toutes les agglomérations, sauf deux, voit le partage des trajets à plusieurs diminuer. En particulier Biarritz (-8,4 %), l'Île-de-France (-6,9 %), Lyon (- 6,6 %), Aix-en-Provence (-5,7 %) et Tours (-5,3 %).
Les deux villes qui progressent sont Bordeaux, avec +0,9 %, et Toulon avec 1,4 %, cette dernière étant déjà une bonne élève avec un trajet sur quatre qui n'est pas effectué seul.
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