2. Essai Yamaha MT-07 2018 : Master of Tricks
Et pour ce qui est d’avoir la santé, c’est avec plaisir que l’on constate que la MT-07 n’a rien perdu de sa fougue. Toujours aussi facile à prendre en mains, elle profite d’une direction déjà précise légère et stable lors des premiers mètres parcourus. Sur la petite route étroite et sinueuse menant vers les hauteurs andalouses, on apprécie immédiatement l’équilibre de la moto. Chaussée de Bridgestone BT023, il convient de laisser chauffer un peu les pneumatiques routières avant de s’en donner à coeur joie. D’une part il fait un peu moins de 15°, d’autre part, les routes espagnoles n’ont toujours pas de grip en cette saison. Une méfiance pourtant vite oubliée devant les qualités dynamiques offertes par la nouvelle MT-07. Le réglage des suspensions met particulièrement en valeur une partie cycle avenante. On gagne aussi bien en garde au sol qu’en précision, tandis que l’on apprécie immédiatement la valeur des changements. Les éléments signés KYB offrent toujours un débattement de 130 mm. Par contre, leur tarage a copieusement évolué vers plus de fermeté et une meilleure gestion du rebond. Les ressorts avant sont 6 % plus durs à l’avant et 11 % à l’arrière, tandis que le mono amortisseur arrière voit ses caractéristiques à haute vitesse copieusement améliorées. Concrètement ? La moto s’enfonce beaucoup moins, et amortit avec bienveillance tout en collant les roues au sol. Ça tient la route au sens propre comme au sens figuré ! Et cela est d’autant plus valable que l’on hausse le rythme. Le bitume en relief de la campagne Rondanaise se montre à ce titre sans pitié. Et cela tombe bien, nous n’avons pas envie de couper les gaz !
Par contre, l’envie de rouler est là. Celle de faire des tours et celle d’en jouer. Tandis que le sublime paysage Andalous défile, les routes bordées de cerisiers en fleur et d’oliviers mettent en alerte. La glisse n’est jamais très loin, surtout en sous-bois ombragé. Mais les pneumatiques rattrapent rapidement toute amorce de dérobade. Evidemment, aucun anti patinage n’est venu alourdir la note ni la moto. Elle ne pèse toujours que 187 kilos (environ) à sec, sans jamais sembler les faire. Légère à emmener, à corriger et à rattraper, la MT-07 apprécie d’être emmenée sans complexe aucun, bien en selle ou encore modérément déhanché. Ce que l’on aime rapidement au guidon, c’est angler en la guidant du fessier (une occasion de le délasser), sans jamais avoir à sortir les muscles pour la dominer. L’avant est d’une rigueur appréciable, et l’arrière suit sans que l’on ait à y penser. On apprécie alors de ne plus venir entamer le bitume du bout des limiteurs d’angle dans les épingles serrées, comme c’était le cas avec la précédente. Surtout, on aborde bosses et nids de poule avec une sérénité rare dans la gamme des roadsters ludiques de moyenne cylindrée. L’excellent réglage d’origine laisse même présager de réglages plus fins et adaptés à chacun(e). A ce niveau tarifaire, on apprécie l’effort et la prestation. D’autant plus qu’ainsi paré, il suffit de gérer les gaz pour faire le plein de sensations. Si elle est relativement linéaire dans sa montée en régime, le sentiment de couple est omniprésent à partir de 4 000 tr/min. Les relances sont aisées et même parfois surprenantes : en cas de conduite sportive (10% seulement des usages selon les études Yamaha), il n’est pas rare de sentir la roue avant se lever sur les premiers rapports… ou sur quelques bosses relevées.
1ère. L’échappement de la MT-07 ronronne. Sa sonorité n’a rien d’obsédant. Discrète, elle accompagne les montées en régime dans un bruit de succion d’air. Euro4 est bien là pour « étouffer » le bruit du twin, mais pas ses sensations. 87km/h. Clac. La 2nde engagé, on est lancé à près de 110. Clac. Inséré sur l’autoroute, il est temps de passer les 3 rapports suivant dans la foulée. 130 km/h, un peu moins de 6000 tr/min. La souplesse est bien présente, permettant de descendre aux alentours de 80 km/h sans trop cogner. Pour ce qui est de vibrer, par contre, la MT-07 reste expressive, surtout à 140 ! Elles accompagnent les changements d’humeur, renseignent sur le régime moteur et sur la vocation de la « petite ». On aimera autant flâner au guidon que se tirer une bourre, par contre, pour le voyage, il faudra peut-être investir un peu. Le catalogue des options permet en tout cas de piocher un saut de vent ou une bulle haute, ainsi que de la bagagerie de qualité, mais un échappement et un filtre à air seront sûrement l’option à considérer pour faire chanter le bicylindre. C’est qu’il pousse et que l’on aime ça.
Reste donc à se méfier du couple et des pneumatiques en cas d’optimisme forcené et de conditions d’adhérence précaire. La précision des gaz et la souplesse de la poignée apportent alors un contrôle appréciable : le contrôle est au bout des doigts. Ces derniers devront pourtant occasionnellement venir chatouiller le levier de frein avant –réglable en écartement- afin de modérer l’allure en entrée de courbe. Rentrer sur les freins est une formalité rendue possible par la tenue de la fourche et la définition de l’ABS très agréable à moyenne et à haute vitesse. Seule la pédale de frein arrière demande un peu plus de discernement. L’anti-blocage est nettement plus sensible et le feeling moins précis.
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