Essai vidéo - Jaguar F-Pace : le Porsche Macan en ligne de mire

Pour justifier l'existence d'un roturier SUV compact dans la gamme d'un constructeur premium, il suffit de regarder les chiffres de vente de 2015 en France qui suivent la même tendance générale. Le Q5 ? Quatrième modèle le plus populaire d'Audi. Le X3 ? En cinquième position des chiffres de BMW. Mais l'exemple de Porsche est encore plus marquant. Son icône, la 911, s'est diffusée à 761 exemplaires l'année dernière dans l'Hexagone. C'est quasiment trois fois moins que le Macan, la meilleure vente de Stuttgart qui s'est écoulée à 2 183 unités sur la même période. Pas besoin donc d'être un financier accompli pour conclure sur le côté désormais incontournable d'un SUV, comme l'ont saisi Maserati avec le Levante et encore Bentley avec le Bentayga. Et donc maintenant Jaguar, qui a présenté le F-Pace au dernier Salon de Francfort en septembre 2015 et dont l'image semble de toute façon pouvoir survivre à tout après le break traction diesel X-Type Estate 2,0 D de 2004.

 Le premier écueil est d'appliquer un style maison, qui a jusqu'ici seulement fait ses preuves avec des berlines, des breaks et des coupés, à la silhouette massive et haute sur pattes d'un SUV, l'histoire ayant prouvé à maintes reprises que ce n'était pas particulièrement facile, comme avec la première génération de Porsche Cayenne ou encore le concept Aston-Martin DBX. Mais la marque de Coventry marque ici ses premiers points : le F-Pace est non seulement un beau SUV, mais aussi une belle Jaguar, mélangeant des phares très XF de part et d'autre de la typique calandre rectangulaire, et des feux arrière semblant directement transposés de la F-Type. Entre les deux, la ligne de toit plongeante et les ailes gonflées lui donnent un aspect dynamique incontestable, et cet aspect valorisant se retrouve, une fois n'est pas coutume, de l'entrée de gamme jusqu'à la finition la plus haute.

---

Le design est donc une réussite, mais est-ce aux dépens des volumes offerts par l'habitacle ? Non, mais les raisons sont d'abord à aller chercher du côté des dimensions. Le F-Pace s'inscrit dans la catégorie des SUV compacts mais révèle être un des plus grands du segment, à 4,73 m de long et 1,93 m de large sans les rétroviseurs, contre respectivement 4,66 m et 1,88 m pour le X3, 4,63 m et 1,90 m pour le Q5 et 4,70 m 1,92 m pour le Macan. Le Jaguar se montre donc largement à la fois le plus habitable, à l'avant comme à l'arrière même au niveau de la garde au toit, et celui offrant la capacité de chargement la plus importante avec 650 litres, contre 550, 540 et 500 litres pour le BMW, l'Audi et le Porsche. Au final, les seules concessions faites au design se retrouvent au niveau de la visibilité : les montants du pare-brise sont très épais et la lunette arrière très fine et peu large n'offre pas un point de vue extraordinaire à travers le rétroviseur intérieur.

À bord, les habitués de la marque ne se sentiront pas dépaysés : c'est du Jaguar classique mais moderne, avec une finition et un choix des matériaux excellents (si on ignore le plastique des bacs des portières), une instrumentation entièrement numérique et l'écran central de 10,2 pouces (en option au sein d'un pack à partir de 2 155 € ou de série sur les finitions hautes Portfolio, S et Premiere Edition). La position de conduite est parfaite, grâce à un volant ajustable avec amplitude et à la jante épaisse, ainsi qu'un siège réglable en tous sens de série. 

Sous le capot, on retrouve des motorisations déjà connues, à commencer par le V6 3,0 l à compresseur de 340 et 380 ch, l'offre essence devant recevoir bientôt le renfort d'un 4 cylindres 2,0 l turbo de 240 ch, et deux motorisations diesels, le 4 cylindres 2,0 l de 180 ch et le V6 3,0 l de 300 ch. Le plus petit diesel devrait représenter selon Jaguar 70 % des ventes, les 30 % restants se partageant entre le six cylindres mazout à hauteur de 20 % et les moteurs essence à 10 %, et, associé à la transmission aux seules roues arrière et à la boîte mécanique, sa consommation officielle est de seulement 4,9 l/100 km en mixte, ce qui lui permet d'échapper de justesse au premier niveau de malus avec seulement 129 g/km de CO2. Une belle performance pour un bébé au poids minimum de 1 665 kg.

Le Jaguar F-Pace est donc disponible en propulsion avec le 2,0 l diesel mais reçoit sinon une transmission intégrale profitant de l'immense expérience dans le domaine des cousins de chez Land Rover. La répartition du couple va de 90 % vers l'arrière en condition optimale, offrant alors au SUV du félin un équilibre de propulsion, à 50/50 en cas de motricité défaillante et jusqu'à 90 % sur l'avant si les circonstances le réclament, l'électronique passant de l'un à l'autre en 165 millisecondes. De série sur les finitions haut de gamme S et Premiere Edition et sinon en option à 1 250 €, les amortisseurs pilotés et le système Adaptive Surface Response poussent encore un peu plus loin les capacités du F-Pace à la fois sur routes bitumées et dès qu'on s'éloigne (un peu) de la civilisation.

Les tarifs démarrent à 42 740 € avec le 2,0 l diesel, un prix d'attaque sensiblement inférieur aux Audi Q5 et BMW X3 à motorisation équivalente (respectivement 44 350 et 45 000 €), les deux allemands étant cependant offerts avec une transmission intégrale de série pour laquelle il faut ajouter 2 620 € côté britannique. Face à Porsche et avec les plus grosses motorisations, même léger avantage avec un F-Pace V6 Diesel 300 ch affiché à partir de 63 060 € contre les 63 155 € requis pour un Macan S Diesel 42 ch moins puissant ou entre les 59 110 € d'un F-Pace V6 Compresseur et les 63 755 € d'un Macan S, tous deux de 340 ch.