2. Essai - Triumph Tiger GT Explorer : sans complexe
Nous voici donc partis pour Benouville (14), au départ de l'Ouest parisien. Histoire de gagner un peu de temps. Au programme, du Vexin et une navigation "approximative". Pour découvrir du paysage et profiter de ce que cette Tiger à a offrir. Plus de 450 km de roulage sur moyens et petis axes, sous un soleil intéressant et dans de bonnes conditions. La fraîcheur est là, certes, mais la protection aussi. Pour les plus frileux, les selles de cette version Explorer sont chauffantes (on ne se refuse rien…). La Tiger est une moto couvrante, qui bénéficie d'un carénage aussi efficace que discret une fois à bord. La bulle, elle, se montre avenante quelle que soit la position choisie sur une amplitude de près de 6 cm. Autant dire que même grand, on peut encore rouler casque intégral ouvert à bonne allure, sans pour autant avoir la tête qui gigote. De fait, le réglage de la hauteur est pratique et accessible à une main. Validé.
La nouvelle motorisation de la Tiger 1200 demeure un monument d'onctuosité, de douceur, de force et de caractère. Sans démonstrativité outrancière, le 3 cylindres est d'un agrément et d'une efficacité redoutables. Prompt à la reprise à tout régime, avec 3 plages d'utilisation bien marquées et bien placées à chaque tiers de compte-tours, il met à portée de gaz une réponse légèrement retardée mais parfaitement dosée par l'électronique. Jouer avec les modes permet de se rendre compte de l'efficacité de la gestion opérée par les assistances, tandis que l'on a tôt fait d'opter pour le mode Sport, histoire de se donner de l'entrain et de profiter de sa générosité. Sans même songer à paramétrer le mode User. C'est dire.
Le réservoir bien en genoux, on opte le moment venu pour la meilleure manière de prendre une courbe sans peine. Sur les petites routes, c'est un régal. En agglomération, le poids annoncé gène peu les évolutions. Au contraire, la Tiger 1200 fait montre d'une bonne stabilité. On profite ici du dispositif de montée automatique en régime moteur, équi valent du Low RPM Assist chez Suzuki (assistance aux bas régimes moteur) et permettant de ne pas caler à la relance tout en étant toujours dans une plage de régime efficace. Lors de la présentation de la moto, il s'était montré légèrement pénalisant en provoquant un effet de poussée induit par le cardan. Phénomène oco oublié.
Sur les revêtements de route variables que nous rencontrons, les suspensions s'adaptent redoutablement au terrain et leur jeu modifie peu la géométrie générale. Le préréglage le plus ferme est impeccable en cas de conduite zélée, mais le mode intermédiaire offre davantage de confort sans forcément nuire à la trajectoire imposée sans effort depuis le guidon ou les appuis sur la selle. L'amortissement encaisse même les rebonds occasionnés par les bosses avec une compétence appréciable, permettant de lissser le terrain sans pour autant l'amuser. Assurément, voici l'une des réussites de cette Tiger 1200.
Reste à se méfier des ronds points, qui révèlent une garde au sol limitée, du fait d'une implantation basse des repose-pieds. Fort heureusement, ceux-ci sont protégés par un limiteur d'angle dont on fait peu cas lorsque l'on recherche la vitesse de passage en courbe : ils se relèvent volontiers pour permettre de passer fort tout en gardant un bon niveau de sécurité. A la fois l'anti patinage et le freinage anti blocage actifs sur l'angle permettent de limiter considérablement les risques de dérobade. Reste à bien gérer l'action au pied droit, histoire de ne pas subir le relâchement du frein opéré par l'ABS et absorbé par l'arbre de transmission.
Avec l'autonomie réellement importante annoncée, on envisage sereinement 500 km de virée. Optimiste ? Oui, mais largement vérifié dans les faits. Au cours de cet essai, nous avons même dépassé les 600 kmparcourus en adoptant une conduite sur le couple et sans trop pousser les rapports. Dans ce cas, une assise confortable est bien évidemment un plus. C'est le cas en ce qui concerne sa forme, un peu moins sa composition, relativement ferme. On peut quoi qu'il en soit se placer plus ou moins contre le réservoir pour obtenir un niveau de maniabilité appréciable, ou contre le dosseret composé par l'assise passager relevée. Ainsi, on varie les postures de bras et de jambes tout en éliminant une éventuelle fatigue. À la place arrière, le constat est encore meilleur, avec un rembourrage suffisant et une assise ample. Le Calvados se rapproche (le département, pas le breuvage à consommer avec modération).
De fait, la roue avant de 19 pouces constitue un compromis agréable laissant la possibilité d'aller faire un tour dans les chemins sans regretter de ne pas avoir les jantes à rayons ou un pneu avant trop large. Les pneumatiques Metzeler s'acquittent bien de leur tâche sur des terrains secs, mais leur nature mixte privilégie tout de même la route, où ils apportent confort et toucher de premier ordre. En off road, on devra trouver les bons réglages de suspension en fonction du terrain de jeu, tout en conservant à l'esprit le débattement important (200 mm). Il sera de bon ton de durcir afin de ménager le bas du moteur, plus exposé aux chocs. On retrouve alors le comportement tant apprécié lors de la journée de lancement de la moto, au Portugal.
Nous avoici arrivés à destination. Chez ce professionnel de la pièce d'occasion et de la moto accidentée, nous découvrons un immense hall moderne et parfaitement organisé. Les "épaves" sont pour le moins accessibles physiquement et financièrement, bien présentées, et pour peu que l'on soit bricoleur, on trouve ici son bonheur. Reste à bien évaluer les dégâts, mais il est souvent possible de récupérer une carte grise (dossier payable en sus de l'achat de la moto). Une visite des superbes locaux, une explication sur la dépollution, le démontage et la validation des pièces, sur les projets liés au futur contrôle technique, un passage par l'atelier de mécanique générale et nous voici prêts à repartir après une belle découverte. Une adresse validée, en tout cas.
Mais d'abord, quelques churros en bord de mer, histoire de. Nous sommes juste à côté de Houlgate, profitons de la Normandie et de ce qu'elle nous offre si généreusement. Le retour se fera partiellement de nuit, quoi qu'il arrive ; L'occasion d'apprécier l'éclairage de la Tiger 1200 GT Explorer. Adaptatif sur cette version, il offre un spectre pénétrant l'obscurité et déblayant volontiers les bas côtés lorsque l'on prend de l'angle. On oublie rapidement la fatigue oculaire tout en profitant profiter d'une longue portée renforcée par les feux additionnels. Décidément, elle est chère, cette Tiger, mais il ne lui manque vraiment rien…
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