2. Essai - Suzuki GSR 750 2011 : Elle va faire mal !!
Cette présentation de la nouvelle Suzuki GSR 750 tournera rapidement à l'interrogatoire avec, sur le banc des accusés, les cinq Japonais et en guise de cour, une petite dizaine de journalistes venus avec des questions aussi embarrassantes les unes que les autres. Si la majeure partie des questions méritent une attente de plusieurs minutes avant d'avoir une «réponse», celle qui aura le plus perturbé nos amis Japonais sera l'œuvre d'un confrère sévissant aussi sur le web : «Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour proposer sur le marché cette GSR 750 !?»…
Après trois ou quatre minutes de silence, un son sort enfin de la bouche de Keisuke Namekawa (Responsable moteur de la GSR) - avec l'aide du Directeur Commercial de Suzuki France, François Etterlé - «Nous avons souhaité prendre notre temps en réalisant une étude de marché auprès des potentiels clients Européens de la remplaçante de la GSR 600 et ainsi proposer un modèle qui soit le plus représentatif de leurs attentes. Ce modèle, c'est la GSR 750 que vous allez essayer demain et croyez-nous, vous n'allez pas être déçu».
La gueule de l'emploi
Et ça tombe bien, demain, nous y sommes. Le temps est au beau fixe et les motos sont alignées comme à la parade avant un évènement majeur. Si l'on passe rapidement sur des considérations stylistiques qui sont purement personnelles puisqu'une affaire de gout, il faut bien avouer que cette nouvelle GSR arbore un design dans l'esprit manga avec des lignes taillées à la serpe qui lui donnent un look très agressif faisant référence à celles de la dernière Z1000, diront les mauvaises langues…
Coté finition, en revanche, si on peut se féliciter de l'effort fournit depuis les présentations statiques, de Cologne, Milan puis Paris, pour améliorer le modèle de présérie présenté sur ces trois salons internationaux, quelques détails piquent toujours un peu les yeux. Comme par exemple les différents traitements de surface du cadre et des plastiques, les pattes soudées «auderniermomentalarach'» afin de recevoir les clignotants avants, les commodos du siècle dernier ou encore les nombreux files électriques que l'on peut voir à travers le trou béant laissé entre le moteur et le cadre au travers duquel on peut passer un bras. Testé et approuvé par bibi !!
Le bon équilibre
Bien que plus haute de selle de 30 mm par rapport à la GSR 600, la sept et demi permet de poser les deux pieds bien à plat malgré mon mètre soixante-dix offrant ainsi la possibilité à des motardes ou motards de se sentir à l'aise au guidon de la petite nouvelle. Pour arriver à ce résultat, les ingénieurs de chez Suzuki ont travaillé au mieux le tout nouveau cadre en acier (en aluminium sur la 600) de la GSR 750 afin de réduire sa section à l'entrejambe tout en offrant une selle rembourrée et de ce fait confortable.
La première partie de l'essai de fera en ville et sur autoroute. 40 bornes de ligne droite durant lesquelles la nouvelle GSR nous a montré un quatre cylindres en ligne coupleux - issu de la GSX-R 750 2004 et pas plus récent puisqu'il semble que ce soit le mieux adapté à une utilisation routière - permettant de véloces relances même sur le sixième et dernier rapport. Nous avons aussi pu remarquer que les évolutions à basses et même très basses vitesses avaient permis de révéler un châssis très équilibré et apte à se faufiler comme une anguille dans les parcours citadins. A noter que des vibrations viennent vous chatouiller tous les parties en contact avec la moto sur tous les rapports, entre 6 500 et 8 000 trs/min et que cette impression s'amplifie sur les motos les plus kilométrées…
Le Paf au Pif…
Après, c'est festival. La route entre La Palma des Condado et Aracena, que nous ferons dans les deux sens, offrent tous l'éventail de situations que l'on peut trouver sur route avec des portions très sinueuses et techniques au bitume irréprochable, une portion un peu plus roulante mais au revêtement dégradé et enfin une zone faite de courbes au rayon constant dans lesquelles on passe à des vitesses loin d'être référencées au code de la route.
Dans la première zone très sinueuse et technique, la Suzuki GSR 750 2011 s'est montrée à son aise, vive et agile. Au file des courbes, les 210 kilos tous pleins faits demandaient plus d'implication de la part de son pilote pour lui faire passer d'un Pif au Paf. Un Paf dans lequel il est presque possible de rentré au Pif tellement le train avant, bien secondé par une monte pneumatique sportive (BT016F à l'avant), ne verrouille pas quand on y rentre un peu trop fort sur les freins.
Des freins confiés à Tokico à l'avant avec une paire d'étrier double pistons pinçant des disques de 310 mm de diamètre et Nissin à l'arrière avec un simple étrier simple piston agissant sur un disque de 240 mm. Une solution permettant de prendre les freins sans se faire surprendre par la puissance, qui sera un vrai atout sur routes humides ou pour les débutants mais qui, malheureusement, perdra de sa superbe pour celui ou celle qui voudra entrer en piste ou régler ses comptes sur une arsouille avec des potes. L'endurance n'étant pas son fort…
Sur le bon rail...
Nous attaquons une partie parfaite pour solliciter la partie cycle et un peu plus tard le châssis. Sur une portion au bitume imparfait la nouvelle GSR encaisse sans broncher les défauts de la route, que ce soit moto droite ou plein angle. On pourra juste reprocher un amortisseur arrière peut être un peu raide sur les raccords secs et marqués mais rien de bien méchant d'autant plus que le rembourrage de l'assise pilote est parfait au contraire de celle du passager.
Dans les grandes courbes au rayon constant entre Minas de Riotinto et Aracena, le 750 trace sa route sans que rien ne puisse venir la perturber. Plein angle, on peut encore mettre poignée en coin sans que le châssis ne commence à donner des signes de fatigue tout ceci permettant d'utiliser tout le potentiel du moteur et du Bridgestone BT016R qui aura d'ailleurs des allures de pneu tout fripé à la fin de notre essorage en règle. Un moteur qui prend très vite ses tours et qui vous envoie à la zone rouge presque trop vite avec force et vigueur tout en délestant un train avant qui nécessiterait presque un amortisseur de direction, pour bien faire…
Photos : Lionel Beylot, Eric Malherbe
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