Comment est fabriquée la Sandero, voiture préférée des Français ?
L'usine Renault de Tanger fabrique la voiture la plus vendue en France, mais aussi en Europe : la Dacia Sandero. Comment est-elle fabriquée et comment Dacia parvient à conserver des prix aussi compétitifs. Caradisiac vous emmène dans les coulisses de l'une des usines les plus performantes d'Afrique.

La Dacia Sandero, c’est tout simplement la voiture préférée des Français et des Européens depuis plus de 7 ans. L’an dernier, Dacia a vendu plus de 300 000 exemplaires de son modèle à destination des particuliers. Mais ce que peu de clients savent, c’est que cette voiture ‘low-cost’ n’est pas fabriquée en France.
C’est dans la zone franche de Tanger au Nord du Maroc à 2000 km de la France que naît la Sandero. Il s’agit de la plus grande usine d’Afrique. Chaque année 340 000 véhicules y sont produits. Caradisiac vous propose découvrir comment est fabriquée la voiture la plus vendue en France.
L'usine Renault de Tanger, est l’un des plus gros sites industriels du groupe Renault. Inaugurée en 2012 par le roi Mohammed VI, elle a été conçue en partenariat avec le Royaume du Maroc et Veolia pour être une usine exemplaire sur le plan environnemental. Un gigantesque parc d’éoliennes, l’utilisation partielle de la biomasse pour la chaufferie et un traitement spécifique des liquides industriels ont permis de réduire drastiquement la consommation d’énergie et les émissions de CO2. Le site se classe ainsi parmi les plus propres du monde.


Ici, près de 8 000 salariés travaillent en 3 équipes, 6 jours sur 7. Trois modèles sont produits : la Sandero, le Jogger et un modèle spécifiquement conçu pour le marché Nord-africain, le Renault Express. Il s’agit d’un utilitaire dérivant du Dacia Dokker. Au total 95% des voitures produites ici sont exportées en Europe.
"Notre premier client c'est la France"
Le site de Tanger est donc l’un des piliers du groupe Français. De part sa situation stratégique au bord de la Méditerranée à quelques heures de bateau seulement de l’Europe où l’usine exporte la majorité de sa production. « L’export représente la plus grosse partie de notre activité. On s’organise en fonction des différentes destinations. Notre premier client c’est la France. On gère la production et l’acheminement en train jusqu’à l’usine de Tanger Med », explique Miguel Oliver Boquera, DG de l’usine de Tanger et Somaca (Société Marocaine de Constructions Automobiles).


Avec l’usine de Casablanca, Renault Maroc, c’est environ 17% de la production mondiale du groupe Français. Ce qui fait la performance de ce système industriel, c'est le volume de production et les infrastructures de premier plan. L'emboutissage par exemple, avec cette presse, la plus rapide d’Afrique, capable de former plus de 900 pièces à l’heure ou encore le contrôle qualité. Dans les tunnels de lumière, les ouvriers scrutent le moindre défaut et sont en liaison direct avec la France et la Roumanie via un centre de contrôle connecté qui permet d’agir et de parer rapidement au moindre problème.
La tôlerie, la peinture et le montage, tout est minuté et automatisé à hauteur de 40%. Le moindre geste des ouvriers est épaulé par des robots modernes. Pour la livraison des pièces par exemple, des chariots autonomes livrent directement l’ouvrier à son poste de travail.


Avec la montée en cadence de la production et l’intégration du Jogger, l’usine a mis à contribution l’industrie locale. Si les motorisations et les transmissions proviennent d’Espagne et de Turquie, plus de 55% des pièces utilisées pour fabriquer la Sandero sont d’origine marocaine.
« Quand Renault arrive au Maroc en 2012, il arrive avec une série de sous-traitants. Ils installent leurs usines ici, ils font travailler des gens, ils achètent des matériaux et créent une économie pour le pays. Renault est très important pour le Maroc », observe Moulay Ahmed Belrhiti, Rédacteur en chef du journal L’économiste.
Renault, première entreprise privée du Maroc
La Sandero Made in Morocco fait donc travailler du monde. Beaucoup de monde même, car les nombreux équipementiers embauchent aussi à leur tour de nombreux sous-traitants. En 2023, tout cet écosystème, incluant le site de Casablanca a généré un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros et plus de 2 milliards liés au sourcing local faisant du groupe Renault la 1ère entreprise privée du Maroc.

Le choix du Maroc est stratégique pour sa situation géographique mais aussi économique. Premièrement, le gouvernement a signé des accords de libre-échange avec l’UE, ce qui exonère l’importation de produits industriels de droits de douane. Le Royaume offre même des subventions allant jusqu'à 35 % aux fabricants pour qu'ils s’implantent dans le pays. Enfin le prix de la main d’oeuvre défie toute concurrence. Produire une voiture ici coûte deux moins cher qu’en Roumanie.
Le salaire moyen d’un employé varie entre 350 et 500 € par mois, ce qui permet à Dacia de conserver des prix de ventes toujours aussi bas. La Sandero débute par exemple sous les 13 000 € en France, c’est imbattable. Mais même avec des salaires équivalents à un quart du SMIC, les emplois sont mieux rémunérés que le revenu moyen au Maroc. En 2022 le salaire minimum légal dans le secteur de l’industrie était de 2 638 dirhams bruts (270 €), selon le Centre Marocain de Conjoncture, un observatoire indépendant de l'économie marocaine.
D’ailleurs, le groupe Renault n’est pas le seul à avoir flairé le filon puisque Stellantis y produit également plusieurs modèles et plusieurs entreprises spécialisées dans la fabrication de sièges, de moteurs et de pièces sont implantées à la Cité de l'automobile de Tanger. Le royaume du Maroc est devenu le nouvel eldorado de l’industrie automobile.
Il faudra en moyenne 4 heures pour assembler la Sandero après son passage en peinture. Les voitures sont ensuite contrôlées, testées dynamiquement et envoyées à l’export.


C’est une logistique parfaitement huilée qui permet d’acheminer les Sandero jusqu’en France. Les voitures produites sont acheminées par voie ferrée, à raison de cinq trains par jour, vers le port de Tanger Med, situé à trente kilomètres de l’usine. Elles sont ensuite chargées sur les bateaux pour être ensuite exportés vers l’Europe, les pays du Golfe, l’Afrique et Cuba. Au total, plus de 70 destinations. « On s’occupe de tout, la quantité et le type de véhicules produits en fonction des marchés et de leurs destinations, c’est une manière originale et efficace de fabriquer des véhicules », explique Miguel Oliver Boquera.

Produite dans l’usine high-tech de Tanger, véritable vitrine du savoir-faire industriel de Renault au Maroc, la Sandero tire parti d’un positionnement géographique stratégique, à la croisée de l’Europe et de l’Afrique. Portée par des prix ultra-compétitifs et une qualité de fabrication qui surprend, la citadine n’est pas devenue numéro 1 des ventes en France et Europe par hasard.
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