Pour Sébastien Loeb, la fin d'année se présente plutôt chargée. Essai de red Bull F1, de Peugeot 908, Course des champions, rallye du Var, rallye de Grande-Bretagne mais aussi karting, enduro, moto, bref, le garçon ne manque pas d'occupations.
J'apprends d'ailleurs de sa bouche qu'il va au Var comme je vais aux courses (au supermarché), à savoir sans avoir reconnu, ni même vu sa voiture qu'il a découvert en miniature comme nous tous. En fait, il a découvert sa C2 le matin même de cette journée. Et pour tout dire, il ne savait même pas encore où récupérer sa femme qui doit le copiloter sur cette épreuve ! Mieux, alors que j'aborde la Course des Champions, il me demande sérieusement : "Au fait, il y est Schumacher ?" Vraiment occupé, le garçon.
En tout cas, il est loin le Loeb de 2002. Le petit gars accessible est devenu la cible de tous et il est constamment hélé, sollicité, interviewé, dès lors, il ne faut pas trop lui en vouloir de survoler tout ça dans une sorte de catalepsie, d'état second duquel il ne sort que pour discuter avec Sarrazin, son équipe, quelques potes ou avec Marion Jolles ... c'est le privilège du sexe que certains osent encore appeler faible !
Bref, Loeb a en général des réparties formatées plein sa besace et malgré une bonne volonté évidente (jamais il ne rechigne), difficile d'établir une vraie conversation. C'est assez compréhensible, le gars est 5 fois champion du monde des rallyes et cela fait 6 ans qu'il répond à toutes les interviews qui tournent invariablement autour des mêmes sujets. Mais je vais m'incruster et profiter d'un reflux passager de la marée (de micros) pour tenter de nouer un dialogue.
Ce que l'on retiendra toutefois (outre qu'il est heureux d'être là et qu'il remercie Peugeot, Citroën et Total), c'est que toutes les opportunités d'essayer de nouvelles autos, de nouvelles disciplines sont bonnes à prendre pour lui. Loeb est en quête.
Il ne l'affirme pas clairement mais il parle souvent de l'après rallye. Si on lui dit "et après 2010 ?", il dira que rien n'est décidé à ce jour mais qu'il pense réellement à faire du circuit, et ce dès l'année prochaine car le championnat WRC ne comportera que 12 manches. Il plaisante quand les équipes de Tf1 lui disent qu'elles vont suivre Ogier au RAC : "ça y est, je suis trop vieux, on me laisse de côté".
Du strict point de vue de son essai de la Peugeot 908 sur le grand HTTT avec la ligne droite du Mistral complète, certains annonçaient des chronos à seulement une seconde de l'autre voiture en séance d'essai. Si c'est le cas, cela s'est fait la veille car sur les 10 tours effectués face aux médias, la n°7 tournait en 1.39 quand Sébastien Loeb était régulièrement en 1.43 avec un meilleur chrono en 1.42''6. À l'œil, la n°9 abordait certaines courbes bien moins vite. Il le confirmera plus ou moins ensuite, mais les appuis aéro de la 908 sont tels qu'il est extrêmement difficile de percevoir la limite d'adhérence. Et plus que jamais en 908, plus on est vite, plus on a d'adhérence et plus l'auto est facile. Il faut "juste" (re)programmer son cerveau et beaucoup rouler, ce que n'a pas eu le temps de faire le rallyman.
La gestion du couple moteur est aussi une difficulté car contrairement au rallye, gérer les gaz en Peugeot 908, c'est éviter d'être trop bas dans les tours pour ne pas prendre un tsunami de couple sur les roues arrière qui déstabilise l'auto. En rallye, par contre, la même attitude permet de "chercher" la motricité. Bref, l'adaptation parait plus difficile qu'à la F1.
Parlant de choses et d'autres, j'aborde à nouveau le sujet Schumi "Au fait, il est si bon que ça en moto ?".
Visiblement, le sujet le passionne puisque son regard s'allume. "Oui, oui. L'an dernier on a roulé ensemble et on se suivait. Nous avons à nouveau roulé il y a 15 jours et il a méchamment progressé. Mais bon, il ne fait que ça en ce moment, c'est normal ... "
Et moi de finir par un "Il est à la retraite, lui ...".
Toujours dans la discussion, je lui demande si un Rallye Monte-Carlo sans Loeb, c'est bien normal. Sa réponse va me surprendre. "Mais il n'y a pas de Monte-Carlo cette année !" Là, je commence à bafouiller, envisager un scanner pour détecter une anomalie chez moi, puis j'ose :
" bein, si, y'a un Monte-Carlo... en IRC"
"Aaah en IRC. Non, ça le fait pas. J'ai bien envisagé d'y participer mais chez Citroën on n'a pas de S2000 alors si c'est pour se faire taper (j'imagine que même s'il ne le dit pas, il faut rajouter "Peugeot" juste derrière), ça n'est pas envisageable. Et puis de toutes façons, ça tombait en plein milieu de mes vacances ... "
Après qu'il ait raconté ses dernières anecdotes de saut périlleux arrière et alors que Marion Jolles tente de le convaincre d'être le fil rouge d'une émission restrospective de fin d'année, j'aborde encore la Course des Champions en imaginant un concours de saut périlleux arrière à réaliser dans les coulisses. Sébastien Loeb contre Carl Edwards, vice-champion Nascar, lui aussi coutumier de la boucle arrière, ça aurait de la gueule.
Et si jamais ça se produit pour de bon, c'est que quelqu'un aura trouvé mon idée pas si stupide !
Sébastien Loeb pressé de partir pour se rapprocher du centre névralgique du Rallye du Var ( et trouver sa femme !) s'éclipsera vite. Stéphane Sarrazin qui doit lui aussi participer au Rallye en tant qu'ouvreur à bord de la 207 RC restera avec ses équipiers de Peugeot Sport dans les stands d'un HTTT Paul Ricard que la nuit a déjà recouvert.
Journée réellement sympathique
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