Le 3,5 litres V6 hérité de Nissan se distingue par un couple respectable, une grande partie des 330 Nm étant de plus disponible dès le bas du compte-tours (85 % à 1200 tr/mn). Compte tenu de la cylindrée, les 245 chevaux annoncés n’ont rien d’exceptionnel. Les performances, avec 230 km/h en vitesse de pointe, un peu plus de 29 secondes au 1000 m départ arrêté, se situent juste au-dessus d’une 607 3.0 Auto 210 ch, au niveau d’une Lexus GS 300 mais en retrait de celles obtenues par une E 320 ou la Chrysler 300 M 3.5. On retiendra en revanche la superbe discrétion du V6, et un velouté de fonctionnement digne des meilleures de la catégorie.
La boîte de vitesses automatique est également d’origine japonaise (une habitude prise dès 1996 avec les Safrane à moteurs 5 cylindres Volvo). Il s’agit ici d’une évolution de celle inaugurée il y a un an avec la Laguna 3.0 V6. A 5 rapports et commande impulsionnelle, véritablement auto-adaptative, elle participe par sa douceur et sa rapidité au remarquable agrément de conduite malgré l’étagement imparfait comme en témoigne la vitesse maxi atteinte en quatrième.
Le 3.0 dCi en demi-teinte
Cet étagement, inchangé avec le 3.0 dCi dépourvu lui aussi de boîte manuelle, convient en revanche parfaitement à cette motorisation diesel. Japonaise elle aussi, elle ne provient pas du partenaire Nissan, mais de chez Isuzu, constructeur lié à General Motors. Sans être rustre ni paresseux, ce V6 de 180 ch, fournissant au mieux 350 Nm, n’a pas l’onctuosité et le silence de fonctionnement du 3 litres BMW ou du 2.7 Mercedes. Il ne permet pas de procurer des performances comparables (205 km/h en vitesse maxi et 32 secondes au 1000 m départ arrêté), loin s’en faut. Grâce à l’accord moteur/boîte parfait et à l’insonorisation extrêmement soignée, l’agrément surpasse néanmoins celui procuré par la Saab 9.5, équipée du même moteur depuis l’an dernier. Pour un diesel moderne, à injection directe à rampe commune, il s’avère un brin décevant par son rapport performances/consommation anodin, voire défavorable dans l’encombrante et lourde Vel Satis (1905 kg vérifiés en version intermédiaire Privilège). Comptez presque 11 l/100 km en moyenne.
Le 2.2 dCi de 150 ch soutient la comparaison avec la 607
Le 2.2 dCi de 150 ch apparu récemment sur la Laguna constitue ici une motorisation intéressante qui permet de soutenir la comparaison sur pratiquement tous les points avec la 607 2.2 HDi 136 ch, sauf en ce qui concerne la consommation, plus élevée d’un demi-litre aux cent, et la dépollution en raison de l’absence du filtre à particules dont PSA possède l’exclusivité. Cette même motorisation existe dans une variante dégonflée à 115 ch qui constitue l’offre de base, destinée principalement aux sociétés grâce aux avantages fiscaux liés à sa puissance de 7 CV. Nous ne l’avons pas prise en main, mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. Comme la 150 ch, elle reçoit uniquement une boîte de vitesses manuelle à six rapports correctement étagée mais dont le levier manque un peu de consistance et de précision.
Le 2.0T de 165 ch à essence est une nouvelle motorisation propre à Renault dérivée du 2.0 16V 140 chevaux de l’Espace, séduisant par son extrême souplesse. Accolé à la boîte 6 vitesses parfaitement échelonnée (automatique autoactive à 5 rapports en option), il permet à cette version de coller de près là encore aux prestations de la 607 2.2i.
Comportement : l’atout maître
La plus grande satisfaction de la Vel Satis provient sans nul doute du comportement dynamique. Le train arrière, bijou de technologie et de compacité, n’est certainement pas étranger à l’affaire. Exception faite d’une motricité perfectible comme l’atteste l’antipatinage qui intervient un peu trop fréquemment, les qualités routières frisent la perfection. Le sous-virage ne vient que très rarement entamer le plaisir de conduite de cette stupéfiante grande berline qu’on supposait a priori moins agile. C’est à la fois diablement efficace et très sûr, sans parler de l’intervention fine du contrôle de stabilité (ESP), naturellement proposé en série. La direction à assistance variable, qui se montre précise et toujours agréable, participe à la tenue de cap imperturbable sur autoroute.
Sans avoir rencontré de fortes bourrasques, la sensibilité au vent latéral semble éviter tout grief malgré la hauteur de caisse. La puissance du freinage surprend aussi pour toutes les versions, au contraire de l’endurance du système qui vaut la moyenne sans plus avec les 6 cylindres (excellente avec les 4 cylindres).
Le confort de roulage ne pâtit aucunement du centre de gravité haut, ou d’un quelconque mouvement de roulis malgré la souplesse et les longs débattements des suspensions. C’est du grand art, si on oublie, sur mauvaise route abordée plein pot, un phénomène de pompage à l’avant, pour arriver parfois en butée de suspensions.
Un manque de soutien latéral
La position de conduite, idéale pour tous les gabarits, fait partie des qualités du modèle, comme le confort des sièges fermes aux ceintures intégrées et aux multiples réglages, y compris la double inclinaison du dossier, lombaires et dorsales. Leur aspect un peu massif et le manque de soutien latéral peuvent à la rigueur susciter la critique. A l’arrière, outre l’espace disponible et une banquette bien dessinée (plutôt pour deux occupants), on apprécie la ventilation réglable en bout de console centrale.
La climatisation automatique est aussi discrète qu’irréprochable. Bon, on est presque déçu de ne pas retrouver en finition Initiale le coffret avec coupes en cristal du prototype exposé au Mondial de Paris en 1998. On doit se contenter de deux porte-gobelets dans l’accoudoir central. Cela dit, cette exécution haute recèle de nombreux petits espaces de rangement bien conçus. C’est à peine moins bien avec la Privilège.
La qualité des matériaux et leur assemblage atteignent un seuil - jusqu’alors inconnu sur une Française, et sur l’Avantime en particulier - vraiment très proche de ce qu’offrent les Allemandes les plus huppées. Seule la présentation intérieure qui flirte entre originalité et luxe peut dérouter (planche de bord, instrumentation et certaines selleries peu valorisantes).
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