Pour tout savoir sur la pile à combustible et l'hydrogène concoctés par Nissan et Air Liquide, j'ai interviewé les deux intervenants de la conférence de presse : Grégory Nève, Directeur Communication Nissan Europe de l'ouest, et Dominique Bernal, Directeur Technologies Avancées Europe au sein de Air Liquide.
Comment Nissan exploite-t-il la pile à combustible ?
Grégory Nève : "Avant toute chose, je vous rappelle le fonctionnement. Dans la pile à combustible, l'hydrogène est couplé avec l'oxygène de l'air afin de produire de l'électricité en n'émettant que de la vapeur d’eau. Il s'agit de l’énergie chimique qui est transformée en énergie électrique grâce à une réaction d’oxydation de l’hydrogène et de réduction de l’oxygène. La pile à combustible est le coeur du dispositif, c'est là où l'on créé l'énergie.
Chez Nissan, on utilise la pile à combustible depuis 1996. Plusieurs types de véhicules équipés de pile à combustible à l'hydrogène ont été développés. Le premier en 2001 : le Nissan XTERRA FCV. Le deuxième en 2002 : le Nissan X-TRAIL FCV. Aujourd'hui, nous en sommes à la 3e génération du Nissan X-TRAIL FCV, c'est celle qui vous est présentée lors de la conférence de presse : elle est la plus performante et la plus aboutie. La pile à combustible a gagné 40 % en taille, 50 % en poids et a connu une amélioration du catalyseur qui a permis de doubler la durée de vie de la voiture par rapport à la version précédente. Une précision : la pile à combustible est développée en interne chez Nissan depuis 2004."
Et qu'en est-il des infrastructures ?
Dominique Bernal : "Les constructeurs envisagent de commercialiser les premiers véhicules à l'hydrogène à l'horizon 2015. L'ouverture des marchés de l'hydrogène, vecteur énergétique propre, se fera en même temps. Les infrastructures vont se construire au fur et à mesure mais la technologie brevetée Air Liquide existe déjà : une trentaine de stations, qui permettent d'alimenter ces véhicules en hydrogène en toute sécurité, sont mises en place en Europe (dont 2 stations de distribution à Paris et à Trappes), aux Etats-Unis et au Japon (une dizaine de stations à Tokyo) dans le cadre de projets et de partenariats avec de grands constructeurs comme Nissan. Ils ont fait de la préservation de l'environnement un de leurs objectifs. Le plein du réservoir s'effectue de 3 à 5 minutes, c'est aussi rapide que pour les véhicules Diesel et essence actuels.
Aujourd'hui, Air Liquide est le leader des gaz industriels : le Groupe dispose de ses propres outils de production, de ses usines de production, fait la distribution de l'hydrogène auprès des utilisateurs ainsi que le stockage. Notre ambition est de participer activement au démarrage du marché de l'hydrogène. Nous travaillons avec les constructeurs qui proposent des démonstrations pour faire mieux connaître ces technologies et montrer qu'elles existent. Tous les constructeurs (japonais, américains et européens) se penchent sur l'hydrogène, y consacrent d'importants efforts de recherche et développement, ce carburant alternatif propre ayant un énorme potentiel. Mais ils n'ont pas tous la même feuille de route : certains privilégieront d'abord d'autres voies comme l'hybride et l'électrique. Actuellement, la voiture est entièrement dépendante du pétrole. Je suis convaincu que l'hydrogène prendra toute sa place au milieu des autres sources d'énergie à l'horizon 2015. Ainsi demain, vous et moi, nous pourrons rouler au quotidien avec ces véhicules zéro émission polluante!"
Quels sont les obstacles à franchir avant la commercialisation du Nissan X-TRAIL FCV ?
Grégory Nève : "Il faut améliorer la durée de vie de la pile à combustible même si des progrès ont été effectués ces dernières années. Il faut diminuer les coûts des technologies, des stations de ravitaillement ainsi que le prix de ces véhicules à l'hydrogène pour les rendre abordables. Il convient de simplifier encore davantage l'ensemble du système et de bien choisir les matériaux qu'on va utiliser. Il faut ainsi lever les derniers freins le plus rapidement possible !"
L'hydrogène répond à un double enjeu : un enjeu énergétique, de diversification et de sécurisation des sources, et un enjeu environnemental, celui de la baisse des émissions des gaz à effet de serre. Aujourd'hui, le transport est responsable de plus de 20% des émissions de C02 sur la Planète. Cette part et ces quantités sont croissantes en raison de l'augmentation du parc de véhicules dans les pays émergents, comme l'Inde ou la Chine. Vivement que l'hydrogène économique parte à la conquête du monde entier !
Photos de la conférence de presse et des intervenants
(Dominique Bernal à gauche, Grégory Nève à droite)
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