Milanais de naissance, parisien de cour, américain d'adoption, citoyen d'honneur de la ville du Mans, Luigi Chinetti fut l'un des grands acteurs du sport-automobile. Triple vainqueur des 24 heures du Mans, il devint ensuite un "Patron" d'écurie obstiné et comblé.

Fils d'un armurier, Luigi Chinetti passe toute son enfance dans un milieu tout entier voué à la mécanique. Attiré par l'aviation, il vibre aux exploits de la Grande Guerre et à seize ans, il veut s'engager dans l'armée de l'air italienne. Trop jeune, il est tout même recruté comme apprenti-mécanicien et bientôt se prend de passion pour les moteurs et, pourtant diplômé de l'école polytechnique de Milan quatre ans plus tard, il retourne à sa passion en entrant chez Alfa Romeo comme simple mécanicien. Il y côtoie Vittorio Jano, le génial concepteur des P2 et P3, rencontre un pilote à haute stature qui parle déjà fort, un certain Enzo Ferrari...

Affecté aux essais, il ne tarde pas à prendre goût à la course, mais épris d'indépendance, il choisit en 1926 d'être détaché à Paris, devenant l'importateur officieux de la marque avant d'étoffer ses activités par l'ouverture d'un atelier spécialisé dans la préparation de machines sportives. Ainsi, lorsque la marque milanaise décide de s'engager au Mans, Chinetti qui a acquis une excellente réputation, est l'homme de la situation qui se trouve au bon moment au bon endroit. Avec une Alfa 8C-2300 qui domine son sujet avec insolence, Chinetti ne tarde pas à accumuler les succès. Vainqueur dès sa première participation en 1932 en compagnie de Raymond Sommer, il n'est battu que d'une courte longueur l'année suivante par l'immense Tazio Nuvolari, avant de triompher à nouveau en 1934 avec Philippe Etancelin Après la nationalisation d'Alfa Romeo par l'état fasciste italien, Chinetti part chez Talbot, mais au volant des voitures bleues, il ne parviendra jamais à rallier l'arrivée de 1937 à 39. A la veille de la guerre, il rejoint l'Ecurie Bleue, une équipe dirigée par Laury et Lucy Schell, qui aligne des Delahaye.

En 1940, les deux Américains de Paris décident de regagner la mère patrie et emmènent dans leurs bagages trois Maserati 8 CTF pour disputer Indianapolis et... Luigi Chinetti comme chef mécanicien. La France est désormais occupée et Chinetti décide de rester outre-Atlantique, mais lorsque l'Amérique entre en guerre, il est alors considéré comme sujet ennemi et connaît des jours difficiles avant d'obtenir sa naturalisation en 1946. De retour en Europe pour régler ses affaires, il retrouve Enzo Ferrari, le convainc de l'importance du marché américain et lui propose d'en assurer la représentation. Il ne fait plus de doute aujourd'hui que cette décision assura la fortune des deux hommes ! Pour assurer le rayonnement de la marque, Chinetti va naturellement compter sur l'impact de la course.

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