2. Je planquerais mon cigare

Justement, c’est un fauve qui se présente en premier. La Jaguar qui s’arrête dans le feulement de son V6 cache notre "première infraction". Confortablement installé dans un cuir pleine fleur, son propriétaire s’accorde une pause, un superbe cigare entre les doigts.

Consciencieux, nous rentrons dans notre rôle :

- "Bonjour, vous savez qu’il est désormais interdit de fumer en conduisant ?"

Profitant du moment d’hésitation provoqué par l’annonce, nous enfonçons le clou et assénons la doctrine sécuritaire qui nous motive. - "C’est aussi dangereux que de téléphoner au volant."

Sourire en coin, notre amateur de Havane se montre tout de même surpris. Serait-il passé à côté de cette information ? Sans se démonter, il passe à l’offensive. Il possède un commerce non loin d’ici et nous explique gentiment qu’il connaît les policiers du coin (il fallait comprendre "les prunes, je les fais sauter quand je veux"). Et puis, ce petit plaisir qu’il s’accorde en milieu de journée, il ne veut pas s’en priver. Ce n’est pas un gros fumeur mais cette histoire lui paraît relever de la fumisterie. Par précaution et se méfiant tout de même des représailles que nous pourrions lui faire subir, il précise qu’il fera attention à l’avenir… en planquant l’objet du délit. Au passage, ce monsieur semble oublier qu’il sera difficile de cacher les épaisses volutes.

- "A l’avenir, cette infraction vaudra 100 euros." L’argument final fait mouche sur la tranquille assurance et le sourire s’efface pour une moue crispée. Mais visiblement, la prévention n’a pas été très efficace.