Le verdit est tombé cette semaine : parallèlement à l'adoption de l'éco-pastille (voir article), l'idée de réduction de 10 km/h de la vitesse sur tout le réseau routier a été abandonnée lors de la phase finale du Grenelle de l'environnement. Pourquoi cette proposition n'a pas été retenue ? Un petit rappel s'impose pour vous éclairer à ce sujet.
Durant la préparation du Grenelle de l'environnement, plusieurs propositions ont émergé pour favoriser la réduction des vitesses et la fluidité du trafic : une diminution de 10km/h sur l’ensemble du réseau routier de France et un concept d’autoroutes apaisées dans les zones péri-urbaines (70 km/h). Le groupe n°1 "Lutter contre les changements climatiques et maîtriser la deande d'énergie" a souligné qu'une gestion dynamique des limitations de vitesses en fonction de la fréquentation auraient aussi un impact positif sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) puisqu’ils permettraient notamment de réduire les situations de congestion, synonymes d’importantes émissions de GES.
Zoom sur la proposition durant la préparation du Grenelle : réduction des vitesses maximales de 10 km/h sur l’ensemble du réseau routier pour les véhicules particuliers
En septembre 2007, "le groupe n°1 s’est accordé pour recommander une réduction de 10 km/h des vitesses sur l’ensemble du réseau routier de France : les vitesses autorisées passeraient respectivement de 130 km/h, 110 km/h ou 90 km/h à 120 km/h, 100 et 80 km/h. Le groupe a souligné que l’impact serait non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour la sécurité routière et la diminution des nuisances sonores. Cette mesure présenterait l’avantage de pouvoir être mise en œuvre rapidement, sur tout le territoire et de concerner tous les trafics – y compris de transit – sans coût budgétaire.
Le groupe a estimé également que la France lors de sa prochaine présidence de l’Union Européenne en 2008 pourrait militer en faveur d’une limitation des vitesses sur l’ensemble du réseau autoroutier européen. L’intérêt de la réduction de vitesse réside moins dans les économies directes de carburant du fait de la réduction de vitesse limite avec les véhicules existants que dans l’impact sur la conception des véhicules mis en vente sur le marché européen : la perspective de limitation généralisée des vitesses inciterait les constructeurs à concevoir des véhicules de moindre puissance aux performances plus limitées, donc moins puissants et donc à des gains de consommation à tous les régimes et à toutes les vitesses, même en circulation urbaine.
Les services du MEDAD (DAEI) ont évalué l’impact de cette mesure de réduction des vitesses maximales sur les autoroutes à 250 à 300 kt CO2/an, avec un potentiel de 1 MtCO2/an si tous les véhicules respectaient la vitesse maximale et à 800 kt CO2/an sur les routes. L’évaluation de l’impact économique est plus compliquée : elle dépend fortement de la valeur donnée au temps, qui est très controversée parmi les experts, à comparer aux gains en termes de confort et de sécurité routière. Par ailleurs, cette mesure favoriserait le report modal puisqu’elle réduit le différentiel de vitesse entre modes et elle permet de lutter contre l’étalement urbain : en effet, il semble que ce soit avant tout la vitesse des déplacements automobiles qui est responsable de l’étalement (péri)urbain et de ses nuisances environnementales."
Vous l'avez compris : le bénéfice écologique est passé au second plan face notamment à la puissance du lobby économique, d'où le rejet pur et simple de cette proposition. Un de nos lecteurs a également mentionné que ce projet de diminuer la vitesse sur route et autoroute était une belle utopie : il a souligné que les limitations actuelles sont déjà bafouées haut la main, donc avant de réduire la vitesse, c'est le comportement "humain" qu'il faudrait changer. D'après un sondage Ifop de mi-octobre commandé par Direct Assurance intitulé "Les Français et les mesures Transport du Grenelle de l'Environnement", publié ainsi avant la phase finale du Grenelle et le fameux verdict, 61% des Français étaient contre la diminution de 10 km/h des vitesses maximales autorisées sur routes et autoroutes (69% pour ceux qui utilisent chaque jour leur auto) et 7% seulement estimaient cette mesure efficace afin de réduire les émissions polluantes (voir article). Le débat est ouvert !
(Photo : permisecole.com)
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