Voiture électrique à 100 € par mois: ce n'est pas gagné !
Pour louable qu'elle soit, la mesure annoncée par le candidat Macron bute encore sur de nombreuses questions: "Pour qui?", "Comment?", "Combien?"... Faute de réponse à ces interrogations, celle du "quand?" reste en suspens.
Lancée par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, la séduisante idée de proposer une « voiture électrique à 100 € par mois » bute maintenant sur le principe de réalité, et prendra plus de temps qu’espéré à s’installer.
Pour mémoire, le candidat Macron avait promis, lors de son premier discours de campagne le 17 mars, le déploiement "d’une offre abordable de véhicules électriques (...) en mettant en place des mécanismes de leasing pour accompagner les ménages les plus modestes".
Interrogée par France Info ce jeudi matin, la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a tenu à préciser les choses : le projet "ne s'adresse pas à tous les Français: ça s'adresse aux Français qui en ont le plus besoin."
Et celle-ci d’ajouter que l'ouverture de locations de voitures électriques pour 100 euros par mois "sera ciblée sur des professionnels dont la voiture est un outil de travail, comme les infirmières libérales, et sous conditions de revenus."
Seront aussi concernés "ceux qui n'ont pas les moyens de passer à un véhicule propre parce qu'il est trop cher aujourd'hui sur le marché."
C’est déjà très bien ainsi, mais il est illusoire d’espérer profiter d’un effet d’aubaine : il n’y aura pas d’ « argent magique » pour faire rouler toute la France en voiture électrique.
Concernant la mise en place de la mesure, la ministre a averti : "ce n'est probablement pas pour septembre", dans la mesure où de nombreuses réunions doivent encore être menées entre les pouvoirs publics, les banques d’Etat censées prendre en charge une partie du financement, ainsi que les acteurs de la filière automobile.
Environ 100 000 personnes pourraient bénéficier du dispositif dans un premier temps, mais ce chiffre devrait être affiné à mesure que les travaux progresseront.
Bien des obstacles restent à lever, à commencer par le tarif élevé des modèles zéro émission : si l’Etat prend en charge une grande partie des frais d’apport pour les électriques à 100 €, grande pourrait être la tentation de réduire le montant du bonus écologique (jusqu’à 6 000 €), ce qui pourrait s’avérer contre-productif dans la perspective de "verdir" le parc automobile français.
S’ajoutent à cela la question des délais de livraison à rallonge (de 6 mois à un an, voire davantage), induite par la pénurie de composants électroniques, et renforcée par le fait que les constructeurs privilégient la fourniture de modèles haut de gamme générant des marges plus élevées.
Enfin, nos confrères des Echos soulignent à raison qu’à l’exception de la Renault Zoé, aucune voiture électrique abordable n’est à ce jour fabriquée en France. Bref, il y a encore de la friture sur la ligne électrique.
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