Voiture autonome : le point sur Waymo, puissante machine de guerre de Google
La filiale de Google dédiée à la conduite autonome est l’entité qui a réalisé le plus de kilomètres de tests au monde. Elle vient de lever 3 milliards de dollars de plus, s’ouvrant pour la première fois à des investisseurs externes. Le moment de faire un point pour savoir où en est Waymo de ses expérimentations, de l’avancée de ses programmes de recherche et de ses accords avec les constructeurs.
Plus de 32 millions de kilomètres : voilà la distance cumulée par les tests sur route ouverte dans plus de 25 villes par Waymo, la très ambitieuse filiale dédiée à la conduite autonome du géant américain Google, née en 2016 sur les bases des développements des fameuses Google Cars et comptant environ 1 500 employés. À cela s’ajoutent 16 milliards de kilomètres en simulation. Le but est simplement de devenir l’indispensable numéro un sur la route, comme c’est le cas pour la recherche sur Internet, la cartographie et tant d’autres domaines. Ce qui explique l’investissement colossal de 2,7 milliards d’euros effectué ces derniers mois.
Alphabet, la maison-mère de Google, a ainsi ouvert le capital de sa filiale très gourmande en investissements mais loin de toute rentabilité. Cela a attiré notamment des fonds d’investissement dont beaucoup sont américains, comme Silver Lake, Canada Pension Plan Investment Board, Mubadala Investment Company (Abu Dhabi), T. Rowe Price Associates, Inc., Perry Creek Capital, Fidelity Management & Research Company, Andreessen Horowitz, mais également divers investisseurs comme Magna International (équipementier automobile canadien), AutoNation (distribution automobile US), ainsi que… Alphabet lui-même.
Une technologie de plus en plus affinée
La solution Waymo Driver permet de rassembler toutes les informations des capteurs de la voiture et fusionner tout cela avec de l’intelligence artificielle et des capacités propres à Google, comme une banque d’images inépuisable qui permet de comparer ce que le véhicule voit à ce qui est « en magasin » et identifier au mieux chaque obstacle éventuel. Des progrès ont été réalisés également dans la capacité de prédiction des comportements grâce à des algorithmes évolués.
Une usine à Detroit est dédiée à la production des véhicules lancés sur la route par le géant américain, commençant par des voitures électriques et des camions équipés la 5e génération d’équipements de conduite autonome. Ils comportent un ensemble de radars lasers (les fameux lidars, qui permettent une cartographie 3D ultra-précise de l’environnement, jusqu’à 300 m), radars classiques pour mesurer la vitesse des autres véhicules dans la circulation et ce, dans toutes les conditions météorologiques, ainsi que des caméras pour lire les panneaux et scruter les moindres détails de l’environnement.
Waymo One et Waymo Via
Waymo One est le service de VTC autonome mis en place par Google en Arizona autour de la ville de Phoenix. Il compte 1 500 clients et plus de 100 000 courses au compteur pour environ 600 véhicules, tous autonomes, généralement avec une personne installée derrière le volant par sécurité, mais aussi pour quelques dizaines, sans aucune présence humaine, ce qui est unique au monde.
Waymo Via est quant à lui un service consacré au transport autonome de marchandises en phase de tests, avec des vans Chrysler comme des poids-lourds de marque Peterbilt en Arizona et en Californie. Un accord de développement de service a aussi été signé avec UPS et quelques vans prennent ainsi en charge des colis dans la ville de Phoenix.
Des alliances stratégiques
Waymo multiplie les accords avec les constructeurs. Ainsi, les voitures de test sont maintenant pour beaucoup des Chrysler Pacifica du groupe FCA (62 000 commandes) ainsi que des Jaguar I-Pace électriques (20 000 commandes). Mais Waymo a aussi signé l’année dernière un accord exclusif avec le groupe Renault Nissan pour l’étude de services de mobilité autonome pour les personnes et les biens, en France et au Japon. Un travail exploratoire pour évaluer toutes les opportunités et contraintes d’exploitation sur ces marchés, notamment légales et réglementaires. Waymo a aussi des accords avec le groupe français Transdev pour les personnels placés en sécurité dans la plupart des véhicules en test aux USA.
Une concurrence fournie
Rappelons enfin que naturellement, Google n’est pas le seul à prendre la route de la conduite autonome. Des services de VTC comme Uber ou Lyft (son concurrent principal aux USA), en passant par des équipementiers comme Aptiv (avec Hyundai), des constructeurs comme General Motors avec Cruise, Tesla, Volvo, ou Volkswagen et Ford avec Argo AI ou encore, des start-up comme Aurora ou Optimus Ride sont tous sur les rangs pour prendre leur part dans un marché potentiel énorme, même s’il se mettra en place de manière progressive. Autre rival et non des moindres, Baidu, le Google chinois, avec une flotte de plus de 300 véhicules en test et une quarantaine de taxis autonomes. Une preuve supplémentaire s’il en était besoin du potentiel de ces technologies.
Une étude du cabinet ABI Research prévoit 8 millions de véhicules sur les routes d’ici 2025 avec des niveaux d’autonomie de 3 à 5. Mais pour cette dernière catégorie (niveau 5), celle sans aucune intervention humaine quel que soit le trajet, les chiffres restent pour l’instant marginaux. Les experts tablent sur une dizaine d’années encore avant que de tels services ne se généralisent.
Bilan
L’expérience de Waymo et les moyens mis en œuvre sont indiscutablement les plus avancés dans la voie de la conduite autonome. De quoi ne pas douter de son arrivée progressive. Mais l’hégémonie de Google doit-elle faire peur ? Évidemment, laisser nos déplacements physiques entre les mains de ce géant, après lui avoir abandonné nos données personnelles sur de nombreux plans peut poser question. Une chose est sûre, l’importance des autorités de contrôle comme la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) en France est cruciale pour limiter les abus et renforcer la surveillance nécessaire des pratiques de tels acteurs, à la fois devenus indispensables par leur niveau technologique qui séduit en facilitant la vie quotidienne, mais aussi préoccupants par leur forme quasi-monopolistique. De vastes débats en perspective.
Déploiement de la conduite autonome dans le monde : les prochaines étapes
- 2020 : tests grandeur nature en Europe et aux USA
- 2021-2023 : niveau 3 (délégation de conduite temporaire, conducteur est prêt à tout moment à reprendre le volant).
- 2025-2030 : niveau 4 (délégation de conduite temporaire, le conducteur peut vaquer à d’autres occupations).
- Après 2030 : niveau 5 (délégation de conduite totale).
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