Trump recule (encore) sur les droits de douane
L'INFO DU JOUR - Après avoir suspendu jusqu'au 2 juin les droits de douane sur les autos importées, le président des États-Unis est revenu sur la taxe concernant les pièces détachées qui devait entrer en vigueur le 4 mai. Une mesure destinée à éviter une hausse des prix des marques locales. Mais les constructeurs américains ne sont pas rassurés pour autant.

La prise de conscience est certes tardive, mais mieux vaut tard que jamais. Quatre jours avant l’instauration des droits de douane sur les pièces détachées importées, Donald Trump a reculé. Est-ce sa visite dans le Michigan qui lui a mis la puce à l’oreille, découvrant l’ampleur des dégâts de ses premières décisions ? Toujours est-il qu’à bord d’Air Force One, qui le ramenait à Washington, après sa tournée dans le fief de l’auto américaine, le 47e président des États-Unis est revenu, une fois de plus, sur un précédent décret.
Le nouveau texte qu’il a signé allège une mesure précédente. S’en est fini des taxes douanières de 25% sur l’aluminium et l’acier importé, mais aussi sur les pièces détachées en provenance de l’étranger qui devaient entrer en vigueur le 4 mai prochain.
Une balle dans le pneu de l'auto américaine
Plus que sa visite à Detroit, Donald Trump aura donc été convaincu par ses conseillers et par le défilé dans le bureau ovale de John Elkann (Stellantis), Mary Barra (General Motors) et Jim Farley (Ford) lui expliquant qu’une telle mesure était la meilleure manière pour l’industrie auto américaine de se tirer une balle dans le pneu.
On n’ose imaginer que l’administration Trump a enfin réalisé qu’une usine automobile était avant tout, et à 80%, une unité d’assemblage de pièces disparates en provenance, pour une part, des États-Unis, fournies par des équipementiers installés sur place, mais aussi, d’autre part, en provenance de l’étranger. Même combat pour l’alu et l’acier utilisés dans la fabrication des autos.
Sauf que ce nouveau décret n’est pas une simple annulation du premier. Donald Trump ne voulant surtout pas perdre la face, le texte ne remet pas en cause le précédent : il l’aménage, nuance. Comme l’explique le Wall Street Journal, les taxes de 25% sont bel et bien maintenues, mais les constructeurs peuvent demander à être remboursés par Washington de la somme qu’ils auront au préalable acquitté, « à hauteur de 3,75% de la valeur d’une voiture fabriquée aux États-Unis ». Ceux qui fustigent les administrations européennes complexes vs la simplicité américaine risquent de changer d’avis.

Pour autant, les bouchons constatés depuis plus d’un mois dans le tunnel séparant Detroit et Windsor au Canada, ou transitent les camions chargés de pièces détachées expédiés en catastrophe avant la mise en place des taxes originelles, seront-ils résorbés suite à cette annonce ? Rien n’est moins sûr.
Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup
Constructeur échaudé craint l’eau froide des revirements présidentiels incessants. Malgré la reculade de Donald Trump, les trois de Detroit ne sont pas rassurés quant à leur avenir et s’interrogent. General Motors ne se fixe même plus d’objectifs pour cette année floue, tandis que Ford joue la prudence.
Quant à Stellantis, il a lui aussi suspendu ses prévisions pour 2025. Le motif de la galaxie américano-franco-italienne ? « Les évolutions des tarifs douaniers et la difficulté à en prévoir les impacts potentiels sur le marché et le paysage concurrentiel». Une annonce rendue publique après la volte-face sur l’allègement de taxes qui n’a donc pas suffi à calmer les doutes. Pour rappel, les 25 % réclamées à l’entrée des États-Unis pour les voitures importées ne sont pas abrogées, mais simplement reportées au 2 juin prochain.
Stellantis, fabrique au Canada et au Mexique 20% de ses autos vendues aux US et l’épée de Damoclès des taxes à la frontière est toujours suspendue au-dessus de son siège de Detroit. Même combat pour Ford et GM. Au total, 35% des voitures de marques américaines sont fabriquées dans les deux pays limitrophes. Et si les taxes entrent effectivement en vigueur le 2 juin prochain, les prix des bons vieux pick-up devraient augmenter même si leurs pièces importées sont dorénavant exemptées de taxes. Une hausse qui pourrait largement accentuer la chute dans les sondages de Donald Trump dont la cote de popularité, 100 jours après sa prise de fonction, ne dépasse plus les 40 %.
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