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2. Sur la route - Confort et impressions de conduite en ville, sur route et autoroute

 

Essai longue durée - 4 000 km en Cupra Born: Cupra des villes, Cupra des champs

Jour 1, de Paris à Barcelone. Allez hop, c’est parti pour un peu plus de 1 000 km à effectuer d’une traite entre l’Ile-de-France et la Catalogne. Cette étape, la plus longue de notre voyage, aurait de quoi inquiéter si elle ne s’effectuait pas en France, pays où l’électrification du parc automobile et des infrastructures avance bon train.

Essai longue durée - 4 000 km en Cupra Born: Cupra des villes, Cupra des champs

J’effectue mon premier arrêt à la station Ionity de l’aire du centre de la France (photo). Celui-ci intervient après 263 km parcourus, pour une moyenne de 20,1 kWh aux 100 km qui me laisse espérer une autonomie supérieure à 360 km sur autoroute. J’aurais certes pu pousser plus loin, mais je ne connais pas encore très bien la voiture et me méfie encore de ses calculs d’autonomie. Des réticences infondées, mais je l’ignore encore à ce moment-là. 
Cette pause entraîne aussi la première séparation d’avec le reste du groupe, qui poursuit son chemin en raillant la faible autonomie de mon engin. C’est de bonne guerre, d’autant que je suis certain de rattraper l’équipe un peu plus tard dans la journée. Les voitures thermiques, dotées de réservoirs toujours moins volumineux, doivent elles aussi ravitailler souvent (tout comme leurs conducteurs)... Et c’est ainsi que les voitures électriques comblent aisément tout ou partie des petits retards enregistrés lors des pauses-recharge.

13,8 € pour 100 km

Je récupère près de 42 kWh en 31 minutes, et l’opération m’est facturée 26,32 € car je ne dispose pas de l’abonnement Ionity Passport. Retenez au passage pour une consommation de l’ordre de 20kWh/100 km (valeur moyenne), la recharge est facturée 13,8 € par tranche de 100 km (ou 9,8 € si l’on s’acquitte de l’abonnement mensuel à 11,99 €, désormais sans engagement de durée).

Ce premier grand trajet autoroutier me permet d’apprécier les qualités de confort de l’auto. Les bruits de roulement sont bien maîtrisés, les sifflements aérodynamiques quasi inexistants, et le couple élevé permet des dépassements faciles. 

Présentation des plus soignées pour cet habitacle à l'excellente ergonomie. Par contre, l'utilisation du système multimédia, accessible via l'écran central de 12 pouces de diagonale, s'apparente à une véritable punition avec des menus et sous-menus qui n'ont rien d'intuitifs.
Présentation des plus soignées pour cet habitacle à l'excellente ergonomie. Par contre, l'utilisation du système multimédia, accessible via l'écran central de 12 pouces de diagonale, s'apparente à une véritable punition avec des menus et sous-menus qui n'ont rien d'intuitifs.


Tous les ingrédients d’un voyage serein…ou presque, car je peste régulièrement contre l’inutile complexité du système multimédia piloté depuis le grand écran central tactile au milieu du tableau de bord.
On sent que les ingénieurs du groupe VW se sont « amusés » à empiler les fonctionnalités (souvent inutiles, d’ailleurs) sans s’interroger sur l’ergonomie et la facilité d’usage de l’ensemble. On se perd dans les menus et sous-menus, ce qui n’est bon ni pour les nerfs, ni pour la sécurité routière. Copie à revoir, donc. Même après 8 jours non-stop et des heures au volant, je n’aurai jamais réellement trouvé mes marques dans ce véritable gourbi numérique. Passons.

Paris-Barcelone, 2h10 d’arrêt-recharge

Trois autres arrêts-Ionity me seront nécessaires pour rallier Barcelone, le dernier intervenant à l’aire du Village catalan. Je passerai en tout 2h10 en charge sur ce trajet. Ce n’est finalement guère plus long qu’avec une voiture thermique, et vous conviendrez qu’on ne réalise pas ce voyage tous les jours. 
Enfin, il m’en aura coûté 117,81 € - sans abonnement Ionity - pour 186,7 kWh récupérés. La somme aurait été réduite à 91,43 € avec l’abonnement Passport évoqué plus haut (11,99 € par mois), lequel aurait donc été amorti en un seul voyage. QUI a dit que l’électrique n’était pas adapté aux longs trajets ?

Dernière recharge en France, la quatrième sur le trajet Paris-Barcelone. Ces arrêts représentent 2h10 de temps cumulé.
Dernière recharge en France, la quatrième sur le trajet Paris-Barcelone. Ces arrêts représentent 2h10 de temps cumulé.


Reste qu’en quittant cette station de l’A9, située à proximité de la frontière espagnole, je ne peux m’empêcher de penser que les difficultés commencent.
J’en ai la confirmation moins de trois heures plus tard en arrivant à Barcelone. Si notre hôtel dispose bien de bornes de recharge dans son parking en sous-sol, celles-ci sont bien sûr en panne. Et moi qui pensais faire le plein en dormant…
Je tente un tour du quartier et trouve bien deux stations, mais aucune n’est accessible avec ma carte de paiement « universelle ». Je me résous à télécharger deux applis spécifiques, accessibles via des QR Codes posés sur les bornes, lesquelles bien sûr refusent de fonctionner. Fatigué par la longue journée, j'abandonne la partie et rejoins les collègues au restaurant. Demain est un autre jour.

Jour 2, de Barcelone à Valence. Je me lève un peu plus tôt que le reste de la troupe et pars à la recherche d’une station enfin opérationnelle. J’en localise une dans un parking, mais toutes les bornes y sont occupées soit par des voitures électriques non branchées, soit par des hybrides rechargeables...
Puis, miracle, j’avise une borne inoccupée, en l'occurrence une Porsche City charging au débit de 50 kW. Je vais vite comprendre pourquoi elle est disponible. 

Cette borne Porsche est probablement l'une des plus onéreuses d'Europe!
Cette borne Porsche est probablement l'une des plus onéreuses d'Europe!


Les 51 kWh délivrés me seront en effet facturés…56,73 € ! Oui, vous avez bien lu : plus d’un euro le kWh. J’espère qu’à ce prix, ma voiture va au moins m’offrir des accélérations de Taycan… Allez, pas grave, au moins ai-je fait le plein d’électrons.
Je prends la direction du musée Seat où m’attend le reste de l’équipe. Cette traversée matinale de Barcelone me permet d’apprécier le faible rayon de braquage qui contribue à rendre la voiture très agile en ville. Cette caractéristique se combine à une excellente visibilité périphérique, comme le veut l’usage au sein du groupe Volkswagen. La Cupra Born, capable d’accélérer de 0 à 50 km/h en 2,8 s, se révèle une excellente citadine.

Julien et Bruno, nos cadreurs de choc, avec une Seat spécialement adaptée à leur fonction! Pleinement opérationnelle, celle-ci est exposée au musée Seat de Barcelone.
Julien et Bruno, nos cadreurs de choc, avec une Seat spécialement adaptée à leur fonction! Pleinement opérationnelle, celle-ci est exposée au musée Seat de Barcelone.


En début d’après-midi, nous mettons le cap sur Sagunto, près de Valence, et quittons l’autoroute assez rapidement pour tourner des séquences sur le réseau secondaire. Cela nous permet de jauger du comportement de nos autos en conduite « enlevée ». Là encore, bonne surprise. Malgré un poids à vide de près de 2 tonnes (!), la Born se montre agile et plutôt incisive. 

Les suspensions sport ont été rabaissées de 15 mm à l’avant et de 10 mm à l’arrière par rapport aux autres modèles reposant sur la plate-forme MEB du groupe VW. Le mode de conduite Cupra, activable depuis le volant, rend la pédale d’accélérateur plus sensible en même temps qu’il relève le seuil de tolérance des assistances électroniques. Le plus déroutant dans tout cela est l’absence de bruit moteur, qui fait que le seul son provient des pneus Michelin Pilot Sport EV mis à rude épreuve par la masse élevée de l’ensemble.
Les suspensions sport ont été rabaissées de 15 mm à l’avant et de 10 mm à l’arrière par rapport aux autres modèles reposant sur la plate-forme MEB du groupe VW. Le mode de conduite Cupra, activable depuis le volant, rend la pédale d’accélérateur plus sensible en même temps qu’il relève le seuil de tolérance des assistances électroniques. Le plus déroutant dans tout cela est l’absence de bruit moteur, qui fait que le seul son provient des pneus Michelin Pilot Sport EV mis à rude épreuve par la masse élevée de l’ensemble.


Ainsi, l’auto se tient bien dans les enchaînements de virage, et son caractère de propulsion permet d’éviter les remontées de couple dans le train avant, au bénéfice de la précision de conduite. Sans être une sportive, elle dispense un réel agrément. Seul hic, les électrons s’évanouissent alors bien trop rapidement.

Essai longue durée - 4 000 km en Cupra Born: Cupra des villes, Cupra des champs


Si notre hôtel du soir est voisin d’une station-service, aucune borne électrique n’est installée à proximité immédiate. Le seul dispositif du secteur se trouve sur un parking de fast-food situé à 10 km de là. Olivier Pagès m’y accompagne à l’aller, et Alexandre Bataille m’y dépose aux alentours de 23h pour que je récupère l’auto. Qu’ils en soient ici remerciés, car cela m’épargne une soirée tristounette et me permet de repartir le lendemain avec une batterie pleine. Oui, le grand tourisme électrique en Espagne exige encore un peu d’organisation…

Jour 3, de Valence à Andujar. J’attaque l’étape du jour avec une batterie chargée à 98%, ce qui n’est pas pour me déplaire. Au programme, près de 500 km qui m’imposeront une charge vers la mi-parcours, sachant qu’en Espagne, la prudence recommande de s’inquiéter quand la batterie passe sous les 30%.
Seulement voilà, alors que nous tournons des images à Valence, mon écran multimédia a ses vapeurs et devient subitement tout noir.
Un mal dont seront aussi affectés certains des modèles thermiques conduits par mes collègues, et qui se résout généralement soit en redémarrant la voiture, soit en appuyant une trentaine de secondes sur le bouton marche/arrêt du système multimédia. Quoi qu’il en soit, les Seat et Cupra semblent souffrir d’une véritable faiblesse sur ce point.
Les autoroutes espagnoles sont la plupart du temps gratuites et leur qualité est variable d’une région à l’autre. Profitant d’une portion dégagée, je laisse malgré moi mon pied droit s’alourdir un peu pour atteindre la vitesse maximale de…164 km/h compteur (la Born est auto-limitée à 160). 
Mais cette petite folie ne dure que quelques secondes, et je reprends vite les 120 km/h réglementaires, allure qui convient particulièrement bien aux voitures électriques en matière de consommation.

Sinon, bonne nouvelle : j’avise à mi-chemin une borne Iberdrola 250 kW sur un parking de fast food grâce à l’une de mes applis, et toute l’équipe m’y accompagne. Sur place, ma carte Chargemap n’est pas acceptée, je n’ai d’autre choix que de charger l’appli afférente…qui cette fois fonctionne, ouf ! 

Sympa, la soirée recharge en solo pendant que les collègues sont en resto!
Sympa, la soirée recharge en solo pendant que les collègues sont en resto!
Oui, il s'agit bien du prix du carburant TTC.
Oui, il s'agit bien du prix du carburant TTC.

J’aurai moins de réussite le soir à Andujar. Après deux tentatives infructueuses à des stations de recharge locales, je dois me résoudre à gagner une borne de 50 kW située à 25 km, où je passe près de 1h15 à charger pendant que mes collègues dînent au restaurant. Allez, pas grave, c’est mieux pour ma ligne ! Cette borne est située sur une station-service automatique au bord d’un rond-point, et si je ne me suis à aucun moment senti en danger, j’imagine qu’il n’en aurait pas été de même pour une femme seule. 

Jour 4, d'Andujar à Huelva. Cette quatrième étape est l’une des plus courtes de notre voyage, et cela nous permet d’effectuer un crochet par Seville où nous tournons de nombreux plans.
Le convoi va ensuite tranquillement rouler à 110 km/h sur autoroute, ce qui abaisse la consommation à 17 kWh/100 km. C’est presque 4 kWh de moins que si on roulait à 130 km/h,  soit 16 kWh d’écart sur un trajet de 400 km. Le fait d’abaisser l’allure permet donc augmenter son autonomie totale de près de 100 km sur un même trajet, ce qui n’est pas du luxe quand les infrastructures sont rares.

Jour 5, de Huelva à Tolède. Et c’est parti pour près de 600 km. La Born confirme ses bonnes dispositions et se révèle une excellente routière. Le confort est bon et l’arsenal d’aides à la conduite efficace, participant de l’agrément général.
Après l’écran du GPS, c’est au tour du système de recharge par induction du téléphone de faire des siennes, ce qui se manifeste par un fonctionnement un peu erratique. Rien de grave, mais ça peut agacer.

Barrières de chantiers, poubelles qui débordent, absence d'ombrière, signalisation à moitié effacée, etc. : bienvenue à la station Ionity de Merida...
Barrières de chantiers, poubelles qui débordent, absence d'ombrière, signalisation à moitié effacée, etc. : bienvenue à la station Ionity de Merida...

 

 

 

 



...qui réalise l'exploit d'être encore moins attrayante que celle de Saragosse, pourtant guère avenante.
...qui réalise l'exploit d'être encore moins attrayante que celle de Saragosse, pourtant guère avenante.

 

J'effectue une charge à la station Ionity de Merida, qui évoque davantage un dépotoir que l’oasis de « mobilité propre » mis en avant par le réseau dans  sa communication. Entre les poubelles qui débordent, l’absence d’ombrage et des alentours guère avenants, on est loin, bien loin de l’expérience premium que l’on associe spontanément à l’entreprise. Il y a clairement un fossé, voire un gouffre, avec Ionity France sur ce point.
Autre déception, la fonction Ionity spécifique du GPS de ma voiture, et dans laquelle plusieurs stations manquent à l’appel. Même quand je suis garé en train de faire une charge, l’écran m’indique des stations à des centaines de kilomètre…mais pas celle où je me trouve (je constaterai cela plusieurs fois)!
Vous m’objecterez qu’une mise à jour chez le concessionnaire suffit à intégrer les stations récentes, mais cela fait un peu désordre quand la concurrence actualise ses données « over the air ». Il y a clairement du travail à faire en matière de logiciels au sein du groupe VW. Et en attendant, vous avez tout intérêt à charger l’appli en question sur votre smartphone. 

Jour 6, de Tolède à Valtierra. Et c’est reparti pour 400 km, voyage que j’effectuerai en solo car il me faut recharger mes batteries à Madrid, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Tolède. 
Et comme mes camarades doivent rouler à allure ultra-réduite de façon à adapter leur allure à la Cupra Leon, blessée suite à sa mésaventure, je vais avoir le plaisir d’effectuer l’étape à mon propre rythme sur une autoroute A2 qui est l’une des plus plaisantes d’Europe car sinueuse à souhait, sur un revêtement souvent parfaitement lisse, et ouvrant sur des paysages assez époustouflants.
Je me régale littéralement, mais probablement moins que l’espagnol qui me double au volant de sa BMW M3 E92, dont le chant du V8 résonne encore dans mes oreilles…

Il me faudra attendre cette avant-dernière étape pour trouver une borne dans un hôtel.
Il me faudra attendre cette avant-dernière étape pour trouver une borne dans un hôtel.


Le soir, nous arrivons dans un incroyable hôtel troglodyte situé à Valtierra, et celui-ci possède une particularité ô combien importante à mes yeux d’électromobiliste : il dispose d’une petit borne de recharge à 7 kW, équipement à la présence totalement improbable. Tellement improbable, d’ailleurs, que je ne la remarquerai que le matin du départ, ce qui me laissera tout de même le temps de « biberonner » pendant deux heures et de repartir bien chargé avant notre dernière étape, direction Barcelone. 

Jour 7. Valterra-Barcelone. Une dernière étape réalisée sur autoroute et qui n’appelle pas de remarque particulière, si ce n’est pour souligner à quel point la Born m’aura donné satisfaction durant ce voyage. Si la pauvreté de l’infrastructure de recharge en Espagne est à déplorer (je ne m’étendrai pas sur la crasse du parking sur lequel est implantée la station Ionity de Saragosse), Cupra a fait sa part du travail en mettant au point une voiture aussi élégante qu’efficiente, à bord de laquelle il fait bon voyager. Si c’était à refaire ? Malgré les (petites) contraintes évoquées plus haut, je repars avec la même sans hésiter!

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