Siata, l'autre Abarth au destin contrarié
Ils affichaient la même ambition : transformer des Fiat en furies. Mais Giorgio Ambrosino, créateur de la Siata n'a pas connu la même gloire que Carlo Abarth. Retour sur les autos un peu oubliées de cette petite marque turinoise.

Le journalisme mène à tout, et même à la création d’une marque automobile. C’est ainsi que Giorgio Ambrosini, qui s’ennuie dans sa rédaction turinoise en ce début des années 20, rêve de voitures. Un vieux rêve déjà, qui s’est interrompu dix ans plus tôt lorsqu’il avait fondé, à 20 ans, la marque Vittoria. Mais en une seule petite année, l’affaire s’est effondrée. Sa seule auto, muni d’un moteur V4, a fait un flop retentissant. Alors il a pris la plume.
Mais en 1926, l’automobile le taraude à nouveau. Alors il quitte la presse pour sa nouvelle lubie : plutôt que de créer une auto de toutes pièces il va améliorer l’existant. En somme, il va préparer les autos de la maison Fiat, sa voisine de Turin, ce que Carlo Abarth fera aussi et brillamment.
Une Topolino vitaminée
Ambrosini, lui, crée la SIATA (société Italienne Applications Techniques Automobiles et Aviation) et s’associe avec Piero Dusio, ex-footballeur de la Juve et fan de courses auto. C’est ce dernier qui, des années plus tard va fonder Cisitalia, un autre petit constructeur italien.
Les affaires des deux larrons prospèrent. Tels des sorciers, ils transcendent les Fiat, comme la Balilla, qui, entre leurs mains, passe de 20 à 48ch. Ils préparent aussi, dès 1937, la petite Topolino que quelques amateurs engagent en course.
Mais la guerre survient. L’usine Siata est bombardée par les troupes alliées, et tous les projets sont abandonnés. Lorsque le conflit touche à sa fin, tout est à reconstruire. Ambrosini est seul aux commandes de la maison et décide de changer radicalement son approche de l’automobile. Finies les Fiat améliorées : il veut une voiture à son nom, ou plutôt au nom de la Siata.

En 1948, c’est chose faite : l’Amica voit le jour. Mais si Le patron de la Siata ne veut pas des lignes de Fiat, il conserve en revanche le moteur de la Topolino pour sa première auto. Il le retravaille, lui colle une culasse maison, un carburateur Weber. Mais surtout, il conçoit un châssis tubulaire soudé, léger et ultra rigide. Résultat : l’Amica, qui est un tout petit Spider, malgré ses 22 ch, devient l’auto la plus sympathique à mener qui soit, grâce à son équilibre et ses 580 kg toute mouillée.
De l'artisanat à l'industrie
Elle va évoluer au fil du temps et augmenter sa puissance jusqu’à 34 ch. Les différents modèles se multiplient et gagnent en notoriété. Exposées au salon de New-York de 1953, les petites autos turinoises retiennent l’attention d’un certain Steve Mac Queen qui rebaptise la 208 S "sa petite Ferrari". Les commandes tombent, mais l’intendance ne suit pas. Ambrosini doit quitter l’artisanat pour embrasser l’industrie.
Après un premier partenariat avec un entrepreneur plutôt véreux, il se tourne vers l’Espagne. La Siata Española est fondée, avec des autos conçues sur la base de Seat. Mais le fondateur se voit peu à peu déposséder de son joujou. Il décède en 1970, et la Siata va définitivement fermer ses portes trois ans plus tard.
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