Ronin : des voitures françaises pour un film américain
Que les rares cinéphiles qui n'ont jamais vu le film de John Frankenheimer se précipitent vers les plateformes qui le diffusent, car Ronin n'est pas seulement un film d'action qui mêle la gâchette et les courses-poursuites : c'est le seul long-métrage américain qui met en scène des Citroën XM ou des Peugeot 605, et même des 406.
John Frankenheimer n’est peut-être pas le plus grand réalisateur de Hollywood, mais il est en tout cas l’un de ses plus prolifiques artisans. En quelque quarante ans de carrière, il a réalisé 27 longs-métrages et autant de téléfilms et de séries. Tous ne sont pas des chefs-d’œuvre, mais le metteur en scène, qui nous a quittés en 2002, savait parfaitement raconter une histoire, dérouler un scénario (que souvent on lui imposait) et orchestrer comme personne un ballet de flingues et de bagnoles lorsqu’il s’agissait de tourner un film d’action.
Des comédiens, des cascadeurs et des autos hexagonales
Un grand pro en somme qui, en plus, adorait la France, ou il avait déjà tourné Le train et French Connection 2. Alors, pour son avant-dernier long-métrage, en 1998, il a embarqué ses caméras et Robert de Niro à Paris et à Nice pour y réaliser Ronin. Le scénario, tarabiscoté, met en scène des mercenaires au chômage, les fameux Ronin du titre, en hommage aux guerriers moyenâgeux et japonais du même nom. Des hommes chargés de piquer une mallette à d’autres hommes encore plus méchants qu’eux.
Mais Frankenheimer n’a pas importé tous ses comédiens. Il a recruté localement puisque l’on retrouve au générique Jean Reno et Michael Lonsdale. Automobilistiquement aussi, il a tenu à apporter une touche hexagonale. Le film se déroule en France et il doit mettre en scène des voitures françaises. Le choix se porte sur les fleurons de PSA du moment : la Citroën XM, et les Peugeot 605 et 406. Mais il glisse néanmoins quelques allemandes, comme cette Audi S8, une Mercedes 450 SEL et une BMW 535 I.Tout ce joli monde va se courir après, entre le col de Turini, et les rues de Nice.
Mais c’est surtout sur le périf parisien, dans le tunnel des Halles, sous le pont de Bir-Hakeim, à la Villette et à la Défense que se déroule la scène la plus spectaculaire de Ronin. Et chez Frankenheimer, pas d’effets spéciaux (de toute façon balbutiants à l’époque). Pas non plus de voitures traficotées. La Peugeot 406 et la BMW qui se poursuivent sont bien réelles, et ceux qui sont au volant sont des super pros. Frankenheimer engage la crème de la crème. Romain Dumas et Jean-Pierre Jarier sont de la partie, sous la houlette du vainqueur des 24 heures du Mans en catégorie GT 2 et fraîchement reconverti dans la cascade : Jean-Claude Lagniez.
Un film youngtimer
Le résultat reste inégalé même 26 ans plus tard, avec 7 minutes en apnée pour le spectateur. Chez Citroën et Peugeot, partenaires de l'époque, on s'en souvient encore, mais on se rappelle surtout des 48 épaves que la production a déposé à la fin du tournage.
Certes Ronin n’est pas un très grand film. D’ailleurs ce sera un semi-échec, avec moins d’un million d’entrées en France et une perte sèche pour la MGM qui a investi 55 millions de dollars dans l’affaire pour en retirer à peine 44 millions. Pour autant, en le revoyant aujourd’hui, avec ses images un peu datées, on ne peut pas affirmer que c’est un vieux film, tout au plus un film youngtimer.
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