Renault Espace IV V6 3.5 (2002-2010) : le grand monospace au cœur sportif, dès 3 500 €
Si l’Espace IV souffre doublement, d’une part de la désaffection touchant les monospaces, d’autre part de sa réputation de non-fiabilité, sa version V6 3,5 l n’en demeure pas moins très attractive grâce à son bloc similaire à celui de la Nissan 350Z !
Premier Espace à être fabriqué chez Renault, le IV se distingue de ses prédécesseurs par sa carrosserie entièrement métallique. Exit le composite de plastique cher à Matra, inventeur de l’Espace ! Le grand monospace Renault, pour sa 4e génération, s’établit sur la plate-forme modulaire déjà utilisée par la Laguna II et la Vel Satis, mais contrairement à cette dernière, se contente d’un essieu arrière de torsion.
Présenté en 2002, d’abord sous forme de concept, quelques mois plus tard, sous la forme définitive, l’Espace J81 séduit par son look très moderne et son habitacle au style aussi épuré qu’apaisant. L’Avantime, techniquement en retard et affublé d’un look controversé, ne lui dit pas merci ! D’autant que le nouveau venu le surpasse côté équipements technologiques, sans même parler de son raffinement mécanique.
En effet, l’Espace IV a droit, dans sa version haut de gamme, à deux V6. Un diesel d’origine Isuzu, et un essence signé Nissan. Ce dernier, affichant une cylindrée de 3,5 l, est le type VQ35 que l’on retrouvera peu après, adapté, dans la sportive 350Z. Développant 245 ch, et uniquement attelé à une boîte automatique Aisin à 5 rapports, il emmène l’Espace à 225 km/h : un record pour ce modèle. Voire pour un monospace à l’époque. Oui, le Renault règne sur la catégorie !
Fort de sa réputation, alors excellente, le constructeur ne brade pas l’Espace IV, qui réclame 38 600 € en version Privilège, soit 48 900 € actuels selon l’Insee. À l’époque, tout le monde trouve ça normal, tant l’image du Losange est forte. Ça a bien changé ! ESP, frein à main électrique, clim auto, régulateur de vitesse, jantes alu et projecteurs au xénon, notamment, sont de série. Proposée à 45 650 € (soit 57 800 € actuels selon l’Insee), la déclinaison Initiale ajoute le cuir, le GPS, la configuration 6 places, voire les sièges électriques. Pour 1 200 € supplémentaires, on peut opter pour la version longue (4,86 m soit + 20 cm), nettement plus spacieuse.
Évidemment, la clientèle va massivement se reporter sur les versions 2.2 dCi, le V6 ne devant de toute façon, selon Renault, ne représenter que 5 % des ventes. Malheureusement, l’Espace, tout comme les Laguna II et Vel Satis, sort alors que sa mise au point n’est pas aboutie. Cela se traduit par un invraisemblable manque de fiabilité, électronique et mécanique sur les gasoils. Ainsi, la carrière, initialement brillante, va-t-elle s’essouffler bien vite. Tout le travail d’image patiemment et brillamment effectué par Renault depuis le lancement de la 19 en 1988 s’effondre en quelques années…
En 2006, l’Espace bénéficie d’un léger restylage (retouches cosmétiques, nouveau GPS, équipement revu) qui s’accompagne d’une nette hausse de la qualité générale. Si un nouveau bloc 2,0 l dCi vient apporter de la fiabilité chez les diesels, en essence, le V6 3,5 l n’évolue pas. Une mise à jour a lieu en 2010, qui se remarque notamment avec une calandre redessinée, des retouches dans l’habitacle et une caméra de recul. Mais, c’est le chant du cygne pour le gros moteur Nissan, qui disparaît à cette occasion. L’Espace IV, encore remanié en 2012, tire sa révérence en 2014.
372 692 exemplaires ont été fabriqués, ce qui demeure honorable, et d’une certaine manière, ce grand monospace peut être considéré comme le dernier véhicule français de haut de gamme à s’être correctement vendu. L’Espace V qui lui succède, bien moins spacieux et pratique, n’approchera pas ce chiffre, culminant à 26 960 unités en 2016, quand son prédécesseur trouvait 63 497 clients en 2003…
Combien ça coûte ?
Pas bien cher. Malgré la richesse de son équipement et de sa motorisation, l’Espace IV V6 3.5 se déniche dès 3 500 € en bon état. Certes, son kilométrage avoisinera les 200 000, mais si l’entretien a été suivi, ce n’est pas un souci. À 4 000 €, on peut en trouver équipés d’un système GPL, alors qu’il faut compter 5 000 € pour un bel exemplaire d’environ 150 000 km. Les plus beaux Espace V6 essence sont à environ 8 000 €.
Quelle version choisir ?
D’abord le modèle se présentant dans le meilleur état possible. Ensuite, évidemment, l’Initiale est plus attirante en raison de son équipement enrichi, mais la Privilège n’a rien de pauvre…
Les versions collector
Les Initiale, là encore, dotées de toutes les options, dont le toit ouvrant panoramique, et en parfait état, de préférence à faible kilométrage. Difficile à dénicher !
Que surveiller ?
Au contraire des diesels 2,2 l et 3,0 l, le 3,5 l V6 essence se montre d’une très grande fiabilité. De surcroît, son entretien se voit facilité par le fait que sa distribution s’effectue par chaîne. Quelques ennuis électriques à signaler, comme les bobines, pas d’une endurance totale, et des capteurs, notamment d’arbre à cames et de PMH, défectueux. Rien de méchant. La boîte auto, si vidangée en temps et en heure, apparaît, elle aussi, robuste.
En revanche, l’électronique a posé beaucoup de tracas sur les exemplaires non restylés. Carte mains libre, frein à main, capteurs de pluie et de luminosité, sono, allumage intempestif de témoins, tout ceci a pu prodigieusement agacer certains propriétaires. À partir de 2006, le bilan s’améliore nettement. Heureusement, la carrosserie vieillit bien, mieux que l’habitacle aux plastiques assez fragiles. Néanmoins, et malgré sa réputation sulfureuse, l’Espace IV, en V6 3,5 l, est très recommandable !
Au volant
J’ai toujours été fan de la ligne de l’Espace IV, et surtout du design de son habitacle. C’est simple, doux, épuré et relaxant, à mille lieues des cockpits actuels, bêtement bardés d’écrans. Par ailleurs, le volume offert est exceptionnel : pour voyager en famille, c’est idéal. Pour déménager, aussi ! Sans oublier la modularité remarquable (même s’il faut du muscle pour ôter les sièges, pesant plus de 20 kg chacun) et les rangements abondants. Une telle praticité, cela ne se rencontre plus guère, maintenant que les SUV remplacent les monospaces…
Évidemment, au volant, il faut s’habituer à l’ergonomie particulière mais pas stupide. On tâtonne pour trouver l’autoradio, mais les commandes de clim sur les portières sont très bien vues. Grâce au volant réglable dans les deux plans, on trouve une bonne position de conduite, chose inédite sur un Espace ! En revanche, l’instrumentation centrale n’apporte rien de concluant.
À la conduite, on apprécie la douceur et le velouté du V6. Sans oublier sa mélodie, dont le volume s’amplifie à haut régime ! Vif et performant, ce bloc s’attèle à une boîte 5 automatique, très onctueuse, mais un peu lente. Pas grave, car l’Espace 3,5 l, certes rapide, n’a rien de sportif. Si la suspension trépide à basse vitesse, tout s’arrange ensuite. Sur autoroute, c’est royal : feulement lointain du V6, confort des sièges et des trains roulants, visibilité panoramique… On n’a pas fait beaucoup mieux depuis pour voyager !
Fait amusant, le Porsche Cayenne V6 3,6 l Tiptronic n’est pas plus véloce que l’Espace, marque le pas côté confort et volume utile, sans offrir un comportement routier vraiment plus agile…
La tenue de route du Renault se révèle en effet excellente, même si l’engin demeure un peu pataud (près d’1,8 tonne sur la balance), mais la direction conserve un bon toucher de route. Quant au freinage, il se montre puissant. Bref, la dynamique convainc. Reste la consommation : comptez 11 l/100 km en roulant tranquillement, 13 l /100 km si on est plutôt actif… Un boîtier E85 peut se révéler un bon investissement.
L’alternative youngtimer
Renault Espace II V6 (1992-1996)
Dérivant directement de l’Espace I, le II s’améliore nettement par sa qualité de fabrication et de finition. De plus, il monte en gamme et accueille un moteur ad-hoc : le fameux V6 PRV. D’une cylindrée de 2,85 l, il développe 153 ch, ce qui octroie à cet Espace de belles performances, d’autant qu’il ne pèse pas très lourd : 1 430 kg. Ainsi, il pointe à près de 190 km/h.
Seulement, le bloc est gourmand (12 l/100 km) et nécessite un circuit de refroidissement parfaitement entretenu pour conserver sa proverbiale fiabilité, car sa baie est très mal ventilée. Bien équipé, confortable et très logeable, l’Espace V6, très rare, est un véritable engin à collectionner. À partir de 5 000 €.
Renault Espace IV 3,5 l V6 (2003), la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en V, 3 498 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, triangles, amortisseurs, barre antiroulis (AV), essieu torsion avec barre Panhard, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 automatique, traction
- Puissance : 245 ch à 6 000 tr/mn
- Couple : 336 Nm à 3 600 tr/mn
- Poids : 1 745 kg
- Vitesse maxi : 225 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,1 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces d'Espace IV, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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