Quatre roues, c’est trop peu…
Les voitures à quatre roues, c’est la norme. A trois roues, on connaît déjà moins. Mais à six roues et plus ? Y en a ! Voici un petit aperçu d’engins très originaux.
Gamin, en feuilletant un numéro spécial salon de l’Auto-Journal des années 70, je suis tombé sur un engin de fou. Un cabriolet anglais totalement improbable : la Panther 6. Qu’avait-il de si spécial ? Un train avant à quatre roues, contre deux à l’arrière, soit un total de six. Comme sur les F1 Tyrrell P34.
Son concepteur, Robert Jankel, avait poussé le délire très loin : sous le capot, on trouve un V8 Cadillac de 8,2 l gavé par deux turbos. La puissance ? 600 ch. La vitesse maxi ? 320 km/h. Jankel reconnaissait qu’elle était tout à fait théorique. Seulement deux exemplaires de la Panther 6, révélée en 1977, ont été produits.
Un peu plus tard, j’ai découvert une autre voiture à six roues, plus modeste, mais qui m’a fait tout autant halluciner. La Renault 5 De Léotard. Cette fois, il y a deux trains arrière, moteurs qui plus est. Car oui, cette R5 est une 6x6. Allongée et relevée, elle peut avaler 2,4 m3 de chargement, dans une limite de 700 kg. Son concepteur la destinait à l’administration, à la police, aux pompiers, voire au Samu, mais ça n’a pas fonctionné.
La faute peut-être au prix, doublé face à celui d’une R5 Alpine. Dommage, car la Renault a une sacrée allure ! Il en resterait quelques-uns. De Leotard n’a pas eu l’idée du « multiroulisme » tout seul. Il a travaillé auprès de Tissier.
Ce dernier s’est rendu relativement célèbre en étirant à l’envi des Citroën DS, dont la première a été commercialisée en 1973. Dotée, elle aussi, de six roues, et de deux essieux arrière non moteurs, elle conserve toute sa suspension hydropneumatique. Dotée d’un immense plateau arrière, elle constitue donc une incroyable dépanneuse, presque insensible à la charge. On en dérive un fourgon, très adapté aux livraisons rapides, sur longues distances.
Plus tard, en 1977, le même procédé est appliqué à la CX, dont plusieurs exemplaires allongés ont servi à livrer dans la nuit une bonne partie de la presse française, destinée notamment aux expatriés des Pays-Bas. Ces CX à six roues ont servi de voiture-travelling, de camping-car, d’ambulance… Il y aura même des évolutions à huit roues.
Le procédé de doublement du train arrière a également été appliqué au mythique Citroën C15. Produit chez le carrossier industriel Chausson, aujourd’hui disparu, le C15.6 a été conçu par… De Léotard. Long de 4,84 de long, cet utilitaire accueille 4,2 m3 de chargement, dans une limite d’une tonne.
Ses avantages ? Il est bas, donc n’augmente pas trop sa consommation ni ne perd exagérément de vitesse de pointe, tout en freinant mieux que le modèle originel. Une centaine d’autos auraient été produites, puis utilisées en fourgon, en dépanneuse…
Revenons en Angleterre, où le très exclusif carrosserie Wood & Pickett a développé une version à six roues du Range Rover. Allongée de 45 cm, cette évolution concilie grand luxe à la carte (l’intérieur peut être transformé dans le style de celui des Rolls, tendu de cuir et orné de bois) et volume utile. Les roues supplémentaires ne sont motrices qu’en supplément, et on a aussi le loisir de faire greffer des projecteurs de Rover SD1 sur son Range !
Toujours outre-Manche, William Towns, un designer très prolifique (il a travaillé chez Rootes, Rover ou encore Aston Martin où il dessinera la futuriste Lagonda), décide dans les années 70 d’actualiser la Mini Moke. Il dessine une carrosserie ultramoderne, tout en angles et dotée d’immenses baies vitrées.
Cela donne la Hustler, présentée en 1978, un kit-car (à monter chez soi donc) disponible en deux versions. La Hustler 4, à quatre roues, et la 6… à six roues. William Towns vendait les kits chez lui, et il en aurait produit quelques centaines. Plus tard, la production sera reprise par Interstyl.
Plus récemment, en 2013, Mercedes-Benz AMG a laissé les observateurs bouche bée. Comment ? En développant une version 6x6 de son inusable tout-terrain Classe G. Long de 5,87 m, ce vaisseau des sables (car il se destine aux marchés du Golfe) pèse tout de même 3,85 tonnes, qui tire à l’aide d’un V8 5,5 l biturbo de 544 ch (760 Nm de couple).
Plus de cent unités ont apparemment été fabriquées jusqu’en 2015. On voit un de ces Classe G dans le film Jurassic World : vu l’ambiance actuelle, le dinosaure, c’est ce 6x6 fabriqué chez Magna-Steyr en Autriche !
Tous les véhicules que nous venons de citer sont homologués pour la route et ont été commercialisés. Mais il en est un dernier, très célèbre, qu’on se doit de citer : la DS « Mille Pattes ». Cette fois, il s’agit d’un prototype développé par Michelin qui ne l’utilisera que sur sa piste de Ladoux. Son but : tester de façon extensive et sûre des pneus de camion.
Entre 1970 et 1972, on a planché sur cette énorme DS dotée de pas moins de… dix roues ! Elle embarque deux V8 Chevrolet 5,7 l d’environ 200 ch pour atteindre les 180 km/h tout en embarquant des ingénieurs et tout un attirail de mesures. L’engin existe toujours, au musée Michelin.
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