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Quand l'Amérique arrête une grève, le Canada l'entame et l'Europe s'interroge

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

Après 7 semaines de conflit, un accord a été trouvé entre le syndicat UAW et les dirigeants de Ford et Stellantis. Mais la contagion guette : les hausses de 25% de salaires obtenus aux États-Unis ont poussé les ouvriers canadiens à demander la même chose. Comment réagissent les syndicats chez Stellantis en Europe ?

Quand l'Amérique arrête une grève, le Canada l'entame et l'Europe s'interroge

On respire à Detroit. Du moins dans les hautes sphères ou la grève entamée depuis sept semaines s’achève. Ford et Stellantis se sont mis d’accord pour taper dans la main de Shawn Fain, le patron du puissant syndicat UAW. Les deux constructeurs proposent la même chose : 25 % de hausse de salaire d’ici 4 ans.

Évidemment, les revendications de Fain étaient d’un autre ordre, puisqu’il réclamait 40 % pour l’ensemble des ouvriers. Mais en bon négociateur, il sait qu’entre les espérances et les résultats, il y a un fossé acceptable, et dans ce cas précis il est de 15 %. Mais les ajustements liés à l’inflation et la hausse du coût de la vie pourraient bien porter la hausse des rémunérations à 33 %.

19 milliards d'investissement

D’autres revendications, comme la crainte des suppressions d’emplois liées à la bascule vers l’électrique, sont également satisfaites. Stellantis a ainsi promis d’investir 19 milliards aux US, largement soutenu en cela par l’Inflation Reduction Act, cher à Joe Biden qui a d’ailleurs pris fait et cause pour les grévistes.

Mais si le travail reprend chez Ford et Stellantis, la grève continue toujours chez General Motors. Et vu les résultats obtenus chez les concurrents, l’UAW a même décidé de l’intensifier chez GM, histoire de coller la pression à la direction. Ainsi, l’usine de Spring Hill dans le Tennessee est désormais à l’arrêt total.

C’est une unité vitale pour le groupe, puisque ses 4 000 ouvriers y fabriquent notamment les moteurs du pick-up Chevrolet Silverado, 2e meilleure vente américaine, juste derrière le Ford F 150. La grève coûte déjà 400 millions de dollars à GM par semaine depuis le début du conflit, et la note devrait donc s’alourdir encore. 

Les chaînes qui produisent le Chevrolet Silverado sont toujours à l'arrêt.
Les chaînes qui produisent le Chevrolet Silverado sont toujours à l'arrêt.

Une addition que Ford a lui aussi chiffré. Son directeur financier avance le chiffre de 1,3 milliard de dollars, lié aux 80 000 autos qui n’ont pas été produites durant les 7 semaines d’arrêt de travail. De son côté, Stellantis explique que le conflit a coûté plus du double et l’estime à 3 milliards de dollars. C’est que, chez le franco-américano-italien, la grève s’est étendue au Canada. 

De l’autre côté de la frontière, ce n’est pas l’UAW qui mène la danse, mais son homologue canadien Unifor. Voyant les résultats obtenus aux US, ses dirigeants n’ont pas lésiné. Dès lundi matin, 8 200 ouvriers ont arrêté le travail dans les usines du pays. Lana Payne, présidente du syndicat (et première femme à occuper ce poste) demande ce que l’UAW a obtenu : une hausse des salaires et une amélioration des conditions de retraite.

Les excellents résultats de Stellantis donnent des idées aux syndicats français

L’affaire n’a pas traîné, et dès ce matin, Stellantis annonce un accord avec Unifor. Du coup, la contagion des revendications syndicales, et les résultats obtenus rapidement, donnent-ils des idées aux personnels de Stellantis en France ? Pas des idées de grève en tout cas, « pas pour le moment » nous a expliqué Laurent Oechsel. 

Il est délégué central de la CFE-CGC pour le groupe, mais les résultats, publiés aujourd’hui même, l’amènent à penser « qu’il y a une nécessité d’une action rapide en faveur d’une augmentation juste et significative des salaires ». Il faut dire que le chiffre d’affaires de 45,1 milliards d’euros est en hausse de 7 % par rapport à la même période l’an passé. Du côté des ventes, l’augmentation est de 11 %. De quoi nourrir quelques appétits et désirs de « partage des valeurs » comme le dit la CGC-CFE. 

Pour autant, ce syndicat est loin d’être le plus virulent. Reste à guetter la position des autres centrales, « et celle de la base » ajoute Laurent Oechsel.

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