Quand France 5 enterre l'auto à papa
Une soirée entière de la chaîne du service public sera entièrement consacrée à la transition automobile qui se déroule en ce moment. L'occasion de revenir sur les heures glorieuses ou la voiture régnait en maître, puis sur son déclin sur fond de pollution avant un retour électrique, et plutôt asiatique.
Consacrer une soirée entière à ce qui est la révolution industrielle la plus fondamentale de ce début de siècle n’est pas seulement une évidence, mais une nécessité. France 5 va le faire le dimanche 4 juin au soir, avec un documentaire de plus d’une heure, mais aussi un débat qui va clore la soirée.
Le film, signé Thomas Lafarge, et intitulé Automobile, la fin d’une ère, évoque la mutation en cours, du thermique à l’électrique, en commençant par un état des lieux de l’absolue hégémonie de la voiture au siècle dernier, pendant les quelques cinquante ans ou l’auto était à la fois culturelle, économique, politique, sociologique et urbanistique, comme le rappelle l’historien Mathieu Flonneau. « On se garait partout en voiture, dans la cour de la Sorbonne et devant le Louvre ». On redécouvre les jours heureux ou Michel Fugain chantait une pub pour la Renault 4 en 1973 : « fait un tour en 4L et demande lui beaucoup » et les plus d’1 million de visiteurs qui, chaque année, se précipitaient au salon de l'auto, qui attirait tout le monde sans pour autant s'appeler Mondial de l'auto.
Et puis le temps a passé et les temps ont changé. En 1997, après le sommet de Kyoto, la voiture commence à être regardée de travers. L’année suivante, la commission européenne réunit les constructeurs du continent et leur demande de réduire d’eux-mêmes leurs émissions sans les y obliger. Et ils y parviennent, grâce au diesel qui, s’il émet plus de particules, envoie moins de C02 dans l'air. Le mazout envahit tout, les petites citadines comme les grosses berlines. Même l’Amérique succombe, avec le cleandiesel, très en vogue là-bas, jusqu’en 2015. Cette année-là, Volkswagen dévient même le premier importateur aux US. Sauf que la même année, un petit logiciel farceur et frauduleux qui se cache sous les capots allemand est découvert. Très rapidement, le Volkswagengate devient le dieselgate. Tout le monde est soupçonné. Le mazout devient proscrit et sa fin est programmée. Dès lors, la seule solution pour baisser les émissions, puis les éliminer totalement, du moins en roulant, s’appelle l’électricité.
Le double jeu de Stellantis
Cette histoire est connue, surtout des lecteurs assidus de Caradisiac qui ont pu en suivre toutes les péripéties. Mais le doc de Thomas Lafarge entre également dans les coulisses des négociations qui se sont déroulées à Bruxelles avant l’adoption du texte de loi qui doit aboutir, dès le 1er janvier 2035, à l’arrêt définitif du thermique. Le film revient notamment sur un curieux épisode en rappelant toute l’hostilité de Carlos Tavares envers le tout électrique.
Sauf qu’à la veille du jour décisif de l'élection, tous les députés européens de droite et du centre (les plus enclins à voter contre le texte) ont reçu un mail de Stellantis leur demandant de voter pour la fin du thermique. Volte-face ? Double discours plutôt, puisqu’après le résultat, qui a donné la majorité au texte, le patron de la maison a malgré tout continué à exprimer son désaccord avec le texte en question, tout en admettant que ses marques mettaient tout en œuvre pour s’électrifier totalement.
La bascule est donc engagée chez tous les constructeurs et le film se contente de constater que l’automobile ne sera plus jamais comme avant. La voiture à papa n’est plus et on ne se gare plus dans la cour carrée du Louvre. Mais si l'auto d'aujourd'hui n’est plus celle d'avant, celle d’après sera-t-elle chinoise ? Thomas Lafarge conclue son documentaire sur l'avancée de l'empire dans la voiture électrique sans répondre à cette question. Pourvu que son prochain doc ne s'intitule pas Automobile, la fin d'une ère occidentale.
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