Pour la Cour des comptes européenne, la souveraineté des voitures électriques dans l’UE, c’est pas gagné
l'Europe accélère en matière de fabrication de batteries pour ne plus être dépendante de l'Asie. Pourtant, selon les sages basés au Luxembourg, le rythme actuel ne suffira pas à se défaire de l'emprise chinoise. Leurs conseils ? Repousser l'échéance de 2035, ou accélérer encore plus.
On a tendance, ces temps-ci, à jouer les fiers à bras. Avec l’inauguration récente de la gigafactory ACC à Douvrain, et celle, toujours en construction, d’Envision et Renault à Douai on s’imagine être en bonne voie vers l’indépendance de nos autos électriques à venir. Mais ce sont les quelques batteries qui cachent la forêt de la dépendance de l’UE envers l’Asie. C’est du moins la conclusion d’un rapport de la Cour des comptes européenne pour le moins alarmiste.
Pour les sages, qui siègent au Luxembourg, les efforts français, allemands, mais aussi suédois et Italiens sont à saluer, mais ne risquent pas, malgré les programmes annoncés de nouvelles usines à batteries, de suffire à fournir la demande des constructeurs en la matière. Un paradoxe, alors que le continent est le bon élève mondial en matière d’électrification de son parc auto. En 2021, 18 % des autos neuves vendues sur le vieux continent se passaient de sans-plomb, contre 16 % pour la Chine, et 5 % seulement aux États-Unis.
Plus de 7 milliards pour être indépendants, pour le moment
Et pourtant, les programmes annoncés, et les sommes engagées chez nous pour rattraper le retard, sont importants. L’UE a octroyé 1,7 milliard d’euros pour tenter d’inverser la donne, et les pays membres ont eux-mêmes mis la main à la poche à hauteur de 6 milliards. Et c’est loin d’être terminé, puisque les capacités de production, de l’ordre de 44 GWh en 2020 devraient atteindre 1 200 d’ici à 2030.
De quoi voir l’avenir en rose et une autonomie suffisante pour assumer le tout électrique en 2035 ? Pas pour les rapporteurs du Luxembourg. Selon eux, « l’UE n’a pas toutes les cartes en main : l’accès aux matières premières, l’attrait pour les investisseurs et les coûts à supporter pourraient lui faire perdre son pari. » Des cartes qui, au-delà des batteries, se nomment lithium, manganèse, cobalt et graphite. Nos sols en regorgent, ou du moins en disposent ? Sauf que pour les détecter, et les exploiter, le rapport rappelle que des délais compris entre 12 et 16 ans sont nécessaires. Or, 2035, c’est dans 12 ans justement. L’affaire semble donc ric-rac.
Mais les embûches vers cette souveraineté électrique étant posées, quelles sont les préconisations de la Cour des comptes pour y remédier ? Elles sont simples. Pour les sages, Bruxelles a deux solutions : reporter la date fatidique du 1er janvier 2035 jusqu’à ce que les approvisionnements intra-européens soient opérationnels, ou continuer d’acheter massivement des batteries en Asie. Deux solutions qui ressemblent à un Choix de Sophie puisque l’une ou l’autre décision est néfaste. En adoptant la première, on fait fort peu de cas de la décarbonisation, et avec la seconde, on s’apprête à des suppressions d’emploi massives dans l’automobile européenne.
Reste une troisième voie que le rapport n’explore pas. C’est l'accentuation de la politique des États membres pour engager réellement cette offensive, mais aussi les progrès en matière de batteries qui, à l’orée des années 2030 pourraient se passer de métaux et de terres rares, ou du moins en réduire la consommation.
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