Pour Jean-Dominique Senard, il n'y a pas que l'électrique dans la vie
Auditionné par le Sénat, le Président du conseil d'administration du groupe Renault a répété que le losange basculera bien dans le tout électrique d'ici 2030, ce qui ne sera pas le cas de toutes les marques du groupe.
Les rôles sont clairement partagés au sein du groupe Renault. À Luca de Meo, directeur général, la direction opérationnelle du groupe et la stratégie produits, et à Jean-Dominique Senard, Président du conseil d’administration, les relations avec les actionnaires, fussent-ils institutionnels.
C’est pourquoi, ce dernier a été auditionné longuement la semaine passée par le Sénat, l’État détenant toujours 15,01 % des actions du groupe. Pendant ces trois heures, il aura au moins démontré qu’il était sur la même longueur d’onde que son DG, notamment en matière d’électrification et de griefs adressés à Bruxelles. Le but de ces trois heures d’audition ? La commission économiques des Sages voulait l’entendre sur la stratégie d’électrification de Renault, justement. Et il n’a pas esquivé la problématique.
La décision de Bruxelles ? "un niveau d’analyse proche de pas grand-chose"
C’est au fleuret moucheté que l’ancien patron de Michelin, s’en est pris aux décisions de l’UE, le tout enveloppé d’un flegme très britannique. L’analyse d’impact social et économique lors de la décision de basculer vers le tout électrique en 2035 ? "La décision a été prise avec un niveau d’analyse proche de pas grand-chose. J’espère ne choquer personne en disant qu’elle n’a pas été faite » a-t-il expliqué au parterre de sénateurs. Et d’enfoncer le clou. « J’en veux pour preuve qu’une fois la décision prise tout le monde a découvert, ou a fait mine de découvrir, que nous avions un énorme sujet autour de la question des ressources nécessaires pour alimenter les usines de batteries que nous sommes en train de mettre en place en France et que l’Europe était dépourvue d’accès significatif aux mines nécessaires à la fabrication de batteries ».
Les élus de Bruxelles comme ceux de Paris seraient-ils déconnectés des réalités ? C’est le sénateur écologiste Yannick Jadot lui-même qui a apporté du grain au moulin de Jean-Dominique Senard en lui posant une curieuse question. « Est-ce que vous n’avez pas l’impression de ne pas prendre le bon train de la compétitivité, en matière automobile », lui a demandé l’ex-candidat des Verts à la présidentielle en lui reprochant de se situer « dans le camp un peu conservateur de la transition automobile ». Jadot a-t-il confondu Renault et Toyota ? Toujours est-il que le président du groupe s’est senti obligé de lui rappeler ce qu’il a déjà affirmé : « Renault s’est engagé à être 100% électrique en 2030 ».
Pour autant, le président du conseil d’administration a tenu à nuancer, en précisant que tout le groupe ne sera pas électrique à cette date. Un ange aux couleurs de Dacia a survolé la commission et le patron a rappelé que son groupe avait décidé « de maintenir cette activité, en prenant en compte le fait que l’avenir allait, pendant quelques dizaines d’années encore, faire une place significative au moteur thermique ».
Pas de quoi rassurer Yannick Jadot, mais c’est une manière de démontrer, et d’expliquer aux sénateurs, que le groupe Renault, comme la plupart des autres constructeurs aujourd’hui, est prêt à toutes les possibilités : une bascule totale en 2035, un moratoire, voir un retour en arrière sur la question de l’électrique. C’est aussi une manière, pour Jean-Dominique Senard, de veiller, comme il s’en est expliqué, « à préserver l’emploi ». Ce qui a, visiblement, rassuré les autres sénateurs représentant de son actionnaire de référence.
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