Peut-on voyager en voiture électrique sans planifier son trajet ?
Maintenant que la France dispose d’un vaste réseau de recharge rapide le long de ses autoroutes, faut-il garder de grosses précautions quand on part en voyage avec une voiture électrique ? Pas plus qu’avec une voiture thermique, désormais. A condition de rester sur les axes principaux, évidemment.
Un Porsche Macan électrique branché sur une borne publique de 50 kW de puissance à...0,69€ du kWh dans Marseille. Le prix de la charge est presque en rapport avec celui de la voiture !
« Tout le monde sait qu’un véritable utilisateur de voiture électrique aurait préalablement préparé son trajet », affirmaient certains militants de la voiture électrique après la diffusion du fameux reportage de TF1 où le journaliste tombait sur des bornes de recharge en panne pendant son voyage. Il y a encore cinq ans, d’ailleurs, il paraissait totalement inconcevable de se lancer dans un Paris-Marseille sans s’armer d’une batterie d’applications pour smartphone et préparer dans le détail son trajet et tous les points de recharge sur l’itinéraire.
Mais justement, le réseau de charge français a beaucoup progressé depuis ce temps. Au 31 août dernier, on comptait 146 771 points de charge au total dans le pays et 14 675 bornes de recharge rapide. Même s’il reste possible de jouer de malchance et de tomber sur une station de charge en panne comme nous avions pu l’expérimenter en janvier 2023 (« comme par hasard » diront les complotistes), la qualité de ce réseau de charge rapide et son développement permettent désormais de voyager à travers la France avec sa voiture électrique sans stress.
Comme avec une voiture thermique
Comme j’ai pu le vérifier lors d’un Paris-Marseille effectué dans la nuit du 28 septembre dernier, il n’y a plus besoin de planifier son trajet sur ces axes désormais bardés de stations de charge rapide sur toute leur longueur. On peut procéder comme au volant d’une voiture thermique, en s’arrêtant à la prochaine station une fois la « réserve » allumée au tableau de bord, en sautant entre les stations espacées de 30 ou 40 kilomètres au maximum.
Parti avec un peu moins de 98% de charge de Paris au volant d’un Porsche Macan 4 Electric (avec une température descendue jusqu’à 4,5 degrés), j’ai roulé un peu moins de 300 km avant de m’arrêter une première fois à l’aire de la Forêt près de Bligny-sur-Ouche le long de l’autoroute A6 quand la réserve de carburant s’est allumée. Puis, encore 300 kilomètres plus tard, à celle de Portes-Lès-Valence lorsque la réserve « batterie faible » s’est une nouvelle fois déclenchée. Avec une petite vingtaine de minutes pour repasser à 80% la première fois et un peu plus la seconde où j’en ai profité pour dormir un peu.
Certes, on peut toujours expérimenter de petits problèmes techniques sur ces charges rapides en voyage. Lors de mon premier arrêt à une station Engie, par exemple, la première borne utilisée ne marchait pas et coupait automatiquement la charge moins d’une minute après le lancement. J’ai dû me rabattre sur une autre borne à côté ce qui fait perdre facilement cinq minutes le temps de faire toutes les manipulations. Lors du second arrêt, je me suis branché sur des superchargeurs Tesla en oubliant qu’ils limitaient la puissance maximale de charge pour certaines voitures possédant une architecture à 800 volts (comme le Macan) et je n'ai pas pu dépasser les 120 kW. La préhension de ce gros câble de charge rapide, nettement plus lourd et dur à manier qu’un pistolet de pompe à essence, pourra également être vécue comme un calvaire pour les utilisateurs ne possédant pas une forme physique optimale. Et surtout, on ne parle ici que du réseau autoroutier principal : une fois sorti des axes principaux, il faudra toujours continuer à prévoir un plan de route dans sa voiture électrique et parfois faire un détour (même si là aussi le bilan s’est nettement amélioré).
« Oui mais c’est facile avec un SUV de luxe à plus de 80 000€ », objecteront certains avec raison en désignant le Porsche Macan comme une « voiture de riche ». Rappelons tout de même qu’il dispose d’une autonomie réelle de moins de 400 kilomètres à 130 km/h sur l’autoroute sur ce trajet par basses températures (du fait de sa mise au point plutôt tournée vers l'efficacité sportive), similaire à celle d’un Tesla Model Y Grande Autonomie Propulsion (46 990€) ou d’un Renault Scénic E-Tech Grande Autonomie (46 990€). Et il est tout à fait possible d’envisager la même façon de voyager avec une simple citadine électrique, comme je l’avais fait en Peugeot e-208 l’année dernière…avec tout de même une grosse frayeur en découvrant une station de charge Ionity tombée en panne quelques minutes plus tôt (sans avertissement en amont). Le bilan n’est pas encore parfait dans ce genre de conditions, mais je pense que le degré de confort et de sécurité qu’il atteint désormais permet de convaincre très au-delà de la sphère des « convaincus de la première heure » de l’automobile électrique. De là à séduire la majorité des automobilistes français, il y a sans doute encore un peu de chemin à faire. Sans doute faudra-t-il attendre des voitures moins chères à la technologie encore meilleure, sachant qu'elle progresse très vite sur ces autos actuellement.
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