Nouvelle lubie des « Kei Cars » : et si Fiat ressortait l’Ecobasic ?
En 1999, la Fiat Ecobasic montrait comment une voiture pouvait réduire considérablement sa consommation et son impact écologique tout en demeurant très abordable. Exactement ce dont on a besoin à l’heure actuelle, certains réclamant d’ailleurs des « Kei Cars » à l’européenne. Mais personne n’était prêt pour une auto aussi intelligente et décalée.

Je sais, tout le monde va dire : « elle est moche ». Mais à une époque où les voitures se vautrent dans une lamentable uniformité esthétique, la Fiat Ecobasic a le mérite de casser bien des codes, ce qui n’en rend sa singularité que plus attractive. Mais son intérêt est ailleurs.
Révélée en 1999, elle date d’avant cette ère où la peur domine, ce qui engendre des autos se voulant toujours plus rassurantes, se caractérisant par un dessin agressif, une tôlerie envahissante, et un rapport encombrement/habitabilité ridicule. En bref, elles sont stupides. Les normes mondiales, notamment en matière de crash-test, sont passées par là.

De plus, celles qui ont osé faire un pas de côté (citons le Multipla, au hasard) se sont mal vendues : la clientèle du 3e millénaire, régressive, veut d'abord se croire protégée et choyée sans se poser de questions. Or, l’intelligence est un des grands intérêts de la Fiat Ecobasic, visionnaire. Conçue dans une optique de sobriété maximale et d’impact écologique minimal, elle est très légère (750 kg) grâce au large emploi de plastique recyclable teinté dans la masse, elle respecte les normes de crash-test, et présente un Cx de 0.28, remarquable compte-tenu de sa longueur limitée à 3,48 m.
L’ensemble se solde par une consommation annoncée remarquablement faible tout en conservant des performances amplement suffisantes, grâce à son moteur diesel (quelle horreur !), l’ultra-efficient bloc 1.3 Multijet allié à une boîte robotisée. En clair, cette drôle de puce pointe à 160 km/h, atteint les 100 km/h en 13 s, et se contente de 2,9 l/100 km en mixte, soit des émissions de CO2 de 78 g/km seulement.

Certes, ce dernier chiffre serait plus élevé si la voiture était testée selon la norme WLTP, mais il montre qu’on peut drastiquement réduire les émissions de CO2 autrement qu’en passant par une électrification synonyme de poids élevé et de pollution énorme lors de sa fabrication.
Plus fort encore, Fiat envisageait de commercialiser une Ecobasic finalisée pour l’équivalent de 7 500 € actuels seulement ! Hélas, le marketing a estimé, pas forcément à tort, que ce qui rappelle furieusement « une voiture d’ingénieurs » n’était pas viable commercialement. A la place, on a eu l’excellente Panda II, qui a connu un grand succès commercial. Mais elle demeurait très classique conceptuellement.

Quoi qu’il en soit, l’Ecobasic montre beaucoup de choses. Que l’industrie européenne peut répondre aux enjeux climatiques en faisant appel à ses propres ressources intellectuelles. Qu’il est inutile de copier les « Kei Cars » japonais, ou de se précipiter dans un tout électrique bien moins écolo que ce qu’annoncent des militants déguisés en « experts » (l’échéance de 2035 est aberrante). Que d’autres solutions techniques sont possibles : 26 ans après l’apparition de l’Ecobasic, bien plus intelligente que n’importe quelle voiture actuelle, on doit pouvoir en réduire encore significativement un impact écologique déjà faible.

De plus, en la vendant à, disons, 12 000 €, elle devrait être viable économiquement sans recourir à ce moins-disant normatif que réclament certains constructeurs. Ce, en conservant une motorisation thermique largement dépolluée, gage d’une polyvalence d’usage strictement impossible à atteindre avec une petite électrique à l’autonomie ridicule. Et au prix qui les cantonne à des privilégiés capables de dépenser 20 000 € dans une voiture limitée à un usage local, comme la Byd Dolphin Surf et surtout la Renault 5 Five...
Imaginons aussi une réglementation européenne favorisant les autos de moins de 900 kg tout prenant en compte l'aérodynamique et le prix de revient, via des défiscalisations : ça désamorcerait cette bombe sociale que représente le passage au tout-électrique !
Mais, à l’heure de la tik-tokisation des esprits, il sera bien difficile de convaincre une clientèle conséquente de renoncer à ses réflexes régressifs lors de l’achat (ou de la location) d’une voiture. Sans même parler des actionnaires et de leur désir de rentabilité maximale à court terme…
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