Mobilité électrique: en fait, la France fait déjà référence
Trop lent, le déploiement des réseaux de bornes de recharge en France? Un voyage chez nos voisins permet de remettre les choses en perspective.
L’autodénigrement permanent, sport national tricolore, concerne aussi la lenteur de déploiement des bornes de recharge pour voitures électriques.
Pourtant, on a récemment franchi le cap des 100 000 points de charge ouverts au public (100 596 au pointage du 31 mai, chiffre qui traduit une progression de 61,9% en un an). Et même si cette barre symbolique a été atteinte avec quelques mois de retard sur l’ambition initiale, il convient de saluer ce tour de force.
Il est de plus en plus facile de charger sa voiture électrique sur la voie publique, et le fait que plus de 90% des stations-services d’autoroute soient désormais dotées de bornes rapides permet d’envisager sereinement les longues distances cet été. Une informations qui intéressera particulièrement les 21% de particuliers français qui se sont portés acquéreurs d’une électrique au premier trimestre.
En d’autres termes, et même si bien des progrès restent à accomplir, on peut saluer l’implication de nos pouvoirs publics sur le front de la mobilité « zéro émission ».
Ainsi, si vous suivez Caradisiac sur les réseaux sociaux, vous êtes probablement au courant de la grande virée en Espagne récemment organisée par la rédaction. Vous retrouverez dans les semaines à venir tous les articles et vidéos que nous avons consacré aux marques Seat et Cupra, cette dernière connaissant une spectaculaire croissance de ses ventes qui lui permet d’afficher des ambitions élevées. Nous y reviendrons prochainement.
Ce voyage de plus de 4 000 km, réalisé par votre serviteur en voiture électrique (une Cupra Born 77 kWh), aura permis de constater tout l’écart qui nous sépare d’un pays où la mobilité dite propre reste un enjeu très secondaire.
Il y a Ionity et Ionity...
Les bornes y sont rares parce que les voitures électriques ne se vendent pas, et on comprend que les automobilistes du cru ne se précipitent pas vers les voitures à batterie tant le réseau de recharge est indigent (34 000 bornes au dernier pointage de l’Association européenne des constructeurs automobiles, soit trois fois moins qu’en France alors que la surface des deux pays est assez proche), notamment en matière de bornes rapides favorisant l’itinérance.
Le cas de Ionity, le fameux réseau de charge ultra-rapide soutenu par un consortium de grands constructeurs et par l’Union européenne, et sur lequel s’appuient notamment des Porsche, BMW et autres Mercedes dans leur communication, illustre parfaitement le décalage avec la France, tant en nombre qu’en qualité. On compte chez nous 656 bornes dans 127 stations, contre 78 bornes dans 30 stations en Espagne.
Chez nous, ces bornes se trouvent souvent dans des stations d’autoroute, dans un environnement généralement propre et sécurisé. Là-bas, la plupart des stations où nous avons fait le plein d’électrons sont situées dans des parkings glauques et sales où, croyez-nous, personne n’aimerait faire son plein en pleine nuit.
Quant aux bornes semi-rapides des différents réseaux situées à travers le pays, elles sont trop souvent inaccessibles, même avec une carte de recharge multi-réseaux type Chargemap. Et même quand en désespoir de cause on télécharge les applications ad hoc, celles-ci ne finissent par déclencher la charge qu’une fois sur deux. Seul conseil, préparez bien vos itinéraires si vous vous lancez en Espagne cet été. Remarque également valable au Portugal et en Italie, autres pays où la densité de borne est faible.
Entendons-nous bien. Loin, bien loin de nous la volonté de stigmatiser ce merveilleux pays qu’est l’Espagne. Simplement, l’une des vertus d’un voyage à l’étranger est qu’il permet de replacer les choses en perspective.
Et de se dire que, parfois, on n’est pas si mal loti en France, ce « paradis peuplé de gens qui croient vivre en enfer », pour reprendre la fameuse formule de l’écrivain Sylvain Tesson.
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