Mercedes-Benz SL R107 USA (1971 – 1989), elle a de gros parechocs, et alors ? Dès 18 000 €.
Star des stars d’Hollywood, la Mercedes SL R107 USA a colonisé les écrans dans les années 80 : qui a oublié ses gros parechocs et ses projecteurs circulaires ? Ces roadsters sont à l’heure actuelle bien moins prisés que leurs homologues européens alors que leurs qualités sont - presque - les mêmes.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Mercedes SL R107 USA est-elle collectionnable ?
Star du cinéma et des séries TV, cette auto parle à notre inconscient collectif, tant elle était omniprésente dans les productions américaines. Roadster luxueux, elle profite d'un charme particulier, différent ce celui du modèle européen, et coûte nettement moins cher ! Les beaux exemplaires deviennent rares, aussi est-il temps de mettre ces autos de côté.
Grâce au talent et à l’énergie de Max Hoffman, importateur de sportives européennes aux USA, bien des constructeurs du vieux continent ont pu démultiplier leurs revenus. Le businessman autrichien avait acquis une telle influence que les marques se sont mises à suivre ses conseils quant au développement de tel ou tel modèle.
Par exemple, sans lui, jamais la Mercedes-Benz 300 SL Papillon n’aurait été déclinée en voiture de tourisme. Par la suite, il a suggéré au constructeur allemand la 190 SL, qui connaîtra plusieurs descendantes, toutes très appréciées chez l’Oncle Sam : la fameuse Pagode et la R107, qui envahira le petit écran via les séries américaines. Cette dernière devra s’adapter à la passion qui fait rage outre-Atlantique pour la sécurité passive des voitures, alimentée par le livre de l’avocat Ralph Nader « Ces voitures qui tuent ».
Les autorités US ont en effet établi de nouvelles réglementations dont beaucoup ont craint qu’elles n’interdisent les cabriolets. Après un examen attentif, les ingénieurs de Mercedes ont compris qu’il n’en était rien, pour autant que la voiture protège ses passagers en cas de retournement. A Stuttgart, la sécurité on connaît bien : on a embauché Béla Barényi, qui a inventé les zones à déformation programmées, appliquées en série depuis 1959 sur la Mercedes W111 « Heckflosse ».
Alors, on met tout son savoir-faire en œuvre pour la conception du roadster R107, bénéficiant par exemple de montants de pare-brise renforcés et de revêtements d’habitacle censés amortir les chocs des passagers contre eux. Même les feux arrière sont dessinés pour rester lumineux, grâce à leurs nervures quand ils sont couverts de boue. Des nervures, on en trouve aussi sur les bas de carrosserie, qui limitent les remontées de saletés sur les vitres. Du coup, quand elle sort en 1971, la R107 étonne.
Elle initie le design des Mercedes à venir, tournant le dos aux projecteurs verticaux. Même topo dans le cockpit, où les parements en bois et les chromes cèdent la place au tout plastique sécuritaire : une nouvelle ère. Sous le capot elle reçoit un V8, chose inédite sur un roadster Mercedes. Autre particularité, ce 3,5 l de 200 ch peut s’atteler à une boîte manuelle, il est même le seul dans ce cas chez la marque allemande. Une automatique à quatre rapports est, bien sûr, disponible.
Le modèle américain se distingue encore peu de l’européen : projecteurs circulaires, clignotants avant installés sous le parechoc. C’est tout ? Non. Son moteur n’est pas un 3,5 l mais un 4,5 l légèrement dépollué, offrant 190 ch (allié à une boîte 3 automatique). Côté trains roulants, la R107 s’inspire énormément de la berline W114, dont elle récupère les épures, bras superposés à l’avant, et tirants obliques à l’arrière, complétés par des arbres de transmission à double articulation. Fini l’antique essieu brisé issu des années 30 !
Par sa modernité, la SL R107 enterre toute la concurrence et rencontre donc un succès immédiat. Par la suite, elle va constamment évoluer, par petites touches, que nous n’allons pas toutes mentionner. Dès l’été 1973, le modèle US reçoit les gros « impact bumpers », des parechocs capables d’encaisser un crash jusqu’à 8 km/h.
En 1974, un 6-cylindres 2,8 l de 177 ch s’invite dans la gamme européenne (version 280 SL), puis en 1980, la gamme SL subit une légère refonte. Protection anticorrosion améliorée, volant de Classe S W126, compteurs intégrant un indicateur de consommation, et appuie-têtes rectilignes. L’ABS arrive en option, mais le V8 3,8 l remplaçant le 4,5 l s’en tient à 155 ch, à cause des normes antipollution. La 380 devient donc la moins puissante des SL ! Du coup, bien des clients font venir à leurs frais (des "grey imports") des exemplaires de la 500 SL européenne catalysée, délivrant 223 ch.
Ce à quoi Mercedes réagit en 1985 en proposant une 560 SL (230 ch), lors du dernier restylage (jantes agrandies, suspension avant modifiée, freins renforcés). En 1989, la SL R107 est remplacée par la R129 : Bobby Ewing, Jennifer Hart, la copine d’Eddy Murphy dans Le Flic de Beverly Hills, et plusieurs méchants dans Columbo ne s’en remettront pas ! 237 287 unités de la SL ont été produites, dont les deux tiers sont partis aux USA.
Combien ça coûte ?
On trouve des roadsters SL en bon état dès 18 000 €. A ce prix, on a droit à une 380 SL dépassant les 250 000 km, ce qui n’est pas un problème si l’auto a été bien entretenue. A 20 000 €, on accède à une 450 SL de même kilométrage environ, dotée des gros parechocs. Pour une auto dotée des éléments plus fins d’avant 1973, comptez plutôt 21 000 €. Quant à la 560 SL, elle débute à 23 000 €. Evidemment, plus le kilométrage baisse, plus les prix augmentent, tout en restant très inférieurs à ceux des SL V8 européennes !
Quelle version choisir ?
La 450 de début de carrière réalise un bon compromis entre finesse esthétique, puissance et prix, mais il s’agit de la dégotter en bon état. Si vous voulez les gros parechocs, préférez la 560.
Les versions collector
Toute SL en parfait état d’origine et affichant un kilométrage réduit (moins de 100 000 km) est un collector. Attention au prix !
Que surveiller ?
Le principal ennemi de la SL, c’est la corrosion, qui attaque principalement l’arrière de la voiture et les bas de caisse. L’avantage des autos californiennes, c’est qu’elles ont passé leur existence dans un climat très sec, qui réduit les risques de pourrissement. Néanmoins, n’achetez pas une voiture sans l’avoir vue !
Les moteurs et les boîtes sont très endurants, s’ils ont été vidangés régulièrement. On relève toutefois une faiblesse des poussoirs hydrauliques coté droit, sans grande gravité.
Rien de bien méchant à redouter côté suspension, qui vieillit normalement, donc doit être sérieusement inspectée car l’auto est ancienne.
Dans l’habitacle, là encore c’est du robuste, mais le soleil fait se craqueler la planche de bord : une grosse opération quand il s’agit de la changer !
Au volant
J’ai pu prendre le volant d’une 500 SL « Grey Import », donc vendue hors réseau aux USA. Le siège est typique des Mercedes des années 80, avec son assise ferme montée sur ressorts, alors que le volant est trop grand. Mais on se trouve bien installé dans ce cockpit à l’ergonomie soigneusement étudiée.
Le moteur produit une belle sonorité de V8, assez discrète, et surtout, il envoie du lourd. Souple, il prend tout de même des tours avec entrain, sans s’essouffler à haut régime. Quelle santé ! Il s’attèle à une boîte auto à quatre rapports, plutôt vive et douce, qui le soutient efficacement dans ses efforts. La tenue de route ? Il faut composer avec la suspension souple et confortable qui engendre pas mal de roulis, mais le châssis se révèle joliment équilibré.
Plus on bouscule la SL, plus elle convainc, signe d’une bonne mise au point. La direction n’est pas muette, les freins se révèlent plutôt efficaces, de bonnes surprises. On regrette surtout que les sièges en cuir n’offrent aucun maintien latéral. En somme, une auto très homogène mais vorace, qui avale aisément ses 15 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Mercedes-Benz SL R129 (1989 – 2001)
Sous sa carrosserie lisse et élégante due à l’équipe de designers de Bruno Sacco, ce roadster cache une haute technologie. Suspension multibras, amortissement piloté, antipatinage, arceau se déployant en 0,3 s, moteurs multisoupapes (3,0 l de 231 ch et 5,0 l de 326 ch), la liste est longue ! La R129 connaît un grand succès initial, puis évoluera constamment : moteur V12 6,0 l de 394 ch (600 SL) en 1992, 2,8 l de 193 ch en 1993 (280 SL), puis restylage fin 1995.
Les moteurs sont remaniés, l’ESP apparaît, tout comme les xénons. En 1998, nouvelle mise à jour : les 6-en-ligne sont remplacés par des V6, les culasses perdent une soupape mais gagnent 2 bougies par cylindre, et tous les blocs répondent à la norme Euro III. En 2001, le SL R129 produit à 204 940 exemplaires, tire sa révérence. A partir de 13 000 €.
Mercedes-Benz 450 SL USA (1975), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 4 520 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras obliques, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 3 automatique, propulsion
- Puissance : 190 ch à 4 500 tr/mn
- Couple : 325 Nm à 3 000 tr/mn
- Poids : 1 632 kg
- Vitesse maxi : 210 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : Env. 10 s.
> Pour trouver des annonces de Mercedes SL R107, rendez-vous sur le site de La Centrale.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération