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Mercedes 300 SL : un record de vitesse, mais à vélo (les voitures les plus rapides du monde)

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

Elle était, à son époque, la voiture de série la plus rapide au monde, sans pour autant que le record ne soit attesté. En revanche, le chef-d’œuvre aux portes papillons de l'étoile a participé à un autre exploit, dûment homologué : celui d'un cycliste qui a roulé à 204,778 km /h derrière elle.

Mercedes 300 SL : un record de vitesse, mais à vélo (les voitures les plus rapides du monde)

C’est une injustice. L’une des plus légendaire sportive de tous les temps, la Mercedes 300 SL n’a jamais battu de record du monde de vitesse, du moins pas officiellement, et si elle y est parvenue, c'est sans homologation.

Les pilotes de l’époque, en 1955 avaient beau affirmer qu’elle atteignait 240 km/h, ses concepteurs avaient beau prétendre que la version SLR (fabriquée à 2 exemplaires seulement) était capable de rouler à 284 km / h, il leur manque le tampon officiel. Ce qui n’empêche pas l’auto de Stuttgart d’être connue pour être l’auto de série a plus rapide du monde à son époque, avec plus de 225 km/h, et d’entrer dans l’histoire d’une manière beaucoup plus durable que de nombreuses autres, et pas seulement à cause de ses portes papillons. Elle détient néanmoins un autre record : celui de l’auto la plus chère du monde avec une SLR, justement, adjugée à 135 millions d’euros.

Un vélo à 130 dents

Mais si la 300 SL n’a pas de record personnel de vitesse, elle est partageuse, et c’est à un vélo qu’elle a offert le trophée. À son cycliste aussi. Car un jour elle a croisé la route de José Meiffret, un français acharné, qui n’a qu’une idée en tête : être l’homme le plus rapide au monde à vélo en dépassant les 200 km/h, un rêve évidemment complètement fou. Pour y parvenir, il conçoit une bicyclette très particulière, avec un plateau avant gigantesque de 130 dents. On imagine la force nécessaire dans les mollets pour entraîner un tel engin. Pour éviter la surchauffe des roues, il les façonne en bois et installe une roue à l’avant du vélo, plus petite que celle de l’arrière. 

Évidemment, personne n’y croit, sauf Meiffret. Après un premier essai, il parvient à atteindre la vitesse, déjà vertigineuse, de 175,6 km. Il roule derrière une voiture spécialement carénée, une Talbot de 4,5 l, dont il profite de l’aspiration. Mais ce premier record ne lui suffit pas. Alors il continue de chercher des fonds pour préparer son prochain coup. On est en 1961 lorsqu’il croise la route d’un pilote américain. Adolf Zimber s’est offert l’un des 100 premiers exemplaires de 300 SL, du millésime 1955, et il est partant pour l’aventure.

L'étonnant vélo de José Meiffret.
L'étonnant vélo de José Meiffret.

À l’arrière de la Mercedes, il fixe une structure en alu recouverte d’une bâche pour que le cycliste soit à l’abri et profite un maximum de l’aspiration. C’est parti. « On a roulé à 205 km/h compteur, ce qui vous fait un bon 195 km/h réel. Félicitations » s’exclame Zimber, ravi. Meiffret, lui, n’est pas satisfait, évidemment. En plus le vent se lève, il faut reporter les essais suivants et le pilote américain a d’autres engagements.

Meiffret retourne a son atelier, et ce n’est qu’un an plus tard que le vélo bizarre et la 300 SL se retrouvent. Le rendez-vous est fixé en Allemagne sur un bout d’autobahn en construction et encore fermé à la circulation. Le sol est jonché de débris ? Pas grave : un escadron de militaires français cantonné dans le coin accepte de nettoyer le terrain, car le temps presse. On est le 15 juillet et dans cinq jours, l’autoroute doit être ouverte à la circulation.

La tentative de la dernière chance

En plus, la météo n’est pas du côté du cycliste. Le vent et la pluie empêchent toute tentative. Jusqu’au 19 juillet au soir. Le temps est revenu au beau fixe. Meiffret grimpe sur son vélo, et Zimber s’installe au volant. Tous deux savent que c’est maintenant ou jamais. Dans quelques heures, ils ne pourront plus rouler sur cette route et Meiffret n’a plus les sous nécessaires pour reporter sa quête.

Alors ils s’élancent. Le kilomètre crucial approche, signalé par le drapeau d’un militaire français. Un peu plus loin, les chronométreurs officiels l’attendent. Meiffret appuie sur ses pédales, derrière la 300 SL qui accélère au même rythme que lui. Quelques minutes plus tard, l’équipage s’arrête. Zimber annonce le verdict de son compteur : 208 km/h. Les chronométreurs les rejoignent et annoncent leur verdict à eux : Meiffret a avalé un kilomètre en 17 secondes et 58 centièmes. Sa vitesse ? 204,778 km/h. La barre est franchie et il décroche le record du monde. 

Les jours suivants, le petit cycliste devient une star et se retrouve avec plein de nouveaux amis, de Jean Giono à Jean Cocteau. Il est invité partout, fait la Une des journaux et va même écrire un livre, préfacé par Léon Zitrone.

Et puis le temps est passé. José Meiffret est retombé dans l’anonymat et a fini sa vie seul, dans une petite maison, au bord de la Nationale 4 dans la Marne, ou il est mort en 1983. Il est certes entré dans la légende, mais pour peu de temps seulement. 62 ans après son exploit, on connaît le nom de la voiture qu’il a suivi, mais on a oublié le sien. 

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