Les marques françaises font mieux que les allemandes... en apparence
Selon une étude du cabinet Ernst & Young, les constructeurs automobiles hexagonaux sont plus performants que leurs homologues d'Outre-Rhin. Mais ce constat s'établit sur leurs seuls résultats du premier semestre 2018. Un instantané, pas forcément une vérité de longue durée.
On a connu des étés automobiles autrement plus folichons. Entre le burn-out d’Elon Musk et la disparition de Sergio Marchionne, la période estivale a été quelque peu réfrigérante malgré la canicule. L’avenir de Tesla est en forme de point d’interrogation et celui de FCA (Fiat-Chrysler Group) a des allures de points de suspension. Du coup, en cette rentrée, on se raccroche aux bonnes nouvelles qui passent, histoire de reprendre le collier sans trop déprimer. Et celle qui pourrait nous redonner la banane nous vient d’Allemagne, et de l’antenne locale du cabinet d’audit EY (Ernst & Young). Selon l’étude qu’elle vient de pondre, les constructeurs de chez nous font mieux que les marques germaniques.
On est les champions
On se pince, en se disant que les analystes d’EY ont inauguré l’Oktoberfest, la fête de la bière de Munich, deux mois avant son ouverture, mais non. Les bougres avancent des chiffres. Le résultat d’exploitation des constructeurs allemands (BMW, Mercedes et le groupe VW) ? Il est en baisse de 17 % au premier semestre de cette année. Alors que celui des deux Français, Renault et PSA, est quant à lui en hausse de 28 %. Bien joué. En plus, Volkswagen est non seulement plombé par ces malheurs liés au diesel, mais en plus, comme ces collègues germaniques, il risque d’avoir quelques soucis à l’avenir aux États-Unis ou la montée du protectionnisme voulu par Donald Trump risque de faire des dégâts, alors que leurs marques y sont ultra-implantées. Ce qui n’est pas le cas de nos petits Français.
Suzuki, élue marque la plus rentable du monde
Alors, champagne, Marseillaise et cocorico ? Pas si vite, car si on est à nouveau champion du monde du ballon rond, on ne l’est pas forcément au niveau de la rentabilité automobile. Le résultat d’exploitation est une chose, le chiffre d’affaires en est une autre. Celui des constructeurs hexagonaux a atteint, au cours des 6 premiers mois, la somme fort respectable de 34 milliards d’euros. Mais celui des Allemands qui, certes, stagne, a tout de même frôlé les 127 milliards. Un autre calibre. Qui est aussi celui des marques japonaises d’ailleurs (Honda, Nissan, Suzuki, Mazda, Mitsubishi et Toyota). Quant au résultat d’exploitation des constructeurs nippons, il est lui aussi en hausse depuis le début 2018, même si ce n’est que de 11 %.
Mieux, toujours selon EY, le constructeur le plus rentable du monde est Suzuki, qui, mine de rien, avec la modestie de ses petites autos fiables, performantes et bien construites fait mieux que la marque bavaroise aux gros bras : BMW. L’humilité finit donc toujours par payer.
Les Allemands toujours en avance
Autant dire que le moment n’est pas exactement venu de se hausser du col. Car l’étude Ernst & Young n’est que la photographie d’un instant donné, ou plutôt de 6 mois donnés, qui ne tient pas compte du passé compliqué et de l’avenir pas simple de nos constructeurs nationaux. La lourde amende d’environ 25 milliards d’euros (bilan non définitif) dont a écopé VW pour la tricherie aux normes d’homologations de ses moteurs diesel sera remboursée un jour. Reste que dans la course à l’électrique, son avance sur PSA est considérable, et dans ce domaine, l’Allemand va rattraper dans les mois à venir l’Alliance Renault Nissan, pourtant partie très en avance par rapport à l’ensemble des constructeurs mondiaux.
Quant à la voiture autonome, les Allemands démontrent, sur leurs modèles haut de gamme déjà sur la route depuis plusieurs années, leurs capacités à développer des solutions quand Nissan s’apprête seulement, dans quelques semaines, à lancer son système de conduite assisté ProPilot sur le Qashqai. Système dont Renault devrait profiter un peu plus tard.
Reste le problème Trump qui pourrait mettre des bâtons dans les jantes allemandes premium puisque les Etats-Unis représentent l’un de leurs principaux marchés avec la Chine. Mais en attendant les taxes supplémentaires qui pourraient être infligées aux BMW, Mercedes et Audi vendues là-bas (et qui ne sont pas fabriquées là-bas), ces marques continuent de vendre leurs autos, comme elles le font depuis des décennies. De son côté, PSA, qui envisage un retour aux Amériques, n’y sera pas réellement avant plusieurs années. Alors savourons la photo qui place nos constructeurs en haut du podium, du moins devant nos voisins d’Outre-Rhin. Mais comme toute substance procurant une certaine ivresse, savourons-la avec modération.
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