Les 110 km / h sont de retour, défendus par la société civile
Alors que le personnel politique semble lâcher l'affaire, le passage aux 110 km/h sur autoroute revient dans l'actualité par le biais de chefs d'entreprise qui s'engagent à rouler à cette vitesse pour économiser du C02 et du carburant. Cette incitation, qui n'est pas une demande de législation, a-t-elle une chance d'être entendue ?
Ils sont patrons de Blablacar (Frédéric Mazella), des fromageries Bel (Cécile Béliot), d'une boulangerie (Eric Kayzer), fondateur de Michel et Augustin (Augustin Paluel-Marmont) ou de Nature & Découvertes (Antoine Le Marchand). Tous ces chefs d'entreprise, appuyés par deux stars de l'environnement (Yann Arthus Bertrand et Jean-Marc Jancovici) ont signé hier une tribune en faveur des 110 km/h dans le JDD.
Mais ils préviennent d'emblée : leur initiative repose sur le volontariat et ils ne demandent pas à l'État de légiférer. Leur truc, c'est l'incitation, et ils s'engagent personnellement à ne pas dépasser cette vitesse fatidique dans leur vie privée comme professionnelle. Leur argument est évidemment environnemental : "rouler à 110 km/h plutôt qu'à 130 km/h, c'est - 20 % sur nos émissions de gaz à effet de serre". Mais il est aussi purement pragmatique : "c'est -20 % de carburant consommé". Un test réalisé par nos soins en 2020, faisait même état de moins 25 % de consommation à 110 km / h.
Des flottes d'entreprise à 110 km / h ?
Cet argument pécuniaire a son importance pour ces chefs d'entreprise qui disposent tous de flottes de véhicules plus ou moins importantes. D’où des questions qui se posent. Peuvent-ils pousser leurs salariés disposant de voitures de fonction ou de service à ne pas dépasser cette vitesse ? Vont-ils les y inciter à coups de primes dictées par leur consommation ? Dans le cas de Blablacar, le problème est plus vaste encore puisque les adhérents de la plateforme sont libres de conduire à la vitesse qu'ils souhaitent.
Un autre argument est également primordial dans le cadre de ces entreprises ou le temps c'est de l'argent : c'est celui des minutes perdues en roulant moins vite, et qui seraient de l'ordre de 8 à 9 par heure de conduite. Nos patrons sont visiblement prêts à sacrifier ce temps précieux. "Au pire, nous allongeons de quelques minutes la durée de nos trajets, ce qui n'est pas grand-chose au regard des heures passées sur nos écrans ou de l'urgence à réduire nos émissions."
Reste que cette initiative ravive un débat que les politiques, Emmanuel Macron en tête, tendent à enterrer de peur de raviver des rancœurs déjà suffisamment vivaces. Mais les récentes pénuries de carburant, ajoutées aux hausses attendues du prix de l'énergie et à l'émergence des voitures électriques dont la consommation à 130 km / h est dissuasive, risque d'accélérer le débat sur les 110 km / h. Une accélération qui serait un comble pour une mesure de ralentissement.
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