Le prix de l'assurance auto augmente. Et ce n’est pas fini !
Au premier trimestre, les primes des assurances automobile se sont envolées. Et cela n’est pas près de s’arrêter. Explications.
Les tarifs des assurances voitures ont augmenté de 4 % ce premier trimestre 2024. En moyenne, chaque automobiliste débourse désormais 676 € par an, contre 651 € sur la même période 2023, et 630 € en 2022. Soit une inflation de 7,3 % en deux ans.
L’Inflation des coûts de réparation, la hausse des sinistres, les aléas climatiques, la recrudescence des vols et du vandalisme, mais aussi le développement des modèles électriques, très onéreux à réparer, et la hausse de différentes taxes, sont les ingrédients principaux de ce parfait cocktail inflationniste. Et ce n’est pas près de s’arrêter comme nous l’explique Olivier Moustacakis, co-fondateur du comparatif d’assurances en ligne, Assurland.
La hausse des sinistres
" Cette hausse des primes résulte de plusieurs facteurs. D’abord, il y a la recrudescence des vols de voitures de 4 % au premier trimestre 2024 et de 11 % sur l’ensemble de l’année 2023. La multiplication des intempéries climatiques (inondation, grêle, etc.) cet hiver et ce printemps a également été un facteur aggravant. À la suite des violences urbaines de l’été 2023 (suite à la mort de Nahel Mezrouk NDLR) le nombre de véhicules économiquement irréparables s’est accru de +26,5 %. Par ailleurs, en ce début d’année, nous déplorons une progression de 4 % du nombre de blessés graves sur les routes. Dans ce dernier cas, les assureurs sont obligés de provisionner les futures dépenses (handicap, incapacité de travail, aménagement du logement…). Tout cela se chiffre en millions d’euros et se répercute donc sur la prime d’assurance des automobilistes. "
Le coût des pièces détachées
" Depuis le début de l’année, le coût des pièces détachées a augmenté de près de 9 % (8,78 % source SRA NDLR). Normalement un garagiste à une obligation de proposer au client un devis avec des PIEC (Pièce Issue de l'Economie Circulaire), c’est-à-dire une pièce de réemploi dotée des mêmes exigences qu’un modèle neuf. Or, la DGCCRF l’a constaté¹, les garagistes ne jouent pas le jeu. Nous avons également remarqué des pratiques commerciales peu vertueuses. Notamment en ce qui concerne les pare-brise. Certains opérateurs multiplient les promos et offrent même des cadeaux (trottinette, Tv, console de jeux...) afin d’inciter l’automobiliste à changer son pare-brise au lieu de le réparer quand cela est possible.
Ainsi le coût des paniers des pare-brise a augmenté de 9,71 % sur 12 mois glissants. Derrière, ça fait augmenter la facture d'indemnisation. Et in fine cela se répercute sur la facture d'assurance des automobilistes. "
Les fortes taxes
" La TSCA (taxe spéciale sur les conventions d’assurance) est une taxe sur la prime d’assurance auto. Son montant est de 33 % sur le tarif de la garantie RC (responsabilité civile) et de 18 % sur le tarif des autres garanties. Jusqu’en 2023 tout possesseur de véhicule électrique bénéficiait d’une exonération totale de TSCA sur la première année d’assurance. Cela permet d’abaisser le prix de l’assurance automobile d’environ 25 % pour les contrats au tiers et de 15 % en tous risques. En 2024 l’exonération est devenue partielle et a diminué à 75 %. Cela contribue également à faire gonfler la facture de la prime d’assurance pour l’automobiliste. Le risque est de voir cette exonération disparaître puisque mise en place « temporairement » par le gouvernement.
Taxe catastrophe naturelle. Cette cotisation (de solidarité nationale) est prélevée sur les contrats d’assurance auto tous risques, indépendamment de votre exposition aux catastrophes naturelles. Au 1er janvier 2025, celle-ci va passer de 6 % à 9 %. "
L’irréparabilité des BEV
" Les véhicules électriques participent également à l’inflation de la prime d’assurance. D’abord parce qu’ils sont plus chers à réparer que les thermiques. L'association Sécurité et réparations automobiles (SRA) estime le surcoût à 15 %. Ensuite, parce qu’ils sont moins réparables. À la suite d’un accident énormément de véhicules électriques sont déclarés irréparables par les assureurs. (L’association HOP² parle même de « voitures jetables » NDLR).
En cause l’accessibilité des modules de batterie et la fabrication en giga-casting qui consiste à mouler de très grands éléments du châssis et/ou de la carrosserie. (« Au moindre choc, il faudra remplacer une partie si importante de la voiture qu’il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse », s'inquiète HOP, NDLR).
Et si demain on parvient à améliorer la réparabilité de ces voitures, cela requiert énormément d’équipement, de logistique, de normes de manipulations, de qualifications du personnel, que les coûts de réparation sur ce type de voiture ne peuvent qu’augmenter. L’emploi des structures en aluminium joue aussi. Tous ces éléments viennent plaider en faveur d’une hausse des tarifs sur le court et moyen terme. "
1 Source : Ensemble des expertises des sinistres de vandalisme, d’incendies volontaires les VP et VUL <3,5T / Association SRA
2 DGCCRF, Entretien et réparation automobile : les garagistes négligent encore trop souvent l’information du consommateur
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