Pourquoi le diesel sera bientôt aussi cher que l'essence à la pompe ?
Face à la forte demande et à la pénurie d'offre, le prix du diesel pourrait rattraper celui de l'essence E10. Une situation inédite depuis 2018 et la crise des gilets jaunes.

Le diesel au prix de l'essence. La dernière fois que cela est arrivé, en 2018 la France s'est embrasée. Aujourd’hui l'écart tarifaire entre les deux carburants s'amenuise de semaines en semaines. Alors que le litre d'essence augmentait de 0,29 €/l ce dernier mois, celui du gazole s'appréciait de 0,38 €/l à la pompe.
Début août, le gazole s’affichait en moyenne à 1,65 €/l, contre 1,68 €/l pour le SP95-E10. Un écart de 3 centimes seulement, contre 15 centimes un an plus tôt. Soit à peine 1 € de moins sur un plein de 50 litres.
Une dépendance coûteuse aux importations
Contrairement à l’essence, dont la quasi-totalité de la consommation est raffinée en France, la moitié du diesel utilisée dans l'Hexagone est importée. Avant la guerre avec l’Ukraine et la mise en place de l’embargo européen, la Russie fournissait à elle seule 27 % du gazole français. Depuis, la France a dû se tourner vers le Moyen-Orient, les États-Unis, ou encore l’Inde et la Turquie pour ses approvisionnements. Résultat : le diesel arrive de plus loin, avec des coûts logistiques plus élevés, dans un contexte d’offre limitée sur un marché sous tension
Un marché mondial en tension
« Les stocks en Europe sont au plus bas depuis 18 mois » rapporte le quotidien les Échos. En juillet 2025, les réserves de gasoil détenues dans des dépôts de l’ARA (Amsterdam, Rotterdam et Anvers), les trois principaux terminaux européens, ont baissé de 8 % par rapport au mois précédent. Soit l'équivalent de 152 000 barils importés en moins chaque jour. La faute à un marché mondial sous tension. « Les stocks combinés de diesel (États‑Unis, Europe et Singapour) sont actuellement d'environ 20 % inférieurs à leur moyenne décennale », rapporte l'agence Reuters.
Un paradoxe français
La part de véhicules diesel neufs immatriculé ne cesse de chuter (- 41 % en un an) pour atteindre une part de marché de 5 % environ. Paradoxalement, plus de la moitié du parc automobile national (50,7 % des véhicules en 2024 contre 63,9 % en 2016) roule encore au gasoil. D’où le maintien d’une demande élevée pour ce type de carburant.
Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, le confirmait récemment : « Le prix du diesel va rester élevé. » La combinaison d’une offre restreinte, de coûts d’importation en hausse, et d’un appareil de raffinage européen vieillissant rend le marché du diesel structurellement plus fragile. D'autant que la fiscalité n’avantage plus vraiment le diesel.
Un écart fiscal de plus en plus mince
La TICPE (taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques) est actuellement de 0,60 €/l pour le gazole contre 0,68 €/l pour l’essence. soit 8 petits centimes d'écart, bien loin des 20 centimes en faveur du gasoil de 2014. Sauf retournement brutal des marchés, le diesel pourrait bien de nouveau s’aligner durablement sur le prix de l’essence.
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